En dépit des efforts législatifs mis en place en vue de réduire les délais de paiement, l’étude d’Inforisk, société spécialisée dans la collecte et le traitement d’informations légales afférentes aux entreprises, montre que bien du chemin reste encore à faire.
L’intérêt de l’étude de l’entité qui a à son actif la compilation de plus d’1 million de bilans d’entreprises marocaines sur la période 2005-2016, a trait à l’échantillon représentatif des entreprises analysées sur un horizon temporel de 6 années (2010-2016).
Les experts d’Inforisk sont formels : «Avec un allongement de 77 jours des délais clients depuis 2010, la TPE demeure incontestablement la première victime des délais de paiement».
L’autre chiffre édifiant qui conforte la nécessité d’accompagner cette catégorie d’entreprise, est que la TPE représente 91% des défaillances d’entreprises du pays.
Notons qu’entre 2010 et 2016, les délais de paiement clients des TPE sont passés de 7,3 à 9,9 mois et ceux des PME de 4,1 à 5,1 mois. Cette situation est d’autant plus préjudiciable que les entreprises précitées, sous-capitalisées, n’ont pas une assise financière suffisante leur permettant de s’affranchir de leurs créances sur une longue période.
En conséquence, les délais de paiement renvoient à la taille de l’entreprise. D’ailleurs, entre 2010 et 2016, ceux-ci n’ont évolué que de 3 jours pour les grandes entreprises se situant ainsi à 2,8 mois.
En 2016, les secteurs les plus sinistrés qui ont battu tous les records par ordre d’importance, notamment au niveau de la TPE, sont le BTP (11 mois), le commerce (10,5 mois) et l’immobilier (9,8 mois).
En définitive, il ressort de l’analyse d’Inforisk que la mortalité des entreprises marocaines est due davantage aux délais de paiement qu’aux éléments liés entre autres, à l’accès de financement et l’environnement international ou macroéconomique. 40% des disparitions d’entreprise sont générés par les défauts de paiement. ■
Paroles de pro
Siham El Mejjad, Directrice générale de la société 2WLS : «Les TPE et PME font la banque sans intérêts»
Les chiffres révélés par Inforisk sont révélateurs à maints égards. Ceux-ci traduisent la réalité que les entrepreneurs vivent au quotidien et qui constitue un vrai frein au développement aussi bien des TPE que des PME. Il faut savoir que les grands groupes, les grandes entreprises et même les entreprises étatiques sont les gros créanciers. Les TPE et PME font la banque sans intérêts et sans pour autant avoir l’appui de leurs banquiers. De plus, elles éprouvent de grandes difficultés à disposer d’une ligne de découvert, c’est la croix et la bannière pour bénéficier de ces services pourtant rémunérateurs pour les banques.
Ces dernières ne prennent aucun risque et c’est le plus faible maillon de la chaîne qui en pâtit. Par ailleurs, les lois sur les délais de paiement ne sont pas appliquées, car ce sont les plus forts qui ne les respectent pas et la TPE n’a pas les moyens de faire respecter les dispositions législatives en vigueur. ■
Par Momar Diao