Hormis l’avènement d’un nouveau variant de la Covid-19 et d’un pic épidémique, 2022 s’annoncerait comme étant une bonne année pour le secteur.
Les récents chiffres officiels concernant les huit premiers mois de l’année confortent une croissance de 14,8% en comparaison à la même période de l’année 2020.
Par M. Diao
Les paroles d’un haut responsable du gouvernement de la trempe d’un ministre sont symboliques. Ses actions sont porteurs de sens pour qui sait analyser et aller en profondeur. Dès sa prise de fonction, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, a opéré le choix judicieux d’occuper le terrain en allant à la rencontre des opérateurs relevant de branches névralgiques pour l’économie nationale. Il y a lieu de citer l’aéronautique, l’industrie automobile (premier poste des exportations nationales) et la branche du textile qui pèse 22% de l’effectif industriel, soit 189.000 postes de travail. L’intérêt que le nouveau ministre accorde aux textiliens marocains à travers la rencontre organisée récemment dans la capitale économique, est un prétexte pour se pencher sur les perspectives du secteur pour l’année 2022.
«Pour l’instant, nous croisons les doigts parce que les perspectives sont très bonnes. Certes, l’activité n’a pas encore atteint celle d’avant crise, notamment l’année 2019, mais les performances de 2021 sont meilleures que celles de l’année dernière», rassure Fatima Zohra Alaoui, Directrice générale de l’Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH). Les récents chiffres officiels concernant les huit premiers mois de l’année (à fin août 2021) confortent une croissance de 14,8% en comparaison avec la même période de l’année 2020.
L’optimiste est de mise pour 2022
«Hormis l’avènement d’un nouveau variant de la Covid-19 et d’un pic épidémique, susceptible d’entraîner de nouvelles vagues de confinement au niveau de l’Europe, 2022 s’annonce comme étant une bonne année pour notre secteur», révèle la DG de l’AMITH. Et d’expliquer : «Nous avons assisté au cours des derniers mois à un retour de la demande. La pandémie a généré le retour en force du sourcing de proximité. Certains donneurs d’ordre issus de l’Europe du Nord et des EtatsUnis, qui s’approvisionnaient en Asie, se tournent aujourd’hui vers le Maroc. Le Royaume leur assure l’avantage de la proximité, notamment des délais de livraison courts et une meilleure gestion des stocks».
L’autre nouvelle donne avantageuse pour les textiliens marocains, à qui Mezzour n’a pas manqué de rappeler les enjeux majeurs du moment, a trait à la flambée du prix du fret à partir de l’Asie. Au-delà des perspectives pour l’année prochaine qui s’annoncent bonnes, sauf l’irruption d’un pic épidémique, l’AMITH, forte d’une nouvelle vision pour le secteur, est en phase avec celle du ministre de tutelle et du nouveau modèle de développement. L’association présidée par Mohamed Boubouh assure œuvrer pour la concrétisation de la diversification des donneurs d’ordres. «Il existe un grand potentiel sur les nouveaux marchés (Europe du Nord, USA) sur lesquels la présence marocaine doit être renforcée par la substitution du sourcing asiatique», analyse Fatima Zohra Alaoui.
L’AMITH érige également en priorité le développement de l’amont industriel local afin de mieux servir les marchés de prédilection. L’essor de cet amont permettra de gagner en compétitivité grâce à la limitation des importations d’intrants de l’Asie. L’enjeu est de taille car la taxe carbone sera instaurée dès 2023 par l’UE, qui s’accapare la part du lion des exportations marocaines. «A l’instar des pouvoirs publics, le développement du label Made in Morocco est un sujet investi par l’AMITH», explique-t-elle.
Et de révéler : «A ce titre, notre ambition est de porter la part de satisfaction de la demande du marché local par les produits nationaux de 20 à 40% d’ici 2025». Notons que la tutelle se penche sur le rééquilibrage des forces en présence sur le marché local. Ce dernier doit, à l’évidence, abriter une concurrence saine et loyale. Au final, la position de l’AMITH sur ce sujet a le mérite d’être claire. L’association s’oppose aux pratiques et aux acteurs susceptibles d’être à l’origine de pertes d’emplois pour le secteur générateur de devises pour le pays.