Des associations spécialisées dans le mode de financement, dit business angel ont vu le jour au Maroc. Pour des raisons multiples, cet outil alternatif et innovant tarde à atteindre sa vitesse de croisière.

 C’est un truisme de rappeler qu’il est indispensable de faciliter l’accès des PME au financement avec des mécanismes d’accompagnement de pré et de post-création d’entreprise au Maroc. Sous d’autres cieux, notamment dans les pays développés, les modes de financement alternatifs destinés aux entreprises ont particulièrement fleuri ces dernières décennies (crowdfunding, capital-risque, capital-investissement, etc.). Cela dit, force est d’admettre qu’une prise de conscience accrue de l’impératif d’élargir les sources de financement des entreprises a émergé dans le pays ces derniers temps. Cela est conforté par le lancement du réseau marocain de business angels en 2008 et par la création de l’Association Atlas business angels qui n’intervient que sur l’axe Rabat-Casabalanca. Ces deux entités avaient pour tâche de promouvoir le mode de financement du business angel ou «l’ange des affaires». Pour rappel, l’ange du business est très souvent un chef d’entreprise ou une personne à la retraite qui apporte un apport financier (5 à 10% du capital) et son expertise pour la création d’une entreprise oeuvrant dans un domaine innovant et porteur. Le mode de financement du business angel se distingue des autres modes de financement (circuit bancaire, capital-risque, capital-investissement), car outre l’apport financier, l’ange du business fait du conseil en accompagnant le jeune entrepreneur souvent dépourvu d’expérience. A cela s’ajoute que, contrairement aux autres modes de financement classiques, l’objectif de rentabilité n’est guère une obsession aux yeux du business angel. Au-delà de ces précisions, il est utile de rappeler que ce mode de financement innovant peine à prendre son envol au Maroc en dépit du grand potentiel de croissance qu’offre le marché national. Les raisons de ce manque de dynamisme sont multiples. En effet, il ne subsiste aucune mesure fiscale incitative à l’endroit des anges des affaires marocains. Autre frein, ce mode de financement reste peu connu à la fois des chefs d’entreprises et des jeunes entrepreneurs qui font parfois appel à l’entourage familial lors de la phase d’amorçage. Parmi les vertus de ce mode de financement innovant au Maroc, il y a lieu de citer l’aide à l’auto-emploi, notamment au niveau des jeunes qui constituent les parents pauvres du marché du travail. Par ailleurs, le benchmark international permet de constater qu’il y avait en 2012 pas moins de 4.100 business angels en France, regroupés au sein de France Angels. Les domaines porteurs qui s’arrogent les faveurs de ceux-ci sont l’énergie, l’e-commerce, l’e-service, l’électronique et les applications informatiques dans le domaines de la santé. Outre ce parallèle avec l’Hexagone, il y a lieu de noter que le développement du business angel au Maroc, serait un moyen efficace pour rompre la solitude des jeunes entrepreneurs trop souvent livrés à eux-mêmes lors du démarrage de leur activité. 

 

 

Paroles de pro

Aziz Qadiri, Président du Réseau Entreprendre Maroc

«Il est clair que le mode de financement du business angel tarde à atteindre sa vitesse de croisière au Maroc, même si quelques opérations ont été lancées. Cette situation est à relier au fait qu’il n’y a pas suffisamment de business angels dans le pays. Cela dit, les opérateurs marocains doivent jouer le jeu en s’inspirant des bonnes pratiques qui existent sous d’autres cieux. Le business angel qui prend des participations dans une entreprise, tout en restant minoritaire, doit accepter l’idée qu’il peut certes perdre sa mise, mais peut aussi en gagner énormément. Par ailleurs, je dois vous dire qu’au Maroc la question de confiance se pose, car il n’est pas toujours aisé de gérer les PME. La création de l’Association Atlas Business Angel au Maroc, avec le concours d’Euromed, était une excellente initiative qui, hélas, a généré des résultats mitigés. Pour cause, très peu de ses membres étaient de véritables business angels ! Cependant, au niveau du Technopark, des exemples concrets du mode de financement du business angel ont eu le mérite d’exister, même s’ils sont encore peu nombreux : des opérateurs ont pris des participations dans le capital de start-up agissant dans le Net». 

 

 

Infos pratiques 

 

Benchmark international

 

Aux USA, le business angel s’est érigé au fil des années comme un instrument de financement de taille destiné aux PME innovantes, notamment les start-up. Au pays de l’oncle Sam, les chiffres donnent le tournis. Ainsi, les 25 principaux business angels ont contribué à la création de plus de 300.000 emplois, au lancement de 740 entreprises, tout en levant pas moins de 15 Mds de dollars. Autre élément important Outre-Atlantique, Google, l’actuel mastodonte du Net, a bénéficié de l’investissement d’un business angel en 1998. Toutefois, il est utile de souligner que la Silicon Valley, temple mondial de l’innovation attire particulièrement les anges des affaires aux USA. Par ailleurs, même si le mode de financement du business angel en France est moins développé qu’aux USA, il n’en demeure pas moins que l’Hexagone n’est pas en reste avec ses 4.100 anges des affaires recensés en 2012. Cela dit, la France se démarque par la parfaite structuration du mode de financement du business angel. En effet, chaque réseau de business angels, membre de l’Association France Angels, s'engage à accompagner et promouvoir le développement de l'activité des anges des affaires dans sa région. De plus, chaque réseau s’emploie à mettre en relation les entrepreneurs à la recherche de financement avec les business angels adhérents à son propre réseau. Les services du réseau sont accessibles à tous les porteurs de projets innovants et à fort potentiel de croissance. Outre cela, la législation française serait de nature à favoriser le dynamisme de l’activité des anges des affaires puisque ces derniers, à travers certaines formes juridiques d’entreprise, peuvent bénéficier de plusieurs avantages fiscaux. 

 

Momar Diao