La volatilité de la croissance maintient le Maroc dans la trappe des pays à revenu intermédiaire.
Le retour d’une croissance soutenue et durable risque d’être lent si les réformes majeures ne sont pas accélérées.
Par M. Diao
Les personnes qui suivent l’actualité économique du Royaume ne sont pas sans savoir que la résolution de la problématique du chômage et celle des inégalités économiques et sociales dépendent en grande partie du rythme de la mise en place de mécanismes et de réformes structurelles, à même de lui permettre de générer un taux de croissance d’au moins 6% du PIB sur une longue période.
La volatilité de la croissance maintient le Maroc dans la trappe des pays à revenu intermédiaire, lesquels font face à plusieurs défis. A ce titre, rappelons que le taux croissance, qui s’est contracté sous l’effet de la covid-19 à (-7% du PIB en 2020), devrait osciller entre 5 et 6% du PIB en 2021, d’après les prévisions (ne tenant pas compte de l’effet du variant Omicron), avant de reculer à 3,2% du PIB d’après le PLF 2022. Le septième webinaire organisé récemment par l’Institut CDG, sous le thème «Comment la relance économique s’annonce-t-elle ?», tombe à point nommé.
La propagation du variant Omicron à l’échelle nationale et internationale accroît sensiblement les incertitudes. Larabi Jaidi, économiste et membre de la Commission pour le nouveau modèle de développement (CNMD), est formel. «L’après-crise se singularise par l’existence d’incertitudes radicales. Au Maroc, le retour d’une croissance soutenue et durable risque d’être lent si les réformes majeures ne sont pas accélérées», assure Jaidi.
Les réformes structurelles deviennent impératives Tout en égrenant les réformes majeures à mener, en phase avec le rapport portant sur le NMD, (protection sociale, compétitivité des entreprises, amélioration du capital humain), l’économiste suggère un bon arbitrage de la part des pouvoirs publics dans le temps, qui s’appuie, entre autres, sur le budget général de l’Etat et la politique monétaire afin d’accélérer la dynamique transformatrice de l’économie nationale.
En d’autres termes, l’Etat devra prioriser les chantiers, en mettant l’accent sur la planification, le suivi, l’amélioration des instances de gouvernance et le dialogue social. En clair, tout l’enjeu est de hâter la transformation du pays vers une économie plus résiliente, donc moins sensible aux conséquences des chocs internes et externes. Pour rappel, le Maroc a vu son PIB tripler en 20 ans. Ce qui n’est pas le cas de son PIB/habitant, lequel a progressé moins rapidement. Pour Jesko Hentschel, directeur des Opérations pour le Maghreb et Malte auprès de la Banque mondiale, le salut du Maroc sur le front économique passe, entre autres, par l’innovation, la formation du capital humain, l’amélioration du taux d’activité de la gente féminine (autour de 20% seulement) et l’édification d’un marché respectueux des règles de la concurrence.
Toujours au registre des remèdes, le professeur Jaidi recommande l’association d’une politique macroéconomique idoine avec une bonne politique sectorielle, tout en garantissant un environnement microéconomique favorable aux ménages et aux entreprises marocaines. Dans le même ordre d’idées, le recours aux financements innovants (une alternative à l’endettement public et au BGE), la bonne allocation des ressources publiques et l’instauration d’un marché des capitaux plus enclins à financer les TPME, seraient autant de solutions pour libérer le potentiel de développement du pays.