La fin du confinement, tous les Marocains en rêvent. Devant les images des chaines d’informations en continue, on se prend à envier ces pays qui, l’un après l’autre, se «déconfinent» et retrouvent une vie à peu près normale, après plusieurs semaines de restriction.
On se dit que ce sera notre tour le 20 mai, date à laquelle l’Etat d’urgence sanitaire, décrétée le 20 avril dernier, arrive à sa fin.
Sauf que la réalité est tout autre : plusieurs éléments laissent présager que l’Etat d’urgence sanitaire sera prolongé au-delà de cette date, et que le Maroc n’en a pas encore fini avec les restrictions.
Il y a d’abord la situation épidémiologique du pays.
Les cas de contaminations au covid-19 ne parviennent pas à s’inscrire durablement sur un trend baissier. Au contraire, ils sont repartis à la hausse ces derniers jours. De 69 cas le 29 avril dernier, les nouveaux cas d’infections au covid-19 ont atteint 102 le 30 avril, 174 le 3 mai, 189 le 6 mai, 163 le 11 mai. Au dernier pointage ce jeudi 14 mai, le nombre de nouveaux cas est retombé à 94. Il faut espérer que la baisse se prolonge durant les prochains jours. Mais de l’aveu même de Mohamed Youbi, directeur de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé, le virus continue de se propager dans notre pays, particulièrement dans le cadre de clusters dans différentes régions du Royaume.
Ces foyers de contaminations sont justement le deuxième élément qui ne plaide pas pour une levée des restrictions dès le 20 mai.
En effet, plusieurs foyers d’infections sont apparus, en particulier au sein d’unités industrielles. Visiblement, les mesures de sécurité et les gestes barrières instaurés dans ces usines se sont révélés insuffisants pour éviter les contaminations, ce qui compromet sérieusement la fin du confinement pour le 20 mai.
L’évolution de l’épidémie dépend largement de la maîtrise de ces foyers.
Par ailleurs, la décision prise par le ministère de l’Education nationale de retarder à septembre l’ouverture des écoles et des universités laisse augurer d’une prolongation du confinement au-delà du 20 mai.
Il est en effet difficile d’imaginer un déconfinement sans retour des élèves sur les bancs de l’école.
En France par exemple, la réouverture des écoles a été concomitante au déconfinement progressif du pays le 11 mai.
Enfin, et surtout, le comportement des Marocains en matière de respect du confinement et des gestes barrières s’est clairement détérioré ces derniers temps, notamment avec l’avènement du mois de Ramadan : les marchés sont pleins, les rues aussi, notamment dans les quartiers populaires. La distanciation sociale semble être complètement oubliée. C’est à l’aune de ce relâchement manifeste de la vigilance que les autorités ont, semble-t-il, resserré la vis en matière de contrôle des déplacements.
Quoi qu’il en soit, nous en saurons plus le 18 mai prochain.
La Chambre représentants et la Chambre des conseillers tiendront, en effet, une séance commune qui sera consacrée à la présentation par le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, du «développement de la gestion du confinement pour l'après 20 mai».
Et au vu des éléments signalés plus haut, il serait très surprenant que l’Etat d’urgence sanitaire ne pas soit reconduit. La question qui se pose dès lors est : pour combien de temps encore ?