SIAM 2016 : «Notre Groupe soutient la bancarisation dans le monde rural»

SIAM 2016 : «Notre Groupe soutient la bancarisation dans le monde rural»

Sijilmassi

Abordant l’évolution du SIAM, Tariq Sijilmassi président de l’Association de l’organisation du SIAM et président du Directoire du Groupe du Crédit Agricole du Maroc, donne son point de vue sur l’accompagnement des agriculteurs, surtout les petits exploitants en matière de financement, et les résultats de la banque verte.

Finances News Hebdo : Le SIAM tient cette année sa 11ème édition; comment jugez-vous l’évolution de cet événement ?

Tariq Sijilmassi : Très satisfaisante ! En 11 ans, le SIAM a gagné en maturi­té. Il s’est imposé comme la référence des salons agricoles en Afrique et s’est positionné sur l’échiquier international en tant que rendez-vous incontour­nable des professionnels du secteur. Au fil des années, le Salon a vu le nombre de visiteurs et d’exposants augmenter significativement, ce qui a nécessité de doubler quasiment sa superficie pour pouvoir accueillir ce flux considérable. Nous avons une demande de l’international de plus en plus accrue : aujourd’hui, ce sont plus de 60 pays qui exposent contre une vingtaine lors des premières années.

F.N.H. : Le Groupe Crédit Agricole du Maroc est un acteur incontournable dans le domaine du financement du secteur; quel rôle joue votre organisme pour accompagner les petits fellahs ?

T. S. : La stratégie de développe­ment de l’agriculture marocaine place l’agriculture solidaire au coeur du Plan Maroc Vert.

Comme vous le savez, l’agriculture marocaine est caractérisée par une prédominance des petites et moyennes exploitations agricoles qui représentent 70% du tissu agricole, et dont la majo­rité est exclue du financement bancaire classique en raison de leur fragilité économique et foncière. Ces exploita­tions ont des besoins de financement spécifiques et des cycles de production et de commercialisation auxquels la microfinance est inadaptée.

Pour assurer à cette catégorie un financement adapté à leurs besoins réels, et accompagner la dynamique engendrée par la stratégie agricole gouvernementale, le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) a apporté une réponse novatrice unique en son genre en créant une société de finan­cement pour le développement agri­cole dénommée «Tamwil El Fellah» (TEF).

Grâce à cette filiale, nous proposons des crédits adaptés à tous les petits agriculteurs ayant des difficultés d’ac­cès au financement bancaire classique, y compris les agrégés du Pilier I, et les bénéficiaires des projets d’agriculture solidaire du Pilier II du Plan Maroc Vert. Notre offre est destinée à tous les petits agriculteurs, à titre individuel ou sous forme de groupements (coopéra­tives, associations, etc.), et intègre les différentes activités agricoles, la petite agro-industrie et les activités rurales. Elle couvre, d’une part, les besoins d’exploitation : frais de cultures, d’en­tretien des plantations fruitières, d’éle­vage, de commercialisation et activités économiques en milieu rural, etc. Et d’autre part, les dépenses d’investis­sement : aménagements hydroagri­coles, aménagements fonciers, créa­tion de plantations fruitières, matériel et équipement agricole, etc.

Nous avons placé les zones éloi­gnées et enclavées parmi nos priori­tés et avons mis en place un réseau d’agences mobiles en vue de renforcer davantage notre rôle de proximité vis-à-vis des petits agriculteurs.

Les performances réalisées par TEF confortent le positionnement straté­gique du GCAM en tant qu’acteur incontournable du financement de l’agriculture solidaire : nous avons accompagné plus de 66.000 petits agriculteurs pour une enveloppe glo­bale de crédits de l’ordre de 1,4 milliard de dirhams et ce, à travers un réseau de distribution de 248 points de vente.

Il est important de souligner qu’en plus du financement à proprement parler, nous nous efforçons d’encadrer les petits agriculteurs et accompagnons des initiatives de nature à impacter durablement l’environnement global du petit fellah. Ainsi, dans le cadre de la réduction du coût énergétique des exploitations agricoles, TEF s’est imposé par son action comme le pré­curseur du financement de l’utilisa­tion des énergies renouvelables en accompagnant 1.800 petits projets de reconversion de systèmes d’irrigation gravitaires, faisant appel aux énergies fossiles, en irrigation localisée équipés de pompes solaires, pour un montant de crédits de 130 millions de dirhams. Ce financement de projets d’économie d’eau et d’énergie s’inscrit d’ailleurs dans une approche stratégique globale de développement durable adoptée par le Groupe Crédit Agricole du Maroc.

TEF offre également aux agriculteurs un service de conseil, notamment, en matière de montage des projets et d’appui pour l’accès aux subventions de l’Etat.

Par ailleurs, le GCAM a souvent mené des opérations d’accompagnement et de traitement du surendettement des agriculteurs lors de phases difficiles dues aux aléas climatiques, et ce afin d’améliorer leurs revenus et viabiliser leurs exploitations agricoles par l’accès de nouveau au financement.

F.N.H. : La campagne agricole a connu cette année une période de sécheresse de près de trois mois entre novembre 2015 et février 2016. Quelles sont les mesures prises par votre orga­nisme pour accompagner les fellahs, surtout les petits ?

T. S. : En application des Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi que Dieu le Glorifie, et en appui aux mesures gouvernementales pour l’allè­gement des effets du retard des pluies sur les agriculteurs, nous avons mis en oeuvre des mesures exception­nelles, dont l’affectation d’une enve­loppe additionnelle de 1,5 milliard de dirhams pour le financement des pro­duits ci-après :

LEKSSIBA, dont l’objectif est de permettre aux éleveurs de garder leur cheptel et faire face aux coûts des aliments, des soins vétérinaires et de la mise en place des cultures fourra­gères;

LGHARS pour financer l’entretien et l’irrigation des plantations;

FILAHA RABIIA à l’effet de per­mettre aux agriculteurs de mettre en place des cultures printanières.

Des mesures d’assouplissement et de simplification des procédures de trai­tement des demandes des agriculteurs ont également été mises en place.

F.N.H. : Quelles sont les actions prises par votre organisme pour encourager la bancarisation dans le monde rural ?

T. S. : C’est l’un des axes prioritaires de notre stratégie. Pour cela, nous avons mené un certain nombre d’actions pour encourager et faciliter la bancarisation des agriculteurs que nous ne considé­rons pas uniquement comme des pro­fessionnels, mais comme des citoyens qui ont des besoins spécifiques en tant que particuliers et pour lesquels nous veillons à élargir la gamme des services offerts. Nous mettons à leur disposition tous les produits classiques offerts en milieu urbain, c’est-à-dire la monétique, la bancassurance, les produits de crédits à la consommation, les crédits immobiliers et la satisfaction de tous leurs autres besoins, à savoir l’épargne-logement, l’épargne-éduca­tion, la retraite, les cartes prépayées etc. Nous avions pour cela lancé un nouveau pack dénommé Hissab El fellah, offrant la possibilité d’ouvrir des comptes bancaires en exonéra­tion des frais. Pour les servir, nous disposons d’un programme ambitieux d’ouvertures d’agences en milieu rural et avons été les premiers à lancer, en 2006, des agences mobiles qui sillonnent régulièrement les souks. Elles sont aujourd’hui au nombre de 55 desservant 330 souks hebdoma­daires, dont 30 dédiées à l’animation commerciale pour la banque classique en vue de faire connaître nos pro­duits, notamment «Hissab El Fellah», 20 agences mobiles gérées par la fon­dation Ardi, et 5 par Tamwil El Fellah.

Nous avions également lancé l’opé­ration ASWAK qui est une opération de grande envergure consacrant le principe de proximité et visant à être à l’écoute des agriculteurs en permettant leurs financements dans les meilleures conditions.

Nous avions pour cela constitué une task-force composée de la force de vente régionale, environ 100 cadres et agents CAM, dont le rôle est d’être présents à côté des agriculteurs et ruraux dans les souks hebdomadaires, pour les informer des dispositions du GCAM, les orienter et satisfaire leurs demandes.

F.N.H. : Comment évaluez-vous les résultats réalisés par le GCAM en 2015 ?

T. S. : La banque a réalisé de bonnes performances en 2015, en droite ligne avec notre plan stratégique GCAM 2016, confirmant ainsi notre stratégie de développement axée sur le recru­tement de nouveaux clients et un fort engagement envers le monde rural.

Nous avons amélioré tous nos indica­teurs d’activité : l’épargne collectée a atteint 71 milliards de DH, en hausse de 6%, les encours de crédits distri­bués se sont chiffrés à 66 milliards de DH soit une augmentation de 4%. Le PNB s’affiche à 3,2 milliards de DH soit 6% de plus, le résultat net consolidé à 547 millions de DH, soit une hausse de 5%. Quant au résultat net part du Groupe, il s’affiche à 541 MDH, en hausse de 6% par rapport à décembre 2014. Pour ce qui est du renforce­ment de l’assise financière, les fonds propres réglementaires ont augmenté de 17% pour atteindre 7,9 milliards de DH. Notre réseau est en perpétuelle extension et compte aujourd’hui 797 points de vente contre 739 en 2014.

Ceci est le fruit de la politique que nous adoptons et qui concilie rentabilité, croissance et renforcement de l’assise financière.

Ces résultats performants nous poussent d’ailleurs à placer la barre plus haut à l’avenir. Nous avons l’am­bition de renforcer notre engagement envers le monde rural, de dépasser les 2 millions de clients à horizon 2017 et d’élargir le panel des produits que nous proposons à la clientèle pour répondre au mieux à l’ensemble de ses besoins.

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