Les investissements dans le secteur agricole ont connu une hausse soutenue depuis le lancement du Plan Maroc Vert (PMV). Une dynamique qui a relevé le taux de croissance annuel du PIB agricole à 7,7% durant la période 2008-2014, contre une hausse de 4,2 % pour les autres secteurs productifs durant la même période.
La tendance positive engendrée par le PMV est due à l’amélioration du climat des affaires et à l’augmentation de la cadence des investissements dans le secteur. Les investissements publics et privés durant la période 2008-2015 se sont élevés à plus de 100 milliards de dirhams.
De ce fait, la dynamique issue de la formation brute du capital fixe (FBCF) a non seulement permis une augmentation des investissements privés, mais également de diversifier largement les sources de financement. Ainsi, les investissements directs étrangers ont été multipliés par 3,5, passant de 80 millions de DH à près de 300 millions de DH. Les bailleurs de fonds qui, par le passé, ne contribuaient que faiblement, voire pas du tout, aux investissements dans le secteur, ont été attirés par le bien-fondé du PMV, en particulier le pilier II dédié à l’agriculture familiale, et au plan national d’économie en eau d’irrigation. Des fonds sont levés auprès de plusieurs organismes financiers nationaux et internationaux.
Le volume des exportations agricoles a enregistré une hausse de 54% durant la période 2009-2015. On note également la diversification des débouchés et la consolidation du produit «made in morocco» sur le marché international.
A la lecture du premier bilan des principales réalisations du PMV, l’on retient que la superficie cultivée a augmenté de 10% et des progrès significatifs ont été consentis dans tous les facteurs de production (mécanisation, semences, engrais). Cela a permis une amélioration de la production agricole de 43%, entraînant un accroissement de 15% de la disponibilité alimentaire par habitant, soit 80 kg/an/habitant, une stabilité des prix des aliments et une faible augmentation de l’indice des prix alimentaires à 13%, contre 33% dans le reste du monde.
A l’instar du développement du pays, l’agriculture nationale évolue à deux vitesses. La branche moderne dispose de structures et d’outils quasi-similaires à ce qui existe dans les pays développés. Le maître-mot est la productivité et la performance. Elle fait appel aux meilleures innovations technologiques et arrive à limiter à l’extrême les aléas climatiques.
En revanche, la branche traditionnelle reste vivrière, fortement dépendante des pluies. Conscient de ce constat, le pays a lancé un méga programme pour consolider les acquis du secteur moderne et hausser le niveau de la partie traditionnelle.
Le PMV est l’un des grands chantiers du Royaume. Ce programme, quelques années après son lancement, commence à se concrétiser. Dans certaines filières comme le sucre, les fruits et légumes, la croissance de la production dépasse les deux chiffres, alors que dans d’autres, comme les céréales, la cadence est moins rapide.
Le PMV ne peut réussir sans la contribution de tous les acteurs, aussi bien ceux du secteur public que du privé. Ce Plan demande beaucoup d’efforts, des fonds importants, de la coordination et, surtout, de la bonne volonté.
Le développement de l’agriculture marocaine aura à coup sûr des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie nationale. Les secteurs agroalimentaire ou agro-industriel seront bien approvisionnés tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Ce qui va leur permettre d’améliorer leur compétitivité surtout à l’export.
Le marché national, pour sa part, sera bien alimenté et les prix seront abordables par le jeu de l’offre et de la demande.
Toutefois, l’agriculture nationale doit relever plusieurs défis; celui de la sécurité alimentaire en est le plus saillant.
«La crise internationale a montré que des perturbations au niveau de l’offre peuvent créer des tensions sociales. Les experts et autres professionnels du domaine agricole marocain sont affirmatifs : le pays a d’énormes potentialités qui restent peu ou mal exploitées. Certains exploitants, dans plusieurs filières, sont parvenus à des niveaux de productivité qui égalent ceux de leurs homologues américains ou européens», souligne Mohamed Amrani, professeur d’économie.
L’expérience marocaine est devenue un exemple pour d’autres pays, comme le Gabon et la Côte d’Ivoire qui ont formulé le voeu de s’en inspirer.
Reste à signaler que le PMV a démarré ses travaux par la restructuration du Département de l’agriculture, qui a été entamée depuis 2008. En effet, les structures centrales et décentralisées ont connu une réelle réforme pour s’adapter aux exigences de l’opérationnalisation de la stratégie du secteur agricole.
Charaf Jaidani