Crise RAM et AMPL : Quand un contrat-programme devient source de blocage

Royal Air Maroc :  Quand un contrat-programme devient source de blocage

 

Pour appréhender les dessous des multiples causes du bras de fer actuel qui oppose la compagnie Royal Air Maroc (RAM) aux pilotes représentés par l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), il faut remonter à la crise qui avait débuté en 2008 et qui avait frappé la compagnie nationale.

Pour sortir de la mauvaise passe, l’Etat actionnaire avait exigé de la RAM une restructuration conduisant celle-ci à se recentrer sur son activité principale. Ce qui a débouché, entre autres, sur la cession des hôtels et à la fermeture de l’école nationale des pilotes de ligne, l’une des causes directes du sous-effectif des pilotes, décriées par l’AMPL, présidée par  Amine Mkinsi.

D’ailleurs, la détérioration des conditions de travail des pilotes, conséquence directe du sous-effectif, constitue une source de mécontentement de l’AMPL qui attire l’attention sur le fait que la RAM peine à attirer des pilotes étrangers. Sur un besoin de 86 pilotes étrangers, la compagnie aérienne n’a pu recruter en CDD qu’une vingtaine. Visiblement, les efforts de la RAM ne suffisent pas, quand bien même celle-ci propose un salaire de 6.700 euros par mois aux pilotes étrangers. A cela s’ajoutent 5 jours off par mois en plus des 48 heures off par semaine.

A l’inverse, les pilotes marocains qui en début de carrière démarrent avec un salaire oscillant entre 48.000 et 50.000 DH, ne bénéficient pas de l’avantage des 5 jours off par mois. D’ailleurs, sur la liste des revendications de l’AMPL, qui comprend la revalorisation des salaires (15.000 DH en trois tranches sur 5 ans), l’amélioration des conditions de travail, la réouverture de l’école nationale des pilotes de ligne et la prise en compte des doléances de RAM express, figure aussi l’obtention de 4 jours off par mois pour se rapprocher des avantages accordés aux pilotes étrangers.

Interpellé sur les salaires mirobolants des pilotes de la RAM lors d’un point de presse organisé à Casablanca, Amine Mkinsi qui loue le patriotisme et le professionnalisme des ses confrères rétorque: «En faisant un benchmark international, l’on s’aperçoit que les pilotes marocains ne sont pas les mieux lotis, sachant que les salaires sont dictés par le marché international, caractérisé par une forte demande chinoise. Ce qui tire les salaires vers le haut».

Du côté de l’AMPL, l’on tient à éclairer l’opinion publique sur les causes des perturbations actuelles (annulations de vols, retards, etc.), notamment pendant la haute saison qui coïncide avec l’été.

«Quand on est en flux tendu comme c’est le cas pour la RAM, il ne faudrait pas s’étonner que des perturbations surviennent», précise le président de l’AMPL, qui qualifie ouvertement de mensonges les allégations de grève proférées à l’encontre des pilotes de la RAM qui, selon lui, continuent de respecter les programmes de vol et les astreintes.

Ceci dit, il est important de souligner que  les pilotes ne sont plus disposés comme par le passé à faire des concessions sur leurs programmes des 48 heures off. Ils sont plus que jamais déterminés à faire respecter leurs droits. «Toutes nos revendications sont suspendues au contrat-programme entre la RAM et l’Etat dont on entend parler depuis longtemps et qui jusque-là n’a pas été signé», conclut le président de l’AMPL.

 

M.D

 

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