BlueBirds accompagne les entreprises dans leurs phases de structuration et de croissance. Son réseau d’experts indépendants apporte une forte valeur ajoutée à chaque étape de la transformation. Entretien avec Siham Sentissi, Directeur général de BlueBirds.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Quel est votre positionnement au Maroc et en quoi votre approche du management de transition et du freelancing premium se distingue-t-elle dans cet écosystème ?
Siham Sentissi : Notre positionnement est unique dans l’écosystème marocain; il n’existe pas d’acteur strictement comparable au Maroc. Les cabinets de chasse adressent le recrutement permanent, certaines plateformes placent surtout des profils AMOA/PMO/Tech, les cabinets de conseil mobilisent de larges équipes et apportent un label. BlueBirds intervient, lui, au carrefour du conseil indépendant et du management de transition, avec des profils à très forte valeur ajoutée capables d’opérer auprès des Directions générales, Codir et Comex. Concrètement, cela signifie que nous mettons à disposition des entreprises des experts immédiatement opérationnels, capables de piloter des projets stratégiques ou de prendre la responsabilité d’une fonction clé sur une période définie (manager de transition en DAF, DRH, direction industrielle, direction de la transformation…). Notre promesse : impact dès le premier jour, souplesse et agilité, et une valeur au juste prix. Ainsi, BlueBirds repose sur trois piliers :
• L’excellence opérationnelle, avec des profils ayant en moyenne 15 à 20 ans d’expérience dans de grands groupes et/ou de cabinets de conseil de premier plan.
• La flexibilité, puisque nous intervenons rapidement, et souvent en moins d’une semaine, là où un recrutement classique prend des mois.
• Et enfin, une ouverture internationale. Avec un vivier de plus de 6.000 indépendants référencés (dont plus de 400 au Maroc), nous apportons aux entreprises locales la même qualité d’intervention qu’à Paris, Londres ou New York, mais adaptée au contexte marocain et africain.
F.N.H. : Le tissu économique marocain est largement constitué d’entreprises familiales. Quels sont les leviers les plus urgents pour accélérer leur transformation et leur montée en puissance ?
S. S. : Les entreprises familiales représentent la colonne vertébrale de l’économie marocaine. Au-delà des sujets classiques (gouvernance, financement, ouverture à l’international), un levier très concret accélère la bascule, à savoir installer, en transition, des rôles de type SG/ DGA ou directeur de la transformation pendant 6 à 24 mois. Ces leaders agissent comme un «super PMO»; ils clarifient la cible opérationnelle, structurent les processus, cadrent la fonction finance/RH/industrielle, alignent les chantiers et sécurisent l’exécution. Surtout, ils n’entrent pas dans les jeux politiques internes : leur mandat est de délivrer et de laisser une organisation prête à attirer les bons talents et à soutenir une croissance disciplinée. C’est typiquement là que le management de transition et nos freelances premium créent une différence mesurable : apporter un regard externe, des méthodes éprouvées et un accompagnement opérationnel pour franchir ce cap.
F.N.H. : Quelles fonctions ou expertises sont aujourd’hui les plus sollicitées en matière de management de transition au Maroc ? Observez-vous des tendances sectorielles particulières ?
S. S. : Nous observons une forte demande dans les fonctions industrielles, notamment pour optimiser les processus de production, restructurer des sites ou accompagner des ramp-up. La Direction générale, les ressources humaines et la finance restent également des fonctions clés : nombre d’entreprises cherchent un DRH, un CFO ou un DG de transition capable de remettre de l’ordre dans une situation complexe, tout en préparant un successeur pérenne. Au-delà de ces fonctions, une tendance nouvelle émerge, à savoir l’ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et la transformation digitale. De plus en plus de clients nous sollicitent pour structurer leur reporting extra-financier, intégrer des pratiques durables ou accélérer l’usage de l’IA dans leurs opérations. Cela témoigne d’une maturité croissante du marché marocain. Et plutôt qu’une tendance sectorielle, nous observons une typologie de clients tels que des entreprises familiales qui se structurent pour changer d’échelle; des groupes qui s’installent au Maroc et qui ont l’habitude, ailleurs, de recourir à ces solutions. Dans notre pipe récent, l’industrie et le retail ont été plus présents, ce qui reste assez classique pour ce métier à l’international.
F.N.H. : Vous disposez d’un vivier de plus de 6.000 experts. Comment sélectionnez-vous ces talents et comment les mobilisezvous pour répondre aux besoins spécifiques de vos clients ?
S. S. : Nous agissons comme un tiers de confiance. Nous fonctionnons comme un réseau sélectif, et non comme une plateforme ouverte. La sélection n’est donc pas «ouverte» : elle est curatée. Pour chacun de nos indépendants, nous évaluons son expertise (hard skills), sa capacité à délivrer des résultats rapidement et, point essentiel, le fit humain (soft skills). L’expérience nous l’enseigne : le succès d’une mission ne tient pas qu’au CV, il dépend tout autant de l’alignement culturel et du style de leadership. Nous vérifions systématiquement les références et challengeons les candidats sur des cas concrets. Nous connaissons finement notre base. Une fois intégrés, nos experts sont mobilisés via un processus très réactif : sur un brief qualifié, nous proposons des profils en 48-72h, avec un storytelling de mission qui permet au client de se projeter sur l’impact, les jalons et les risques.
F.N.H. : L’accès au financement reste un défi pour les startups et TPME. En quoi l’intervention d’experts indépendants ou de managers de transition peut-elle les aider à se structurer et à capter ces financements ? Peut-on les considérer comme des piliers de la relance pour le tissu économique marocain ?
S. S. : L’expérience internationale le montre; les entreprises qui réussissent à lever des fonds ne sont pas seulement celles qui ont une bonne idée, mais celles qui savent se structurer. C’est là où les indépendants expérimentés jouent un rôle décisif. Nous mobilisons des ex-banquiers d’affaires, ex-consultants en transactions, ex-dirigeants finance ou exstartuper qui connaissent les mécanismes, parlent le langage des investisseurs et font gagner des mois aux dirigeants de startups &TPME. Des bailleurs comme la GIZ ou l’AFD soutiennent activement ces démarches au Maroc, mais pour en bénéficier, encore faut-il que les entreprises soient prêtes. Nos experts agissent comme catalyseurs, ils apportent en quelques mois la crédibilité, la structure et la confiance nécessaires pour franchir ce palier. Je considère que les freelances premium jouent un rôle très concret dans la professionnalisation du tissu entrepreneurial. Et à ce titre, oui, ces experts sont un pilier de la relance, parce qu’ils débloquent des dossiers et sécurisent la trajectoire.
F.N.H. : BlueBirds renforce sa présence au Maroc. Quelles sont vos ambitions de développement sur le continent africain à moyen terme ?
S. S. : Notre conviction est que le Maroc peut devenir un hub régional du management de transition et du freelancing premium. Notre priorité est de structurer durablement le marché marocain, puis d’étendre ce modèle en Afrique francophone avec des relais locaux et des communautés d’indépendants qualifiés. Le marché africain n’en est qu’à ses débuts. Deux dynamiques nous confortent : le retour de talents de la diaspora qui choisissent l’indépendance pour revenir, tester le marché et contribuer à des projets d’impact; et la montée en maturité des entreprises africaines qui souhaitent localiser ces rôles de transition. Pendant longtemps, des postes clés ont été tenus par des expatriés. Notre conviction est de donner la priorité aux talents africains, et de recourir à l’expertise internationale uniquement lorsque c’est justifié par la complexité du sujet. C’est le positionnement que nous portons, à savoir un modèle exigeant, flexible, local, connecté aux standards globaux. BlueBirds a été précurseur en France, nous voulons l’être également en Afrique.