- Une kyrielle de barrières empêche les PME d’avoir accès au marché des capitaux.
- Face à la carence de fonds dédiés, l’innovation serait une issue salutaire.
Au Maroc, l’accès des PME au marché des capitaux est loin d’être une chose simple. En effet, des contraintes objectives existent, pour ne citer que les exigences réglementaires et de transparence (obligation de communication). Et ce, d’autant plus que l’opacité de gestion et le manque de structuration caractérisent bon nombre de PME marocaines, qui gagneraient à faire le pari de la cotation. En effet, l’introduction en Bourse permet aux entreprises d’asseoir leur notoriété et de lever plus facilement les fonds nécessaires à leurs activités.
Cela dit, face à la difficulté pour les PME d’accéder aux crédits bancaires, bon nombre d’experts, dont ceux issus des rangs du Fonds monétaire international (FMI), appellent à plus d’innovation sur le marché des capitaux. L’objectif est de répondre aux multiples besoins de financement des entreprises de petite et de taille intermédiaire (facilités de caisse, investissement, expansion, etc.).
Ceci étant rappelé, il est assez paradoxal de constater que dans tous les pays du monde, y compris le Maroc, les PME offrent des rendements plus élevés que les grandes entreprises.
Interrogée par nos soins sur la forme que prendrait l’innovation sur le marché des capitaux dans l’optique de soulager les PME génératrices de richesse et pourvoyeuses d’emplois, Françoise De Donder, déléguée générale de l’Association marocaine des investisseurs en capital (Amic), s’est d’abord employée à dresser un constat qui interpelle.
Carence en véhicules financiers
«Il n’existe pas assez de fonds au Maroc à même d’investir dans des véhicules performants qui injecteront à leur tour de l’argent dans les PME», souligne la déléguée générale de l’Amic.
L’autre handicap a trait à l’inexistence de véhicules légers à même de prendre de petits tickets dans les PME, chose que les investisseurs institutionnels ont plus de mal à faire.
Il est important de rappeler qu’il existe en France l’Observatoire du financement des entreprises par le marché, qui réunit les acteurs de la place financière, dont les associations représentatives des PME. L’entité couvre l’ensemble du spectre des sujets de financement des valeurs moyennes. Cet observatoire a pour objectif la facilitation de l’accès des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI) au financement des marchés de capitaux. Une telle structure fédératrice est encore inexistante au Maroc.
Le capital-investissement à la peine
«Pour le capital-investissement censé favoriser l’accès des PME au financement, du chemin reste encore à faire au Maroc, notamment en matière fiscale et réglementaire», alerte Françoise De Donder. Si la mise en place des Organismes de placement collectif en capital (OPCC), en remplacement des Organismes de placement en capital-risque (OPCR) à travers l’amendement de la loi 41-05, a été bénéfique, par contre, la procédure de création reste encore lourde. Pour cause, les fonds doivent d’abord créer une société anonyme avant de la transformer en OPCC. Ce qui constitue une anomalie de taille en raison de la perte de temps occasionnée.
En matière de capital-amorçage et de capital-risque, l’heure est à la réflexion sur la nécessité d’avoir ou non des véhicules spéciaux pour ce segment du capital-investissement.
Du reste, l’innovation pourrait aller dans le sens de la création de fonds alternatifs à même de mobiliser les ressources de la diaspora marocaine de plus en plus préoccupée par le développement économique et social du pays ainsi que l’essor du tissu entrepreneurial national. «Il faudrait aussi amorcer la réflexion sur la mise en place de véhicules particuliers par région et par secteur», suggère Françoise De Donder. ■
Le Fonds Innov invest va dans le bon sens
Juste quatre mois après son démarrage effectif (fin octobre 2017), difficile de juger de l’efficacité du Fonds Innov invest, fruit d’un partenariat public-privé, doté de 700 MDH. En revanche, une chose est sûre selon l’Amic, l’heure est à la structuration, même si sur les quatre gestionnaires de fonds d’amorçage sélectionnés (Azur innovation, Seaf Morocco Growth Fund, Maroc Numeric
Fund II et Green Innov invest), 1 ou 2 aurait commencé ses activités. Néanmoins, les professionnels sont optimistes quant au succès du Fonds Innov invest, dont les gestionnaires ont été minutieusement sélectionnés. Dans le même ordre d’idées, soulignons que le programme Elite de la Bourse de Casablanca, qui en est à la 4ème cohorte, constitue une réelle avancée. En effet, Elite Maroc, composé au total de 48 entreprises, offre à celles-ci une visibilité auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Ce qui facilite l’accès au financement. La certification «Elite» donne la possibilité aux PME d’intégrer une plateforme digitale visible à plus de 600 investisseurs, 180 fonds d’investissement et une centaine de partenaires d’Elite.
Par M.D