TIC sur le carburant: l’Etat doit revoir sa copie

TIC sur le carburant: l’Etat doit revoir sa copie

Sur les 10 DH d’augmentation des prix à la pompe en l’espace de quelques mois, 6 DH iraient dans les caisses de l’Etat sous forme de taxe (TIC).

Entretien avec Mehdi Lahlou, économiste. 

 

 

 

 

 

Finances News Hebdo : Selon vous, à quel niveau se situe le problème de la gouvernance du secteur des carburants qui domine l’actualité ?

Mehdi Lahlou : La libéralisation des prix des carburants a eu des conséquences néfastes, pour ne citer que l’augmentation des prix liée également à la forte taxation appliquée par le gouvernement. Pour rappel, entre 2008 et 2009, une période ayant précédé la libéralisation des prix du carburant au Maroc, le prix du baril de pétrole brut était de 140 dollars, et pourtant les prix du gasoil oscillaient entre 7 et 8 DH le litre. Aujourd’hui, il faut savoir que sur les 10 DH d’augmentation des prix à la pompe en l’espace de quelques mois, 6 DH vont dans les caisses de l’Etat sous forme de taxe (TIC). Dans le contexte inflationniste actuel qui pénalise la classe moyenne et les personnes aux revenus modestes, le bon sens dicte au gouvernement d’abandonner une partie de la TIC sur les carburants. Ce qui permettrait de réduire le prix du litre de gasoil autour de 12-13 DH et celui de l’essence entre 14 et 15 DH. La flambée des prix des carburants tire inexorablement à la hausse le prix de plusieurs produits.

 

F. N. H. : Quelle appréciation faites-vous des mesures prises par le gouvernement afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages ?

M. L. : Le gouvernement n’a pas mis en place une stratégie claire visant la protection du pouvoir d’achat des ménages. Aider les transporteurs, lesquels demandent à l’Etat de baisser la taxation sur les carburants, ne revient pas de facto à donner un coup de pouce au pouvoir d’achat de la majorité des Marocains. La classe populaire précarisée représente dans notre pays près de 25 millions de personnes. Les salaires n’ont pas été augmentés dans les secteurs public et privé. De plus, à part quelques petites mesures, l’Exécutif n’a pas encore dévoilé un programme majeur à même de réduire le chômage, dont le taux était déjà supérieur à 12% en 2021 au niveau national.

 

F. N. H. : Bank Al-Maghrib, qui a tenu son Conseil en juin 2022, n’a-t-elle pas la main pour limiter les poussées inflationnistes ?

M. L. : Dans le cas de figure actuel où nous assistons à une inflation importée, une hausse du taux directeur qui se situe à 1,5% aura pour conséquence le renchérissement du coût du crédit. Ce qui sera de nature à impacter négativement la demande, force motrice de la croissance. En d’autres termes, la hausse du taux directeur fait le lit de la stagflation, qui se manifeste par une contraction de la croissance économique et un taux d’inflation important. La Banque mondiale table d’ores et déjà sur un taux de croissance de 1,2% du PIB pour l’année 2022, sachant que l’inflation devrait osciller entre 5 et 7% du PIB. L’une des mesures-phares à prendre par le gouvernement pour lutter contre l’inflation est la réduction de la taxation appliquée sur les carburants, comme suggéré plus haut. La renationalisation de la Samir, qui permettra l’importation à nouveau du pétrole brut moins cher, va également dans le sens de la réduction des prix des carburants. Sachant que comme mesure transitoire, il est nécessaire de bloquer, puis baisser les marges des compagnies pétrolières.

 

 

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