Le coefficient d’exploitation des 6 banques cotées s’est dégradé de 2 points en 2015 par rapport à 2014, et s’établit à près de 53,2%. La faible progression du PNB global explique en partie ce recul. Du côté de la rentabilité des fonds propres, le RoE global des banques de la corbeille casablancaise se stabilise autour de 7,4%. Attijariwafa bank reste la banque la plus rentable.
Les banques marocaines cotées ont globalement affiché une belle santé financière en 2015. La montée des risques et un environnement économique peu porteur n’ont pas eu rai-son de leur capacité à déga-ger des profits, faisant preuve d’une résilience certaine. Ainsi, en dépit d’une faible crois-sance des revenus en 2015 (le produit net bancaire global des banques cotées a cru de seulement 0,9% par rapport à 2014 à 53,24 milliards de DH), et malgré un recul du résultat d’exploitation total de 1,1%, les 6 banques cotées sont parve-nues à dégager des profits en hausse de 5% à près de 10,1 milliards de DH. Mais qu’en est-il de leur rentabilité ? Pour le savoir, nous avons comparé certains ratios qui mesurent la rentabilité opérationnelle et financière de ces banques : le coefficient d’exploitation, d’une part, et la rentabilité des capi-taux propres, communément appelé RoE (Return on Equity), d’autre part. Difficile d’améliorer l’efficacité opérationnelle quand le PNB progresse si peu. Le coeffi-cient d’exploitation (charges générales d’exploitation rappor-tées au PNB) montre, de façon synthétique, la part des gains réalisés sur les activités de la banque qui est absorbée par les coûts fixes. Il s’agit d’un ratio fondamental qui nous renseigne sur la capacité d’une banque à limiter ses charges tout en poursuivant son développe-ment et l’augmentation de ses revenus. En d’autres termes, il mesure l’efficacité d’exploita-tion de la banque. Plus ce coef-ficient est faible, plus la banque est rentable du point de vue opérationnelle. Globalement, le coefficient d’exploitation consolidé du secteur bancaire coté s’est légèrement détérioré cette année. Il est passé de 51,26% en moyenne en 2014 à 53,18%, soit une dégradation de près de 2 points. Ce recul est attribuable au ralentissement de la hausse du PNB. Dans le même temps, les charges ne se sont pas envolées dans la mesure où le rythme d’ouver-ture des agences a ralenti en 2015 par rapport aux années précédentes. Attijariwafa bank continue de présenter le meilleur coefficient d’exploitation consolidé de la place. Il s’établit à fin 2015 à 46,4%, contre 43,7% l’année précédente, soit une légère détérioration de 2,6 points. Rappelons qu’au titre de l’an-née 2015, Attijariwafa bank a enregistré une baisse de son PNB consolidé de 2,3%. La filiale bancaire de la SNI a éga-lement procédé à l’ouverture de 60 agences. C’est la BMCI qui affiche le deuxième meil-leur coefficient d’exploitation parmi les banques cotées. Il est de 48,6% en 2015, quasi-ment stable par rapport à 2014, grâce à une bonne maîtrise des charges et une baisse des frais de gestion de 2,1%. Il faut savoir que la filiale maro-caine de BNP Paribas présente historiquement un bon coeffi-cient d’exploitation. Le groupe Banque Populaire enregistre, quant à lui, un coefficient d’ex-ploitation de 48,9% en 2015 au lieu de 46,6% en 2014, ce qui constitue une légère dégradation de ce ratio de 2,3 points. En 2015, la banque au cheval a ouvert 70 nouvelles agences bancaires au Maroc, soit le plus grand nombre d’ou-vertures d’agences de la place. BMCE Bank of Africa affiche un coefficient d’exploitation des plus élevés de 58,7% en 2015 contre 56,5% en 2014. Normal quand on se développe aussi rapidement. Les charges géné-rales d’exploitation ont ainsi connu une hausse de 7% en 2015, alors que le PNB n’a pro-gressé sur la même période que de 2,5%. En 2015, la banque bleue a procédé à l’ouverture de 35 nouvelles agences. Notons enfin que le Crédit du Maroc et CIH Bank présentent des coefficients d’exploitation de respectivement 57% en 2015 (contre 52,8% en 2014) et de 59,5% en 2015 (en stagnation par rapport à 2014).
Qu’en est-il de la rentabilité des fonds propres (RoE) ?
Ce ratio intéresse en premier lieu l’actionnaire et l’investis-seur. Il se calcule en rapportant le résultat net aux fonds propres de la banque. Ainsi, un RoE de 15% signifie que pour 100 dirhams investis, l’investisseur peut réaliser un gain de 15 DH. Selon les données fournies par la Bourse de Casablanca, le RoE sectoriel des banques cotées ressort à 7,38% en 2015, au lieu de 7,65% en 2014. La réglementation prudentielle, qui oblige à augmenter les fonds propres, a eu un léger impact sur ce ratio. Ainsi, pour un même niveau d’activité, une banque doit immobiliser plus de fonds propres, ce qui fait chuter mécaniquement le rendement des capitaux. Attijariwafa bank reste la banque la plus rentable de la place avec un RoE estimé de 10,92% en 2015 au lieu de 10,78% en 2014, selon les chiffres de la Bourse de Casablanca. CIH Bank s’adjuge la deuxième place avec un RoE de 10,38% en 2015, contre 9,84% en 2014. BMCE Bank complète le podium en affi-chant une rentabilité des fonds propres de 8,84% en 2015, contre 9,34% en 2014. Le groupe Banque Populaire pré-sente un RoE de 6,47% en 2015, contre 6,32% en 2014, tandis que la BMCI affiche un ratio de rentabilité de 5,78% en 2015 au lieu de 4,26% en 2014. Le CDM affiche un petit RoE de 1,89% en 2015, contre 5,40% en 2014 à cause du recul important du résultat net, le coût du risque ayant absorbé une partie importante des pro-fits réalisés.
Amine El Kadiri