Les banques participatives poursuivent leur croissance à deux chiffres.
La mobilisation de l’épargne, talon d’Achille du secteur.
Finances News a sondé les plus importants acteurs du secteur.
Par A. Hlimi
Les banques participatives poursuivent leur croissance insolente qui termine 2021 sur un nouveau bond à deux chiffres. Le secteur est toujours tiré par le financement destiné à l'habitat, sous forme notamment de Mourabaha immobilière, qui a poursuivi sa progression à fin octobre, avec une hausse de 49%, selon les chiffres publiés par Bank Al-Maghrib (BAM) en octobre. Ainsi, il s’est établi à 15,3 milliards de DH, après 10,2 milliards de DH une année auparavant, en hausse de 49%. Ce type de financement reste très prisé, bien que le Takaful ait fait défaut depuis le lancement de la finance participative.
Maintenant que les compagnies Takaful s’apprêtent à démarrer leur activité, les banquiers se sentent plus rassurés (voir pages 40/41/42). De façon générale, les financements accordés par les banques participatives ont augmenté, en glissement annuel, de 50% à plus de 18,51 milliards de DH en octobre 2021, selon Bank Al-Maghrib. Ces financements se répartissent donc sur l'immobilier (15,71 milliards de DH), la consommation (1,13 milliard de DH), l'équipement (1,53 milliard de DH) et la trésorerie (35 MDH). Parallèlement, les engagements des banques participatives ont dépassé 6,44 milliards de DH auprès des banques, et ce sous forme principalement de refinancement à travers le produit de «Wakala bil Istithmar» et de dépôts à vue reçus des banques mères. Les comptes chèques et comptes courants ont, quant à eux, grimpé de 41,9% à plus de 5,02 milliards de DH, alors que les dépôts d'investissement ont atteint près de 1,6 milliard de DH.
Faible mobilisation de l’épargne
Si les financements sont en surchauffe, ce n’est pas le cas des dépôts que le secteur n’arrive toujours pas à drainer suffisamment. Dans ce sens, les banques participatives marocaines sont appelées à faire des efforts plus soutenus dans la mobilisation de l’épargne, notamment par la proposition d’une offre de services de «la banque au quotidien»
Il faut dire que les banques participatives souffrent encore d’un déséquilibre de gestion bilancielle important dû à plusieurs facteurs, notamment un niveau de dépôts trop faible par rapport aux encours. Ce phénomène menace la rentabilité de ces institutions dont le modèle d’affaires repose structurellement sur un niveau important de ressources gratuites, tout comme dans le secteur bancaire conventionnel.
Les experts estiment que ce déséquilibre bilanciel est exacerbé par une très grande concentration du portefeuille des financements dans l’immobilier, dont les durations sont typiquement longues (à plus de 10 ans) face à des ressources de courtes maturités et une quasi-absence d’instruments de refinancement à des maturités plus longues, type Sukuk. «À ce titre, un recentrage vers des segments tels que les professions libérales et les TPME, dont les financements sont caractérisés par des durations plus courtes, constitue une voie qui semble offrir un rééquilibrage possible de la gestion actif passif des banques participatives», estime l'institut Finéopolis.
Par ailleurs, certains professionnels pensent que le secteur bancaire participatif fera vraisemblablement face dans les prochains mois à sa première vague d’impayés, compte tenu de l’aggravation de la situation économique et de la progression sans précédent des taux de créances en souffrance dans l’ensemble du secteur bancaire. Mais les interviews qui suivent révèlent que le secteur s’est montré globalement résilient, à l’image du conventionnel.
Le premier audit de conformité Charia du secteur en 2022