■ Le marché financier marocain opère dans un contexte semblable à celui de l’année écoulée.
■ L’opacité de la situation actuelle divise les opinions des opérateurs entre pessimistes et optimistes.
L’année 2012 démarre en douceur pour le marché financier marocain. Avec une performance annuelle en date du 10 janvier de 0,58% pour le baromètre général du marché, on peut affirmer que l’activité commence sous de bons auspices, du moins côté performance. Le Madex a atteint à cette date une variation de 0,55%. Mais, pour ce qui est du volume, ce dernier ne veut décidément pas s’activer, avoisinant les 30 MDH. Supposons que les 17 sociétés de Bourse de la place réalisent un volume égal en fin de séance, un petit calcul permettrait de conclure que ces dernières ne réalisent même pas 2 MDH par jour. C’est à se demander quand prendra fin la période des vaches maigres !
L’année a connu, certes, un début encourageant avec la cotation d’Afric Industries. Sursouscrite 6 fois et réalisant dès sa cotation un saut de 10% de son prix de lancement sur le marché secondaire, la société est actuellement à 8,33% de performance annuelle, atteignant un cours de 260 DH. Ceci dit, la société étant de petite taille n’a pas réussi à tirer le marché vers le haut et à lui rendre le souffle qui lui manque. Le revers de la médaille : HPS a publié à quelques semaines de l’annonce des résultats annuels un profit warning sur le résultat d’exploitation de 25 MDH.
Durant l’année écoulée, le marché était négativement influencé par l’annonce de mauvaises nouvelles, tant sur le plan national, régional qu’international. Le contraire n’est pas automatiquement vrai. En effet, ni la publication des résultats, aussi bons soient-ils, n’a eu d’effets sur la variation des cours des sociétés cotées en question ou même de l’indice général du marché, ni même l’annonce d’informations importantes non régulières. On a tendance à affirmer que l’information, surtout la positive, est consommée entièrement dans les cours bien avant sa publication. Est-ce vraiment le cas ou est-ce le marché qui ne réagit plus ? En tous cas, cette année est appréhendée différemment par les intervenants du marché. Les avis divergent. Tous les scénarios sont prévus. Entre stagnation, dégradation et légère amélioration, on trouve de tout.
Les analystes de la place ne savent plus où donner de la tête. L’incertitude de l’évolution du contexte national qui est fortement dépendant du redressement de la situation étrangère, notamment européenne, ne joue pas en faveur de la sortie de notes de valorisation des valeurs. Les conseillers en investissement et les traders préfèrent sortir la carte de l’attentisme ou même avertir, plutôt que de donner de mauvais conseils de placement. Le bout du tunnel est envahi de brouillard pour nombre d’entre eux. Les investisseurs, quant à eux, sont en stand by. Conseillés par les professionnels, ils attendent un signal fort du marché, notamment une grosse introduction en Bourse pour pouvoir se positionner une nouvelle fois sur les valeurs intéressantes ou à fort potentiel de développement.
Selon un trader de la place, «l’année 2012 sera plus catastrophique que celle passée. Encore faut-il que la situation économique mondiale s’arrange pour pouvoir espérer un redressement léger au niveau national». Allant dans le même sens, un analyste du marché envisage l’absence d’un grand changement par rapport à l’année précédente. «La situation est la même, il n’existe aucun signe de reprise, il n’y a pas de base pour prétendre une reprise, dans le court terme du moins».
Khalid Ayouch, Administrateur Directeur Général de Six Telekurs Mena ne fait plus confiance au jeu de pronostics. Selon lui, «l’exercice de prédiction n’a pas beaucoup de sens de nos jours. Les plus pessimistes ne s’attendent pas à un retour sur un terrain positif sur les marchés européens avant quelques années. J’espère que le Maroc saura profiter de son marché intérieur pour porter sa croissance». Il compte plutôt sur «des signes tangibles et des mesures concrètes» afin de voir le pays et, partant, son marché évoluer.
Par contre, Youssef Benkirane, président de l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse, est largement optimiste quant à l’évolution future de la place casablancaise. Il nourrit un espoir grandissant dans les autorités compétentes pour l’institution des réglementations et des réformes nécessaires en vue de voir le marché financier marocain épanoui. «Il faut rester optimiste. Je pense qu’on ne peut pas connaître une année plus mauvaise que 2011. Cette année sera meilleure côté volume, performance, nombre d’introductions en Bourse… », assure-t-il. ■
Ibtissam Benchanna Le Maroc…à ne pas mettre dans le même panier que les pays voisinsLe paysage économique et financier demeure toujours embrouillé. Cette situation est d’autant plus accentuée par le fait que les investisseurs mettent tous les pays du Maghreb Arabe dans le même panier des turbulences politiques, instabilités sociales, montée de l’islamisme extrémiste… ce qui accroît leur appréhension négative quant à la prise de risque pour le placement de leur argent dans les pays de cette zone, et partant, le Maroc. Pour ce faire, un effort de communication et de sensibilisation est à mettre en pratique en vue de communiquer correctement sur la réalité de l’économie marocaine qui demeure cependant meilleure que ses concurrentes, toute chose étant égale par ailleurs.
Alors que la Bourse de Casablanca a réalisé au terme de l’année passée -12,86% de performance annuelle, la Bourse du Caire s’est creusée de près de 50% et celle d’Ankara de 22,33%.