27.000 statuts ont d’ores et déjà été octroyés dans le cadre du statut de l’autoentrepreneur. La question qui se pose est de savoir si cette mesure publique permettra d’augmenter le tissu d’entreprises au Maroc.
Sur le front de la réduction du taux de chômage, notamment celui des jeunes, et de l’élargissement du stock d’entreprises, le statut de l’autoentrepreneur opérationnel depuis quelques temps nourrit beaucoup d’espoir auprès des pouvoirs publics et des personnes férues de l’entrepreneuriat. D’emblée, il est opportun de souligner que les derniers chiffres officiels afférents à ce dispositif porté par le ministère des Petites entreprises et de l’Intégration du secteur informel montrent que 27.000 statuts ont été délivrés sur une population cible située autour de 3 millions de personnes. Pour autant, du chemin reste encore à faire, même si du côté des autorités publiques, on est persuadé qu’une bonne dynamique est enclenchée. Pour rappel, ce statut concerne toute personne exerçant, à titre individuel, une activité dont le chiffre d’affaires annuel encaissé ne dépasse pas 500.000 DH pour les activités industrielles, commerciales, artisanales et 200.000 DH pour les prestations de services. Les avantages qu’offre cette initiative publique à laquelle prend part le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) sont nombreux. Il convient de citer la possibilité de facturation, l’insaisissabilité du domicile, la simplification des procédures de création et de cessation et, surtout, une fiscalité réduite (1% du chiffre d’affaires pour les activités industrielles, commerciales et artisanales et 2% pour les prestations de services. Au-delà de ces avantages avérés, la valeur ajoutée de cette mesure est sa capacité à sortir de l’informel plusieurs entrepreneurs, qui jusque-là étaient inconnus des banques et de l’administration fiscale. D’ailleurs, une convention-cadre signée entre Barid Al-Maghrib (organisme de gestion du registre) et le GPBM permet aux établissements bancaires d’accéder au registre national des autoentrepreneurs. Par ailleurs, ce dispositif public est de nature à promouvoir l’entrepreneuriat féminin car il permet aux femmes de monter leurs affaires et travailler dans leur domicile. Ce qui est d’autant plus important au regard de la faiblesse du taux d’activité de la gente féminine situé autour de 25%. Au regard de ce qui précède, il est clair que le statut de l’autoenpreneur a un préjugé favorable pour le renforcement du stock d’entreprises visiblement menacé ces dernières années par le nombre important de sociétés défaillantes. Les chiffres d’Inforisk montrent qu’au cours des douze derniers mois, sur 31.380 entreprises créées près de 6.216 ont tout simplement mis la clef sous la porte. En définitive, l’important est de savoir si les entrepreneurs bénéficiant de ce nouveau statut auront les reins assez solides pour garantir la pérennité de l’activité et pourquoi pas passer à la vitesse supérieure. C’est-à-dire recruter du personnel et transformer leur structure en TPE ou PME. Les pouvoirs publics et les établissements bancaires auront un rôle crucial à jouer pour arriver à cette fin.
M. Diao