La révolution annoncée de la blockchain imposera de nouveaux défis à surmonter et de nouvelles opportunités qui ne doivent pas passer sous le nez des opérateurs avertis. Force est de constater que la blockchain au Maroc reste encore au stade de concept et de veille. Ainsi, avant de se lancer dans cette technologie, les opérateurs du marché doivent appréhender les possibilités qu’offre cette innovation pour le développement des entreprises et des administrations, ainsi que ses limites.
La blockchain fascine et inquiète à la fois. Plusieurs opérateurs vont jusqu’à dire que c’est une technologie à même de remplacer les institutions financières. On imagine aisément l'inquiétude de ces dernières qui voient donc la blockchain comme la lame de fond qui risquerait de tout emporter.
Guillaume Buffet, CEO de l’agence U, n’a pas manqué de le souligner : «La promesse affichée autour de la blockchain et qui veut tout révolutionner, peut inspirer la crainte auprès des investisseurs, c'est vrai. Comme toute technologie de rupture, la blockchain crée de l’inquiétude. Il y a plus de vingt ans, les gens avaient peur d’Internet, aujourd’hui ils ne peuvent pas s’en passer».
Pour Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, «la blockchain aujourd’hui n’a pas bonne presse. En cause, l’anonymat. Dès lors, de nouveaux enjeux juridiques apparaissent, notamment la question de la responsabilité».
Et d’ajouter : «Dans notre pays, nous avons une certaine sensibilité à ce sujet. Cela nous rappelle la nécessité d'instaurer un nouveau cadre règlementaire adapté à cette nouvelle donne technologique. L’Etat est un acteur incontournable dans cette transition».
Frédéric Forster, autre spécialiste du domaine juridique (avocat), explique qu’il faut attendre d’avoir une meilleure visibilité sur les applications qui vont être développées par cette technologie pour légiférer. «Cette réglementation devant cibler les applications plutôt que la technologie elle-même», précise-t-il. «En outre, les aspects transnationaux de ce type d’activités peuvent entrer en conflit avec des règles souvent nationales pour chaque pays. Un équilibre reste à trouver», ajoute-t-il.
L’une des applications concrètes de la technologie blockchain porte sur les transactions financières simplifiées grâce à des bases de données partagées et ultra-sécurisées, à l'origine du bitcoin. Ces technologies intéressent particulièrement les banques marocaines.
«La banque doit s’assurer de la relation entre le cyber-espace de cette technologie et le monde réel. Dans ce sens, la banque n’est pas intermédiaire, mais partie prenante dans cet ecosytème», souligne Ahmed Rahhou.
La blockchain a le potentiel de bouleverser le secteur bancaire en réinventant les systèmes traditionnels de paiements interbancaires. Elle offre de nombreuses solutions pour remplacer les mécanismes actuels de transactions financières qui nécessitent l’intervention de plusieurs intermédiaires.
«Nous pouvons parfaitement développer aujourd’hui un écosystème de blockchain de transactions interbancaires», conclut le PDG de CIH Bank. ■
Y. Seddik