Les véhicules ayant trait au capital investissement ont des implications positives sur les performances des entreprises marocaines. Pour preuve, 97% des entreprises investies par les véhicules précités ont mis en place un système de gouvernance complet, avec à la clef une évolution substantielle de leur chiffre d’affaires.
Chaque année, le rapport de l’Association marocaine des investisseurs en capital (Amic) portant sur le capital investissement au Maroc est attendu avec beaucoup d’impatience par la communauté gravitant autour des activités financière et entrepreneuriale. Cet engouement est d’autant plus légitime que ce document constitue un baromètre reflétant l’appétit des investisseurs en capital pour les entreprises marocaines et les branches d’activité qui ont le vent en poupe. Le document échafaudé par l’Amic, à laquelle a adhéré l’ensemble des sociétés de gestion ayant une représentation au Maroc et dont une partie des fonds à investir est réservée au Royaume, montre que près de 5,5 Mds de DH ont été investis dans 166 entreprises à fin 2015, dont 606 MDH rien que pendant l’année dernière. L’autre élément factuel de nature à corroborer l’enthousiasme des investisseurs en capital au Maroc est que le ticket moyen d’investissement a observé un trend haussier pour se chiffrer à 44 MDH. Au-delà de ces chiffres, il est important de souligner que l’un des freins majeurs à la montée en puissance des véhicules ayant trait au capital investissement au Maroc, est l’absence de bonne gouvernance au sein de certaines entreprises. D’ailleurs, en 2015, près de 97% des entreprises investies par les véhicules précités ont mis en place un système de gouvernance complet (audit, comités de suivi d’activité, outils de reporting, etc.). Ce qui améliore sensiblement leurs performances. A titre illustratif, au cours de l’année dernière, le taux de croissance annuelle moyen du chiffre d’affaires des entreprises évoluant dans les services culminait à 38%. Celui des sociétés exerçant dans le BTP s’est chiffré à 17% et 14% pour la grande distribution. Dans le même ordre d’idées, notons que les branches qui se sont le plus arrogées les faveurs des investisseurs sont le secteur primaire, l’automobile, la chimie, les TIC et la distribution négoce. Cela dit, même si le capital investissement a encore des relais de croissance jusque-là inexplorés à l’échelle nationale, il n’en demeure pas moins que le Royaume a affiché le taux de pénétration le plus élevé dans la région MENA en 2015 (0,06%). Pour rappel, cette hégémonie remonte à l’année 2013. Par ailleurs, l’intérêt du document de l’Amic qui concerne l’année dernière, réside dans sa dimension prospective puisqu’il mentionne l’intention des investisseurs pour l’année en cours. En effet, un sondage révèle que pour les mois à venir, les investisseurs en capital investissement seront beaucoup plus portés, entre autres, sur l’agroalimentaire, la santé, l’énergie et l’éducation.
Paroles de pro
Françoise Giraudon De Donder,
Déléguée générale de l’Association marocaine des investisseurs en capital (Amic)
«En 2015, le montant investi par les investisseurs en capital investissement (606 MDH) a enregistré un léger recul. Ce qu’il faut savoir par rapport à ce léger fléchissement, est que le capital investissement est une activité cyclique. Parfois, les levées de fonds ont le vent en poupe, ensuite viennent les investissements. On a ainsi des phases d’investissement et de désinvestissement. Compte tenu de ces éléments, il est plus judicieux d’évaluer l’activité sur une période un peu plus longue (5 à 10 ans). Cela dit, il est important de souligner que les entreprises qui souhaitent bénéficier des fonds issus du capital investissement pour se développer, doivent faire preuve de bonne gouvernance et de transparence ou du moins être disposées à observer ces principes. L’autre singularité essentielle à mentionner est que le marché marocain est relativement exigu, ce qui fait que les investisseurs en capital sont opportunistes et très généralistes puisqu’ils concernent pratiquement toutes les branches d’activité. Généralement, ce sont les opportunités de développement de l’entreprise qui intéressent davantage les investisseurs plutôt que la taille de celle-ci. En somme, l’année 2016 est sous de bons auspices, puisque 55% des fonds d’investissement ont déclaré qu’ils lèveront des fonds en fin d’année et en début 2017».
Infos pratiques
Principales composantes du capital investissement
Les entreprises marocaines continuent de pâtir de leurs multiples difficultés d’ordre financier. La fulgurante hausse du nombre d’entités défaillantes en est la preuve évidente. De ce point de vue, force est de reconnaître que le capital investissement, qui a une grande marge de progression au Maroc, constitue un instrument financier complet pour les entreprises marocaines en quête de compétitivité. En effet, ce véhicule qui s’intéresse aux entreprises qui érigent la bonne gouvernance en principe cardinal, concerne principalement quatre natures d’investissement reflétant les phases cruciales de développement de l’entreprise. Il s’agit du capital amorçage, du capital risque, du capital développement et du capital transmission. Pour rappel, les investisseurs en capital amorçage apportent du capital, ainsi que leurs réseaux et expériences à des projets entrepreneuriaux qui sont encore en phase de projet et de recherche et développement. Concernant le capital risque, l’investissement réalisé par les investisseurs est en fonds propres ou quasi fonds propres dans des entreprises relativement jeunes ou en phase de création. Pour ce qui est du capital développement, l’investissement en fonds propres ou quasi-fonds propres est destiné à financer l’expansion de l’entreprise ou le rachat de positions d'actionnaires. Toutefois, sa particularité est que l'entreprise partenaire est une société profitable, bien établie et qui affiche des perspectives de croissance intéressantes. Enfin, les opérations de capital transmission permettent à un dirigeant, associé à un fonds de capital investissement, de transmettre son entreprise, ou de préparer sa succession progressivement.
Momar Diao