Avec près de 7.169 entreprises défaillantes, l’année 2016 a particulièrement été mauvaise, sachant que la situation ne risque pas de s’arranger en 2017.
Désormais, on peut le dire sans se tromper, 2016 est l’une des années les plus mortifères pour les entreprises marocaines depuis 2007. En effet, les statistiques dévoilées récemment par Inforisk, spécialiste du renseignement commercial sur les sociétés, indiquent la défaillance de 7.169 entreprises contre un peu plus de 5.900 l’année précédente. Contacté par nos soins, Amine Diouri, responsable études et communication chez Inforisk, ne s’est pas empêché d’exprimer son inquiétude : «Le dernier trimestre 2016 a été catastrophique par l’ampleur du nombre de défaillances en novembre et décembre, cumulant plus de 28% du total annuel», constate-t-il.
Les raisons de cette situation pour le moins déplorable sont toutes trouvées. Il s’agit, entre autres de la fébrilité de la croissance qui devrait tourner entre 1,5 à 2% du PIB en 2016, et de l’allongement des délais de paiement notamment pour les TPME, qui tournent autour de 10 mois. Du côté du spécialiste du renseignement commercial sur les sociétés, on affirme qu’il existe un lien de cause à effet entre retards de paiement et défaillances d’entreprises. Pour cause, les statistiques démontrent que 40% des défaillances sont dues aux retards de paiement. Dans la foulée, soulignons que les banques marocaines sont toujours peu enclines à financer l’allongement des délais de paiement, sachant que de l’autre côté, les entreprises disposent de fonds propres insuffisants. Cela dit, les 3 secteurs les plus touchés par la défaillance sont le commerce, le BTP et l’immobilier qui pèsent 70%.
D’ailleurs, concernant le secteur du commerce, une étude d’Inforisk sur les TPE indique que ce secteur a fait les frais de l’allongement important des délais de paiement (10,6 mois), fragilisant ainsi la trésorerie des entreprises. Pour le secteur du BTP où la commande publique peut représenter jusqu’à 70% du chiffre d’affaires sectoriel, les délais de paiement battent des records puisqu’ils peuvent atteindre 12 mois.
Enfin, l’étude révèle l’exacerbation de la concurrence. Les grandes entreprises ne font pas de cadeaux aux petites, puisqu’elles leur livrent une concurrence acharnée pour s’arroger les marchés de taille modeste.
Paroles de pro :
Amine Diouri, responsable études et communication chez Inforisk
Dans l’optique de limiter l’asphyxie des entreprises, la principale mesure structurelle était de revoir la loi 32-10 votée en 2012 et qui porte sur les délais de paiement.
Cette loi n’a rien changé à la situation. Au contraire, nous avons vu les défaillances augmenter de manière forte et continue. La deuxième mouture votée en 2016 ne commencera à porter ses premiers fruits que courant du 2ème semestre 2017 dans le meilleur des cas, sachant que la partie régissant les entreprises publiques n’entrera en vigueur que le 1er janvier 2018. Les premiers éventuels effets bénéfiques ne seront attendus qu’en 2018. Par ailleurs, à mon sens, l’Etat en tant que principal maître d'ouvrage dans certains secteurs doit commencer par donner l’exemple en matière de délais de paiement, si l’on veut réellement provoquer un électrochoc au Maroc. Comme je l’ai dit, la loi sur les délais de paiement (appliquée aux entreprises publiques) ne commencera à porter ses fruits qu’à partir de 2018.
Par ailleurs, la rentabilité des TPME est toujours sur le fil. A mon avis, il faudrait encore s’attendre à une progression des défaillances en 2017.
>> Infos pratiques : Maroc-Ghana, une nouvelle ère de la coopération économique
Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc, a conduit récemment une délégation d’une quarantaine de patrons d’entreprises au Forum économique d’Accra, capitale du Ghana. D’emblée, il est utile de rappeler que les échanges économiques entre ce pays d’Afrique de l’Ouest et le Royaume sont en retrait au regard des potentialités des deux Etats partenaires. La valeur de ces échanges tourne autour de 67 millions de dollars. Par ailleurs, force est de reconnaître que la participation marocaine au Forum augure d’une nouvelle ère des relations économiques avec le Ghana, dirigé par un nouveau Président de la République. Pour rappel, les entreprises marocaines représentées lors de cette manifestation évoluent, entre autres dans les domaines de l’énergie et mines, de la banque, des assurances, de l'agro-industrie et des TIC. D’autre part, la coopération dans le domaine de l’agroindustrie revêt pour le Ghana une importance particulière, au regard de son impact positif sur la population rurale.