Par B. Chaou
Depuis quelques semaines, le pays connaît une flambée des cas de contamination ainsi que des hospitalisations dus à la Covid-19, ce qui ne manque pas d’instaurer un sentiment d’inquiétude tant auprès des autorités que des acteurs économiques.
Ces derniers craignent un retour à des restrictions plus contraignantes qui pourraient encore une fois réduire leurs niveaux d’activité ou les contraindre à l’arrêt. Nous avions déjà parlé de ce scénario, appelé «go and stop».
A cet effet, il y a quelques jours, les autorités du Royaume ont appuyé sur le bouton «pause» pour certaines activités, notamment celles de l’événementiel, avec l’interdiction des fêtes, des mariages, des rassemblements et des activités en plein air de plus de 50 personnes. De même, il a été imposé le respect d’un maximum de 50% de la capacité d’accueil dans les cafés et restaurants ainsi que dans les piscines publiques. Selon Idriss El Kaitouni, docteur en économétrie, «ces mesures interviennent à un moment où le secteur de l’organisation, que ce soit celui des mariages ou d’autres festivités, commençait à peine à se redresser. Les opérateurs de ce secteur vont connaître des jours difficiles; je pourrais même dire que certains parmi eux seront obligés de changer de métier à cause du manque de visibilité qui caractérise l’évolution de cette pandémie. L’économie sera sans aucun doute touchée».
Justement, le gouvernement n’a donné aucune indication concernant la durée des nouvelles décisions, ce qui laisse supposer qu’elles resteront donc en vigueur jusqu’à l’amélioration de la situation sanitaire. Du côté des professionnels, on pointe du doigt le manque de mesures d’accompagnement.
Selon Mohamed El Fane, président de la Fédération marocaine de la franchise, «nous comprenons que les mesures prises visent à contrer la pandémie, mais il faut au même moment accompagner les restaurateurs et les cafés. Nous demandons depuis une année la revue des taxes professionnelles, dont celles communales et d’occupation d’espaces publics, mais les discussions n’avancent toujours pas et ça pèse sur nos chiffres».
Le vaccin change-t-il la donne ?
Par ailleurs, l’idée de vivre avec le virus pour le bien de l’économie expose les citoyens à devoir subir des mesures sanitaires inédites tant que l’immunité collective n’est pas atteinte. Cependant, les décisions préventives prises par les autorités ne sont actuellement pas aussi sévères que celles observées une année auparavant, grâce notamment à la bonne évolution de la campagne de vaccination.
Toutefois, afin de mieux protéger la population, de nouvelles mesures comme l’utilisation du pass vaccinal pour avoir accès à certaines activités sont recommandées par les professionnels de santé.
«70% à 80% des personnes en réanimation ne sont pas vaccinées. Ce qui risque de porter atteinte à tout un système de santé et nécessite des mesures restrictives pouvant même aller jusqu’au confinement. Pour ne pas en arriver là, l’application de solutions comme le pass vaccinal pourrait être envisagée, pour le bien de la santé de la population, mais aussi pour le bien de l’économie. Autrement, on risque de rester otage des personnes non vaccinées», précise le Dr Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé.
Et d’ajouter : «Le rôle du vaccin est de réduire le nombre de cas graves et de décès, et donc la pression sur les hôpitaux. Alléger la pression sur l’hôpital permet au pays de tenir debout et d’éviter certaines mesures restrictives, car avec 30% de la population vaccinée aujourd’hui, l’Etat sera contraint de prendre des mesures plus contraignantes pour une durée plus longue».
La vaccination a donc changé la donne en comparaison à une année plus tôt. Elle permet à certaines activités telles que la restauration, les cafés et le tourisme d’éviter de connaître une forte baisse de leurs activités, en attendant que l’immunité collective soit atteinte à travers la vaccination d’au moins 80% de la population.