Spécialisée dans la vente de produits technologiques reconditionnés au Maroc, Relab veut tripler ses volumes mensuels de reconditionnement d’ici 2026, tout en évitant plus de 500 tonnes de CO2 cumulées sur trois ans. Entretien avec son Co-CEO, Yassine Essadiq.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Relab s’est donnée pour mission de prolonger la durée de vie des équipements tech et de réduire l’empreinte carbone. Quel rôle entendez-vous jouer dans l’écosystème marocain de l’économie circulaire, et avec quel positionnement comptez-vous faire la différence face aux acteurs déjà présents ?
Yassine Essadiq : Relab ambitionne de devenir l’acteur du reconditionnement technologique au Maroc, en apportant une solution à la fois rigoureuse et accessible aux enjeux de l’économie circulaire. Notre approche se distingue par l’intégration de processus qualité inspirés des standards européens et une chaîne de reconditionnement internalisée, garantissant traçabilité et fiabilité. Contrairement à certains modèles axés sur la revente de produits d’occasion sans certification technique, nous positionnons le reconditionné comme une alternative crédible et garantie, capable de regagner la confiance des consommateurs marocains.
F.N.H. : Comment mesurez-vous concrètement l’impact environnemental de vos activités, et en quoi votre startup s’inscrit-elle dans une dynamique de transition verte au Maroc ?
Y. E. : La contribution environnementale du reconditionnement repose sur des indicateurs précis. Chaque smartphone remis en circulation par Relab permet d’éviter en moyenne 70 kg d’émissions de CO2 et environ 13.000 litres d’eau, soit les ressources mobilisées pour la fabrication d’un appareil neuf. Ces données s’appuient sur des analyses de cycle de vie (ACV) établies par des institutions internationales. Notre modèle favorise ainsi la réduction des déchets électroniques et s’inscrit pleinement dans les objectifs nationaux de transition écologique et de gestion durable des ressources.
F.N.H. : Le financement est souvent un enjeu critique pour les jeunes entreprises à impact. En quoi le programme Boost’In, porté par Impact Lab et Tamwilcom, a-t-il été un levier important pour votre startup ? Et quels sont vos besoins futurs en matière de soutien financier et d’accompagnement ?
Y. E. : Le programme Boost’In a constitué une étape structurante dans notre développement. Il nous a permis d’accélérer la mise en place de notre plateforme, de valider notre chaîne de reconditionnement et de renforcer la cohérence de notre modèle économique. Au-delà du soutien financier, l’accompagnement stratégique dont nous avons bénéficié a contribué à consolider notre vision à moyen terme. Pour accompagner notre croissance, nous ciblons désormais des financements dédiés à l’automatisation partielle de nos processus, ainsi qu’au déploiement de notre réseau de collecte dans les grandes villes du Royaume.
F.N.H. : Vous défendez une approche technologique à la fois locale et durable. Comment cette vision se traduit-elle dans votre modèle économique et vos choix stratégiques ? Et quelle lecture en faites-vous quant à l’évolution de la filière du reconditionnement dans les années à venir ?
Y. E. : Notre stratégie repose sur un modèle intégré et local, à savoir la collecte des appareils, le reconditionnement en interne et la distribution multicanale avec garantie incluse. Ce positionnement nous permet d’assurer la maîtrise de la qualité tout en générant un impact social positif, notamment en matière d’emploi local. Nous anticipons une montée en puissance progressive du reconditionné, notamment chez les jeunes générations, sensibles à la fois aux considérations économiques et environnementales. Le marché marocain présente un fort potentiel de croissance à condition de structurer la filière et de renforcer la sensibilisation.
F.N.H. : Quelles sont aujourd’hui vos ambitions futures, notamment en matière de scalabilité, d’impact environnemental et de maillage territorial ?
Y. E. : Notre feuille de route prévoit une montée en charge significative de notre capacité opérationnelle d’ici 2026, avec pour objectif de tripler nos volumes mensuels de reconditionnement. Parallèlement, nous œuvrons à renforcer notre maillage territorial à travers des partenariats logistiques et institutionnels. Sur le plan environnemental, notre ambition est d’éviter plus de 500 tonnes de CO2 cumulées dans les trois prochaines années. À terme, nous souhaitons contribuer à démocratiser un accès responsable à la technologie, alliant performance, durabilité et inclusion.