Secteur industriel: les ingrédients pour réussir de nouveaux écosystèmes

Secteur industriel: les ingrédients pour réussir de nouveaux écosystèmes

Il est important de fédérer des groupes d’entreprises autour de locomotives porteuses de projets dans une filière bien déterminée.

L’existence d’équipementiers, de sous-traitants et de fournisseurs est garante de la réussite de l’ensemble.

 

Par C. Jaidani

Pour ne pas rester dépendants de l’agriculture et du tourisme qui sont vulnérables face aux différents aléas, le Maroc a fait de l’industrie une nouvelle locomotive pour son économie nationale. Certaines filières comme l’automobile ou l’aéronautique ont réalisé des pas de géants. Leur taux d’intégration n’a cessé de se développer au fil des ans. D’autres activités s’inscrivent, elles aussi, dans un programme de développement ambitieux comme le textile, le cuir, la métallurgie, l’offshoring ou l’agroalimentaire.

Dernièrement, le département de l’Industrie a voulu propulser d’autres écosystèmes porteurs, à l’image de celui de la construction navale, militaire, des tracteurs agricoles, la valorisation des métaux ou la fabrication des cyclomoteurs. Certes, ces créneaux n’ont pas la même taille ni la même portée économique que les autres tant au niveau de la valeur ajoutée et les emplois créés que des investissements mobilisés. Mais ils assurent toutefois une diversification du tissu industriel national en impulsant une nouvelle dynamique. Par exemple, pour la filière cyclomoteurs, tous les ingrédients nécessaires sont réunis au Maroc pour assurer son développement.

L’activité a existé auparavant dans le Royaume soit par des productions sous licence pour certaines marques comme Peugeot ou Mobylette, soit par la construction locale avec un taux d’intégration dépassant les 70%, comme ce fut le cas pour la marque Faras dont la conception et la production ont été réalisées dans un site à Fès. Elle était le fruit d’un partenariat entre une entreprise marocaine et une firme française. Ces activités ont disparu sous l’effet de nombreuses problématiques, dont notamment l’étroitesse du marché local et la concurrence étrangère des pays du sud-est asiatique. Mais actuellement, la situation a beaucoup évolué au Maroc.

«Le tissu industriel national est arrivé à un certain niveau de maturité qui lui permet de franchir de nouvelles étapes. Il est plus facile de lancer un écosystème industriel du fait de l’existence d’une bonne partie des conditions requises, notamment les équipementiers, les sous-traitants, les fournisseurs, le foncier, les ressources humaines qualifiées ainsi que le financement à des taux préférentiels», souligne Youssef Idrissi, professeur d’économie industrielle à l’Université Hassan II de Casablanca. Il faut rappeler que le système des écosystèmes consiste à fédérer des groupes d’entreprises autour de «locomotives» porteuses de projets dans une filière bien déterminée, à l’image de Renault et Stellantis pour l’automobile.

Ces locomotives peuvent être des leaders industriels nationaux, des groupements professionnels ou encore des investisseurs étrangers. Les alliances d’entreprises qui se tissent ainsi et forment des communautés de destin stratégique organisées, gagnent en performance et en réactivité et contribuent à renforcer la compétitivité de filières dans leur intégralité.

«Au-delà de l’aspect industriel, les écosystèmes à développer ont besoin d’une bonne maîtrise de toute la chaîne de valeur, à commencer par l’approvisionnement de la matière première et des produits semi finis. Il est important de réaliser des économies d’échelle pour rendre le coût de production plus compétitif afin de faire face à la concurrence des produits étrangers. Le volet logistique est lui aussi important pour fluidifier tout le process. Mais l’aspect relatif à la commercialisation des produits est le plus crucial. Outre le marché local, il est pertinent de diversifier ses débouchés à l’international, principalement dans les marchés où le Maroc a déjà une présence historique comme l’Afrique de l’Ouest. S’il n’y a pas un marché potentiel, aucune filière ne peut perdurer. Les investisseurs ont besoin de visibilité pour le long terme», explique Idrissi. 

 

 

 

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