La faiblesse des infrastructures et des équipements de base, principale contrainte.
L’absence de foyers économiques risque d’impacter l’essor de ces métropoles.
Par C. Jaidani
Les villes nouvelles trouvent beaucoup de difficultés à assurer leur développement, et ce malgré les programmes de relance initiés à plusieurs reprises. L’effectif de la population de ces villes est resté quasi stagnant. Certaines zones de ces cités sont devenues des quartiers fantômes à cause de la migration des habitants vers d’autres lieux plus adaptés. Les offres de vente dépassent largement les demandes d’achat. Les raisons invoquées portent notamment sur la faible dotation en zones d’activités, opportunités d’emploi, universités ou écoles supérieures, zones de loisirs, sans parler des médecins, notamment spécialisés et autres praticiens. A Tamesna et Tamansourt, certains propriétaires ont réduit le prix de vente de leur bien dans l’espoir de pouvoir les écouler et déménager. Ces villes font également face à de sérieux problèmes de sécurité et d’organisation.
De nombreux acheteurs, notamment des MRE, ont trouvé leurs appartements squattés par des SDF. Mohamed Alaoui, expert en immobilier, résume la situation : «les villes nouvelles ont été créées dans un contexte particulier marqué notamment par un grand déficit en logements qui dépassait les 800.000 unités. Avec la mise en place des mesures de soutien pour le secteur, en particulier le programme du logement social, une effervescence immobilière a été constatée. Les délais de réservation n’ont cessé de s’allonger au point d’atteindre par moment trois ans. Pour leur part, les promoteurs ont investi massivement dans des projets grandioses et ont contracté d’importants crédits.
Mais le déclin de l’activité n’a pas tardé à se manifester, créant des dégâts collatéraux importants». Et d’ajouter : «Les villes nouvelles ont privilégié le logement au détriment des autres composantes essentielles d’une cité, à savoir les services publics, les zones d’activités et le transport qui reste un élément essentiel pour relier ces localités avec le reste du pays. Une ville doit avoir une âme, une vocation et une personnalité». Les différents gouvernements qui se sont succédé ont essayé de colmater les brèches à travers quelques mesures de relance dont les effets restent très mitigés. Outre les 500 millions de DH annoncés du temps où Nabil Benabdellah était à la tête du département de l’Urbanisme et de l’Habitat, les autres ministres qui ont pris la relève ont voulu apporter de l’eau au moulin, sans pour autant donner l’impulsion attendue.
Dernièrement, Fatima-Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a annoncé un plan de relance qui devrait, en priorité, cibler les villes de Tamansourt et Charafat à l’horizon 2027. La feuille de route pour Tamesna et Khyayta est en préparation et devrait être annoncée prochainement. Dans le cadre des questions orales à la Chambre des représentants, la ministre a affirmé que «Tamansort accueille actuellement 74.000 habitants contre 200.000 prévus initialement, et 160 équipements publics ont été réalisés contre 260 programmés». Et de poursuivre que «le succès d’une ville nouvelle reste intimement lié à l’existence d’un foyer économique. Trois villes nouvelles souffrent de l’absence d’une zone industrielle. Il est question aussi de renforcer les connexions routières et installer des moyens d’attraction, notamment ceux dédiés aux étudiants».
Le lancement des villes nouvelles n’a pas été bien programmé ni dans le temps ni dans l’espace. Il n’y a pas eu d’études de faisabilité cohérentes. Le paramètre foncier était le principal motif pour le choix de l’emplacement de ces cités, car le prix du m2 est indexé sur les terrains agricoles et non urbains. Ces erreurs stratégiques risquent de peser lourdement pour assurer la relance espérée dans les années à venir.