◆ Alors que les inquiétudes persistent autour de la crise sanitaire et de son issue, les cours de l’or et de l’argent volent de record en record, profitant aux minières cotées à la Bourse de Casablanca.
Par Y. Seddik
Valeur refuge sans conteste, le métal jaune cote sur des plus hauts de 10 ans. Il traitait la semaine du 25 juillet à plus de 1.888 dollars l’once, et se rapproche à vive allure de ses records historiques. Son record historique à 1.921,18 dollars avait été atteint en septembre 2011.
A l’image de son «cousin», l’argent profite aussi des plans de relance et de l’incertitude économique. Les cours de l'argent pointaient autour des 23 dollars sur la même période, soit des plus hauts de 2013.
En temps incertains, les investisseurs sont naturellement en quête de valeurs refuges. La résurgence d’une nouvelle vague de contamination dans plusieurs pays a aussi été de nature à favoriser la demande sur les métaux précieux.
Autres facteurs explicatifs : l'excès de liquidités sur les marchés financiers, lié aux politiques expansionnistes de Banques centrales, les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis ou encore la baisse des rendements obligataires.
Managem et SMI en rattrapage
Sur le marché actions marocain, cette envolée a réconforté la position des deux minières : Managem, et sa filiale SMI. La première, malmenée durant la période de crise, a pu effacer ses pertes revenant sur ses niveaux d’avant Covid-19. Depuis son point bas de début avril à 395 DH, l’action gagne plus de 115%. Elle cotait à 870 DH vendredi 24 juillet en clôture.
Managem, première capitalisation du secteur, a, rappelons-le, augmenté ses revenus de 15% au 1er trimestre. Cette progression s’explique principalement par l’amélioration des performances opérationnelles, en particulier au Soudan, dans un contexte favorable de hausse des cours de l’or.
La production de l’or est en hausse de +36% (grâce au démarrage de la nouvelle unité Industrielle). SMI, qui draine des volumes moins importants, a engrangé 25% de gains en moins de 2 semaines. Elle aussi a amélioré son chiffre d’affaires de 3% au 1er trimestre, grâce notamment à la contribution de la production provenant de la nouvelle usine de traitement des rejets de la digue. En YTD, elles affichent des performances respectives de 2,35% et 25,26% contre une baisse de 16% pour le Masi.
Une tendance haussière soutenue par des facteurs crédibles
Pour Attijari Global Research, 3 arguments soutiennent le scénario de démarrage d’un nouveau «super cycle» haussier profitant surtout au métal gris : premièrement, la baisse tendancielle de l’offre minière de l’argent en lien avec le faible rythme de découvertes des nouveaux gisements et le rehaussement structurel des cashcost.
Ensuite, la forte augmentation de la demande des ETF en argent papier, creusant l’écart entre des volumes des contrats financiers détenus par ces véhicules de placement et l’offre physique.
Cette situation devrait à terme renchérir la valeur de l’argent. Et enfin, l’appréciation de l’or durant la période 2019- 2020 a relevé le ratio or/ argent à des niveaux difficilement soutenables. Celui-ci avait dépassé les 100 en juin dernier contre une moyenne normative de 65 observée au cours des deux dernières décennies.
Ils expliquent par ailleurs que «l’argent est techniquement en mesure de surperformer largement l’or en période de hausse des métaux précieux, compte tenu d’un niveau de volatilité nettement plus élevé. Au cours des 5 dernières années, la volatilité de l’argent est de 22,0% contre seulement 13,0% pour l’or».