Subvention aux transporteurs: pourquoi il faut revoir le système

Subvention aux transporteurs: pourquoi il faut revoir le système

Les mesures de soutien concernent essentiellement le transport de voyageurs.

Les propriétaires de véhicules ne sont pas obligés de transférer les fonds reçus aux chauffeurs, lesquels sont les plus impactés par la hausse des prix du gasoil.

 

Par C. Jaidani

A partir du 8 septembre 2023, les transporteurs vont recevoir une nouvelle subvention, et ce afin d’amortir les hausses successives des prix du carburant (4 hausses au mois d’août 2023). Cette flambée des prix est liée à la montée des cours du brut à l’international sous l’effet des tensions géostratégiques, et plus particulièrement le conflit entre la Russie et l’Ukraine. A l’approche de l’hiver, ce niveau des prix devrait se maintenir car la demande sur le pétrole devrait s’inscrire en hausse. Depuis l’instauration du système des subventions, l’Etat a déboursé pas moins de 5 milliards de DH au profit de 180.000 véhicules.

Certes, ce système a permis de stabiliser les prix du transport, mais il montre toutefois de nombreuses lacunes qu’il est important de combler. «Les subventions sont octroyées au gré de la conjoncture. Elles ne sont pas régulières et visent essentiellement les transporteurs de voyageurs, ignorant les transporteurs de marchandises dont la plupart opèrent dans l’informel. De ce fait, ils ne peuvent accéder à la plateforme installée par le département du Transport pour bénéficier des mesures de soutien. Du coup, il faut s’attendre à une flambée des prix des fruits et légumes et autres produits de large consommation», affirme Bouazza Kharrati, président de la Fédération des associations de protection des consommateurs. Et de poursuivre «qu’il est indispensable de revoir le système pour le rendre plus efficace, et ce à travers un cadre juridique bien précis.

Pour tirer les enseignements qui s’imposent, il est essentiel de faire le bilan et de lancer une enquête approfondie auprès des professionnels du secteur pour avoir leurs suggestions afin d’améliorer tout le dispositif». Pour leur part, les professionnels du transport ont accueilli avec satisfaction le lancement de la subvention, bien qu’ils aient formulé quelques réserves. «Le gasoil est un composant important de notre activité. Il peut atteindre 70% de nos charges d’exploitation. La subvention, qui est de 1.600 DH pour les petits taxis et 2.200 DH pour les grands, soulage quelque peu ce fardeau. Elle est octroyée aux propriétaires de taxis, qui devraient normalement la transférer aux chauffeurs, car ce sont eux qui payent le gasoil et sont les seuls impactés par le renchérissement des prix. Malheureusement, certains propriétaires ne respectent pas cette règle, profitant du flou juridique. Il est donc indispensable de fixer un dispositif règlementaire afin de garantir que la distribution de la subvention soit destinée aux personnes ciblées», souligne Mohamed Harrak, secrétaire général du syndicat des taxieurs, affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT).

Et de souligner par ailleurs que «le secteur du transport en général et celui des taxis en particulier a besoin d’une profonde réforme pour le mettre à niveau. Il est encore régi par un système hérité de l’époque coloniale et n’arrive pas à suivre l’évolution socioéconomique du pays. De nombreux éléments sont à revoir, comme les modalités d’octroi des agréments et leur fonctionnement, le cadre régissant le permis de confiance, la carte professionnelle, la sécurité sociale, la relation existant entre le propriétaire de l’agrément, celui de la voiture et les chauffeurs. Sans oublier les problématiques générées par les applications de mobilité qui opèrent en l’absence d’un cadre juridique, ce qui est une concurrence déloyale». Il y a quelques mois, Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, a, devant la commission des infrastructures, de l’Energie, des Mines et de l’Environnement de la Chambre des représentants, reconnu «les difficultés structurelles rencontrées pour mettre à niveau le secteur du transport». Il a mis en valeur l’approche participative avec les professionnels pour investir de nouvelles pistes de réflexion afin d’entamer les chantiers de réforme. 

 

 

 

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