Le 30 juin dernier, se tenait au siège d'Alliances à Casablanca l'assemblée générale ordinaire des actionnaires. Ambiance plutôt détendue et beaucoup de questions ont été posées. Des institutionnels nous livrent leur compte-rendu.

Du côté d'Alliances, Alami Lazrak, actionnaire majo­ritaire du groupe, fidèle à sa tradition depuis que le groupe est officiellement en difficulté, n'était pas présent à cette assemblée générale. Il faut dire que son nouveau Directeur général, imposé par les autres actionnaires, est devenu le maître à bord. Un compromis qui met tout le monde d'accord et permet ainsi à la société de gagner du temps. Etaient donc pré­sents le nouveau DG Ahmed Ammor, et son équipe. En face, des représentants des investisseurs institutionnels et quelques petits porteurs.

New Money et reprise de l'activité

«Sindibad a été vendu pour 230 MDH». Il a fallu que les actionnaires insistent pour que le management se décide à lâcher enfin ce chiffre. De ce fait, la trésorerie dépasse désormais le milliard de dirhams, dont 300 MDH en provenance de l'actionnaire de référence Alami Lazrak, 635 MDH de New Money en provenance des projets et les 230 MDH de Sindibad. Ceci a permis à Alliances de relancer l'ensemble des projets aussi bien au Maroc qu'en Afrique subsaharienne (principale­ment en Côte d'Ivoire et au Cameroun).

Cela dit, le principal point de discorde qui subsiste entre Alliances et ses créanciers demeure le reliquat du solde de la dette privée d'Alliances qui se chiffre à 2,6 Mds de dirhams. Et sur ce point, selon les dires du management, les négociations sont sur la bonne voie. Une nouvelle proposi­tion d'emprunt obligataire est en cours de préparation pour être soumise aux institution­nels en remplacement du pré­cédent emprunt. Un nouveau businessplan portant sur la période 2016/2018 accom­pagnera cette proposition, cette fois-ci en «évitant les erreurs du passé», expliquait le management lors de cette AGO. Une date : Ammor fait tout pour présenter un projet concret au mois de septembre 2016. Au sein de l'industrie de la gestion d'actifs, on nous a confié que le nouvel emprunt qui sera proposé par Alliances aura une maturité de 10 ans, avec un taux d'intérêt de 4% et une franchise de 2 à 3 ans, toujours en négociation, sur le principal et les intérêts. L'objectif étant de permettre au promoteur de panser ses plaies avant de démarrer le remboursement des dettes.

Par ailleurs, les discussions se poursuivent avec l'Etat pour obtenir un portage par ce dernier du projet Lixus avant de le céder à un opérateur étranger, sans doute du Golfe. L'autre option serait une ces­sion directe à un investisseur étranger.

Les grands projets

Concernant la station Taghazout, Alliances va bâtir en maîtrise d'ouvrage délé­guée (MOD). Cela est beau­coup moins capitalistique car le groupe se retrouve en «prestataire». Idem pour Sindibad : même s'il l'a vendu, Alliances en assurera la maîtrise d'ouvrage. En Côte d'Ivoire, la première tranche du projet développé par Alliances est en phase finale selon le management. Les livraisons démarrent bientôt. Au Cameroun, Alliances est également présente en MOD. «Ca va vite car le pays est en période électorale», a annoncé Ammor.

Selon le management, ces différents projets font que Alliances pèse 2,4 Mds de dirhams d'actifs dans le gol­fique, 7,2 Mds de Dh dans le social et 2,2 Mds de DH dans le résidentiel. L'augmentation de capital annoncée pour le premier trimestre 2016, puis reportée à plusieurs reprises, n'est pas écartée par les diri­geants. «Il serait plus sage de la présenter à nos partenaires lorsque la restructuration aura donné ses fruits. Peut-être en 2017», explique-t-on chez Alliances.

A. Hlimi

Restructuration des dettes : Les détails

Jusqu'à présent, Alliances a réussi à signer au moins 7 protocoles d'accord bancaires portant sur 2,4 Mds de dirhams. Le désendettement représente 1,763 Md de Dh, les reprises d'intérêts 103 MDH et le New Money tiré directement des négociations avec les banques est de 532 MDH.
La phase I de la restructuration de la dette privée est achevée avec un désendettement de 2,1 Mds de dirhams. Le reliquat est en négociation, comme expliqué plus haut.
Enfin, le management a précisé qu'il continue d'acquérir des terrains sur l'axe Casa-Rabat pour des projets à livrer en 2019. Il maintient les objectifs de profitabilité de l'exercice en cours.