Bourse & Finances

Tous les articles

Ce qu’il faut savoir sur le lancement du paiement mobile

Ce qu’il faut savoir sur le lancement du paiement mobile

Abderrahim Bouazza (au centre), Directeur général de Bank Al-Maghrib


 

Le Maroc lance sa solution nationale de paiement mobile.

Inclusion financière et lutte contre la circulation du cash en trame de fond.

 

Près de 2 ans de travail ont été nécessaires pour arriver à cette solution nationale de paiement mobile. Une solution entièrement interopérable, c’est-à-dire qu’elle relie l’ensemble des établissements concernés. C’est une singularité mondiale, puisque les pays qui ont adopté ce type de solutions opèrent avec plusieurs boucles restreintes. Au Maroc, une seule boucle, un seul Switch (développé à l’occasion par HPS) permettra de faire tourner ce nouveau moyen de paiement.

 

Comment ça marche

Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) sont à l’origine du projet qui a été développé en coordination avec l’ensemble des acteurs concernés, notamment les banques, les établissements de paiement, les opérateurs télécoms et HPS Switch.

Ce nouveau moyen de paiement par téléphone mobile, appelé «m-wallet», permettra le transfert d’argent de personne à personne (P2P),  les opérations de paiement commerçant, le retrait (Cash out) et dépôt d’espèces (Cash in).

Le détenteur d’un «m-wallet» réalise ces opérations en renseignant le numéro de téléphone du bénéficiaire, lui même devant être détenteur d’un m-wallet et ce, quel que soit l’établissement qui tient le compte de ce bénéficiaire. Le numéro de téléphone devient l’élément d’identification et les opérations se font en instantané, en temps réel.

 

Inclusion financière et chasse au cash

Bank Al-Maghrib ne s’en cache pas depuis le lancement du projet. L’un des objectifs centraux du dispositif est la réduction de la quantité de cash en circulation pour le canaliser le plus possible vers le financement de l’économie, et de manière générale vers le circuit formel.

Au Maroc, 5,5 opérations de paiement par monnaie scripturale sont réalisées par an et par individu, contre 46,1 en Turquie et 79 au Brésil. Un autre chiffre pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène : 82% des opérations par carte ont pour but de retirer du cash.

Au-delà de la chasse au cash, c’est aussi l’inclusion financière qui est recherchée, d’autant plus que cette solution peut être utilisée comme porte d’entrée pour les mécanismes d’aide directe. Pour cela, l’intervention de l’ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications) s’impose comme une évidence, d’où le rôle qu’elle a joué dans le chantier du «m-wallet»

 

400 Mds de dirhams de cash à traquer

Selon les études menées par la Banque centrale, 400 Mds de dirhams de flux potentiels de cash pourraient être adressés au paiement mobile, dont 290 Mds de DH en provenance des paiements dématérialisés déjà mâtures (pensions de retraite, commerces classiques, recharges télécoms, etc.).

L’inclusion financière rurale aurait, quant à elle, un potentiel de 110 Mds de dirhams à travers les transferts notamment, alors que le reste serait représenté par la digitalisation des paiements.

 

Sécurité accrue

Les travaux de mise en place de cette nouvelle solution de paiement, qui ont été menés en concertation avec les acteurs concernés pendant près de deux ans, ont permis d’arrêter un ensemble de règles de place nécessaires à son bon fonctionnement.

Bank Al-Maghrib a édicté, à cet effet, une décision réglementaire qui prescrit également des mesures concernant la protection des usagers de cet instrument de paiement. Il s’agit de respecter les standards internationaux en matière de transaction. Rappelons également que le Switch est géré par HPS, qui a accumulé l’expérience en la matière et s’engage sur un taux de disponibilité de 99,99%.

 

Des règles de place

Les opérateurs ont mis en place des règles communes et nécessaires à la cohérence globale de l’offre et à une concurrence équitable entre les acteurs. Il s’agit, entre autres, de 5 services gratuits que sont la souscription au «m-wallet», la recharge en espèces, les paiements commerçant pour le payeur (hors paiement de facture), la consultation de solde et la résiliation. Tous ces produits seront gratuits chez l’ensemble des opérateurs.

Une grille de coûts sera respectée pour les autres services et les commissions d’interchange seront plafonnées. En dehors des règles de place, chaque acteur gardera la liberté de positionner son offre comme il le souhaite et de l’enrichir des services complémentaires de son choix.

 

Des impacts conditionnés par la vulgarisation

Bank Al-Maghrib estime à 6 millions le potentiel d’utilisateurs au bout de 5 ans, soit en 2024. Le nombre de transactions devrait, lui, atteindre 1,3 Md selon les estimations. Mais pour atteindre ces objectifs, les opérateurs et les régulateurs devront fournir un grand effort de vulgarisation auprès des populations cibles, notamment les commerçants qui sont la plaque tournante du modèle et qui permettront, par leur engagement, d’endiguer le phénomène de circulation du cash.

Pour cela, des mesures fiscales devront accompagner la solution. Il s’agit notamment de la suppression des droits pour cette partie des utilisateurs, des mesures que devront apporter les futures Loi de Finances. C’est du moins ce qu’espère la Banque centrale. ■

 

Par A.H

 


Démarrage fin novembre

La solution est prête et son démarrage est prévu pour fin novembre. En plus des 6 opérateurs présentés en début d’année, 5 autres ont sollicité des agréments, dont des filiales des 3 opérateurs télécoms (IAM Cash, Wana Money et Orange Money Maroc).

Sur ce total de 11 établissements, 8 feront partie de la première salve.

Cet engouement montre que, derrière la mission d’inclusion financière, se cache un réel intérêt stratégique pour les opérateurs.


 

 

 

                                                                                 

 

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux