A octobre 2016, on dénombrait déjà 5.000 entreprises défaillantes.
Une kyrielle de dysfonctionnements continue d’être à l’origine de la faillite des TPME. D’où l’intérêt de s’interroger sur les efforts publics et privés déployés pour réduire l’asphyxie des entreprises marocaines.
Sur le front de la lutte contre la mortalité des entreprises, les derniers chiffres de la société Inforisk, spécialisée dans le renseignement commercial des sociétés marocaines, montre que du chemin reste encore à faire. En effet, entre janvier et octobre 2016, près de 5.000 entreprises ont mis la clef sous la porte. A cela, il faudrait ajouter qu’entre le mois d’octobre de l’année dernière et septembre 2016, le nombre d’entreprises défaillantes a enregistré une inflation de 20,6%. Au demeurant, cette contre-performance est-elle surprenante si l’on se penche sur le rapport Doing Business 2017 de la Banque mondiale ?
La réponse est évidemment non, car même si le Royaume a gagné 7 places pour occuper le 68ème rang sur 190 économies, certains de ses résultats ayant trait à l’octroi des prêts et au règlement de l’insolvabilité se sont fortement dégradés. Or, ces deux composantes influent fortement sur le degré de résilience des entreprises. Soulignons dans foulée que la croissance atone, l’allongement des délais de paiement, l’augmentation des crédits interentreprises et l’accès peu aisé aux crédits bancaires, sont autant d’éléments qui laissent légitimement penser que le nombre d‘entreprises défaillantes sera au moins proche, voire supérieur à celui de l’année dernière. Pour rappel, en 2015, on dénombrait 5.955 entreprises qui avaient cessé leur activité. Ces chiffres constituent indéniablement un prétexte de s’interroger à la fois sur les efforts déployés par les banques pour faciliter l’accès des entreprises au financement et sur l’efficacité des politiques publiques en matière de promotion de l’entrepreneuriat. Au-delà de la problématique abordée plus haut, il est judicieux de rappeler que le Maroc a réalisé des progrès considérables en termes de facilitation de création d’entreprises. Pour preuve, toujours d’après les chiffres d’Inforisk dévoilés récemment, le nombre d’entreprises créées est passé de 22.655 en 2007 à 29.884 en 2015. D’ailleurs, le rapport Doing Business 2017 de l’institution de Bretton Woods classe le Maroc à la 40ème place en termes de procédures de création d’entreprises (contre la 93ème en 2012).
C’est dire l’amélioration substantielle en la matière. Par ailleurs, ce qui est encourageant et de bon augure pour freiner l’asphyxie des entreprises causée par le secteur public, c’est la volonté de la part des autorités de limiter l’allongement des délais de paiement de la commande publique. Pour rappel, le décret relatif aux délais de paiement et aux intérêts moratoires en matière de commande publique entre en vigueur en janvier 2017. Il obligera la personne publique de s’acquitter du paiement des intérêts de retard lorsque ce dernier lui incombe.
M. Diao
Paroles de pro
Aziz Qadiri, président du Réseau Entreprendre Maroc
«Il faut savoir que les PME marocaines, et même les grandes entreprises, continuent de faire les frais de l’allongement des délais de paiement. En moyenne, les délais de règlement des entreprises évoluant dans le commerce tournent autour de 120 jours, sachant que ceux-ci devraient se situer autour de 60 jours ou 90 jours au grand maximum. Toutefois, il est de bon aloi de constater la prise de conscience des pouvoirs publics à travers la mise en place du décret relatif aux délais de paiement et aux intérêts moratoires en matière de commande publique.
Cette disposition juridique pourrait amener la personne publique à être davantage respectueuse des délais de paiement dans le cadre de la commande publique (60 jours). En France, par exemple, la loi sur les délais de paiement est respectée à cause de l’application des pénalités de retard. A cela, il faudrait ajouter que certaines sociétés françaises ont la hantise de se voir coller l’étiquette de mauvais payeur qui est une très mauvaise publicité. Au Maroc, au-delà des dispositions législatives et réglementaires qui ont toute leur importance, j’estime qu’il faudra du temps pour inculquer aux entreprises et aux administrations publiques la culture du règlement à temps».
>> Infos pratiques : Des mécanismes de financement adéquats
Les entreprises nationales évoluant dans l’industrie en quête de compétitivité, comme en témoigne la mise en place du Plan d’accélération industrielle (PAI) (2014-2020), s’accaparent près de 25% de la consommation énergétique du pays. C’est dire le grand potentiel d’économie d’énergie qu’affiche cette branche majoritaire composée de TPME. Rappelons qu’au regard des ambitions du PAI, l’industrie devrait représenter pas moins de 23% du PIB à l’horizon 2020. Toutefois, le Libre blanc de la Banque Centrale Populaire (BCP) portant sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, relie d’une certaine façon les économies d’énergies susmentionnées et l’essor des énergies renouvelables au développement des mécanismes de partenariat public-privé (PPP), qui s’appuieront, entre autres, sur des lignes de crédit dédiées et du partage des risques. En effet, la banque au cheval préconise la mise en place de lignes de crédits dédiées à l’initiative d’une agence gouvernementale ou d’une institution donatrice nationale ou internationale. L’intérêt de ces véhicules financiers réside dans leur capacité à encourager les partenaires privés à cofinancer les projets d’efficacité énergétique. Ce qui engendre de facto l’accroissement du financement disponible pour les entreprises. Concernant le partage des risques, il s’agit pour les entités publiques ou les donateurs de garantir partiellement le crédit accordé par les établissements bancaires pour le financement de projets inhérents aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.