En 2016, le marché actions n'a pas eu droit à un rallye de fin d'année. Et pour cause, il y a eu des mouvements de rachats de la part des investisseurs institutionnels sur les actions, amplifiés par la défiance qui s'est accentuée sur le secteur immobilier et la valeur Addoha.
Le marché s'est en effet montré sceptique sur l'après Plan génération cash (PGC); ce plan lancé par le promoteur pour réduire son endettement et augmenter ses capacités à générer du cash et qui arrivait à maturité fin 2017, dans un contexte difficile pour le secteur. «Qu'allait pouvoir présenter Addoha de mieux que le PGC ?», est la question qui tourmentait les traders et alimentait leurs craintes et la baisse du cours de Bourse.
L'après PGC, le «PC2020», pour «Priorité au cash 2020», a été finalement présenté lors des premières séances de 2018. Il s'articule autour de 8 axes majeurs où le groupe s'est montré plutôt réaliste. Sans surprises, ce plan donne la priorité à la préservation des fondamentaux financiers et à l'expansion, à travers notamment de nouveaux relais de croissance que sont le moyen standing au Maroc et les projets en Afrique subsaharienne.
Ce réalisme, couplé à l'effet d'annonce, a propulsé le cours de Bourse par la suite, entraînant même les autres valeurs du secteur par des effets psychologiques bien connus. Au final, c'est toute la cote qui en a profité. Après tout, ne dit-on pas que lorsque l'immobilier va, tout va ?
Les analystes confiants
Les mouvements spéculatifs sur le secteur ont été par la suite renforcés par des recommandations d'analystes. Ceux de la société de Bourse MSIN ont salué ce plan stratégique. Ils estiment en effet dans une note que le cours cible de la valeur ressort à 45 DH contre un cours de clôture de 36,5 DH au 5 janvier, soit une décote de 23,24%. Ils recommandent ainsi d'acheter le titre, et ce malgré une anticipation de bénéfices en baisse pour l'année 2017.
Néanmoins, 2018 et 2019 seraient des années de reprise où le promoteur devrait réaliser des RNPG légèrement au-dessus de 1 Md de dirhams, après 951 MDH en 2017.
Les analystes de MSIN ont également analysé Résidences Dar Saada (RDS). Pour eux, l'action bénéficie d'une décote de 37,79% par rapport à son cours en Bourse du 5 janvier. Ils la valorisent à 212,2 DH et recommandent l'achat du dossier. «Une recommandation justifiée par les fondamentaux solides de la société, mais également par son positionnement dans le nouveau segment de moyen standing et standing supérieur», indiquent-ils.
Les analystes anticipent une hausse du RNPG dès 2017, passant de 468 à 551 MDH. Mais c'est surtout le dividende par action qui devrait fortement grimper après une année 2016 de vaches maigres où le management a difficilement lâché 3,26 DH/ action.
Le dividende devrait en effet monter à 8,6 DH cette année. Les analystes mettent en avant le lancement et la réussite d'une opération de titrisation qui aura un impact réel sur le cash disponible.
Ces recommandations ont à leur tour apporté de la volatilité sur le marché actions, qui manque cruellement de catalyseurs en ce début d'année. ■
Immobilier : Il faudra attendre 2019 pour une véritable reprise
De l'avis du management du Groupe Addoha, la baisse de la demande en 2016 et 2017 devrait se poursuivre en 2018, en raison du contexte économique et sectoriel. C'est ce qui a été indiqué en substance dans le nouveau plan stratégique du groupe. Et d'indiquer que cette conjoncture qui dure depuis quelques années, et qui impacte principalement le segment économique, entraîne un ralentissement des mises en chantier et de la production. Néanmoins, note le groupe, «des signaux de reprise pourraient se faire sentir à partir de 2019. Le secteur devrait à nouveau profiter de ses solides fondamentaux». Il s'agit, selon le groupe, de la croissance démographique et l'élargissement de la classe moyenne, la poursuite de la progression et l'urbanisation, ainsi que le déficit structurel en logement au Maroc, en particulier dans les grandes villes.
Notons que le gouvernement s'est engagé à réaliser près de 800.000 logements d'ici 2021 pour réduire le déficit de logement de 50%. Tiendra-t-il parole ? ■
A. Hlimi