Souveraineté industrielle: des résultats probants, mais…

Souveraineté industrielle: des résultats probants, mais…

Les opérateurs marocains sont de plus en plus enclins à investir dans le secteur industriel.

L’on dénombre l’existence d’un total de 683 projets d’investissement représentant un potentiel de substitution de 42,4 Mds de DH d’importations à fin septembre 2021.

 

Par M. Diao

 

 

Au Maroc, la crise liée à la Covid19 n’a pas eu que des conséquences néfastes sur le front industriel. La stratégie industrielle du pays en est sortie plus cohérente et davantage ambitieuse. Pour cause, dans l’optique de renforcer la résilience industrielle du Royaume et le rendre ainsi moins dépendant de l’extérieur, le gouvernement El Otmani a lancé, dans le contexte Covid-19, une banque de projets industriels visant la substitution des importations de bon nombre de produits industriels, susceptibles d’être fabriqués au Maroc.

La rencontre organisée récemment au siège de la CGEM, portant sur les moyens à déployer pour promouvoir davantage l'investissement industriel au Maroc, a permis à Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, de faire le point sur la stratégie industrielle et d’exposer les enjeux cruciaux du moment et ceux à venir. C’est non sans satisfaction, au sujet de la constitution de la banque de projets, que le ministre a révélé l’existence d’un total de 683 de projets d’investissement représentant un potentiel de substitution de 42, 4 Mds de DH d’importations à fin septembre 2021. Ce qui équivaut dans le même temps au potentiel de 53,3 Mds DH à l’export.

«Il faut savoir que 90% des porteurs de projets sont marocains», précise Mezzour, qui a mis l’accent sur le fait que les nationaux se sont de plus en plus enclins à investir dans le secteur industriel. Jusquelà, la branche était délaissée au profit d’autres activités (immobilier, commerce, etc.). Force est d’admettre que la nouvelle dynamique est de bon augure pour l’industrialisation du Maroc, dont le marché est de plus en plus convoité par les opérateurs étrangers, pour ne citer que les Turcs, qui défrayent souvent la chronique à l’échelle nationale dans les secteurs du textile et de l’automobile.

Les membres du patronat marocain dirigé par Chakib Alj n’ont pas manqué d’interpeller le ministre sur bon nombre de questions toujours en suspens, liées entre autres à la compétitivité des entreprises, notamment les facteurs de production (énergie, foncier, financement, etc.), la pression fiscale sur les entreprises ainsi que les délais de paiement.

La défense commerciale, une priorité

Il est illusoire de prétendre renforcer son tissu industriel sans mettre l’accent sur les mécanismes de protection de son marché domestique contre les agressions d’opérateurs étrangers. «Jusque-là, plus de 1.200 normes marocaines ont été produites pour protéger les consommateurs et notre industrie de la concurrence déloyale», rappelle Mezzour, qui connaît bien l’organisation patronale, une fervente partisane du «made in Morocco».

L’accroissement du sourcing local de la part de grands groupes dans les domaines du textile, l’agroalimentaire ou encore l’automobile, constitue un gage de confiance ascensionnelle du savoir-faire marocain, d’après Mezzour.

«Casablanca est dans le top 12 mondial en matière d’investissement dans la recherche et développement», renseigne le patron du département de l’Industrie. Et d’ajouter : «les ingénieurs marocains savent désormais concevoir et créer des voitures avec une décote de 60% par rapport à certains bastions étrangers réputés dans le domaine automobile. A titre illustratif, le Maroc est davantage compétitif  qu’un pays comme l’Inde», soutient Ryad Mezzour.

Par ailleurs, le ministre reconnaît l’urgence de l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Un instrument financier qui sera d’une grande utilité pour les entreprises marocaines souscapitalisées et secouées par la crise liée à la Covid-19, toujours d’actualité avec l’irruption du variant Omicron. Au final, l’industrialisation du pays est en marche, mais tout l’enjeu est de pallier ou combler intelligemment l’absence de certains maillons de la chaîne de production industrielle, notamment pour certains secteurs fortement pourvoyeurs de valeur ajoutée. 

 

 

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