Depuis l’indépendance, le Maroc a fait de la politique des barrages un axe stratégique de son développement. L’augmentation de la capacité de stockage a eu des eff ets bénéfi ques sur de nombreux secteurs. Mais la sécheresse qui sévit actuellement a révélé quelques lacunes qu’il faut combler afi n de préserver et mieux gérer les ressources hydriques
Actuellement, le Royaume dispose de plus de 149 ouvrages d’une capacité globale de plus de 19 milliards de m3 , et plus d’une centaine de petits barrages et lacs collinaires. Cette politique a montré sa pertinence et a permis au pays de faire face aux différents aléas climatiques. Outre la production de l’eau potable et l’électricité, les barrages ont permis d’augmenter la superficie des périmètres irrigués qui atteint actuellement 1,5 million d’hectares. Poursuivant dans cette orientation, le gouvernement a annoncé un vaste programme de construction de nouveaux barrages. Ainsi, 20 nouveaux ouvrages sont programmés d’ici 2030 afin de porter la capacité totale de stockage en eau à 24 milliards de m3.
«Compte tenu de l’urgence de la situation, le gouvernement travaille pour réduire les délais de livraison des barrages afin de pouvoir répondre à la demande croissante en matière d’eau. Auparavant, les réalisations s’étalaient sur une période de 6 à 7 années. Actuellement, il est possible de réduire les délais à 4 ou 5 ans», souligne Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau. Ces ouvrages sont localisés dans plusieurs régions du Royaume. Mais depuis un certain temps, des voix s’élèvent pour demander que les ouvrages soient installés prioritairement dans les régions les plus vulnérables au stress hydrique, notamment le sud du pays. Les deux dernières années de sécheresse ont fortement impacté des zones agricoles comme le Souss, Chichaoua, Haouz ou Abda nécessitant une rationalisation rigoureuse des ressources hydriques.
«Les exploitants agricoles du Souss ont subi de plein fouet les restrictions liées à l’utilisation de l’eau d’irrigation. Sans cela, le rendement des récoltes aurait pu être meilleur. Il est utile de trouver de nouvelles solutions, comme la construction de nouveaux barrages ou l’acheminement de l’eau excédentaire du Nord du pays vers le Sud qui accuse un déficit hydrique chronique», affirme Lahcen Adardour, président de l‘Association des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (APEFEL). En effet, dans la région du Souss, qui assure 65% de la production nationale de fruits et légumes et 80% des exportations, les capacités totales de stockage des barrages ne renferment que 730 millions de m3 , soit 4,5% seulement des capacités totales des barrages du Royaume. D’où une injustice hydrique entre les régions qu’il faut combler. Outre la construction de nouveaux barrages, le projet de transfert du surplus d’eau des bassins de Sebou et du Loukos pour l’acheminer vers les régions agricoles du Sud doit être remis sur les rails.
Il permettra de mobiliser pas moins de 2 milliards de m3 et donnera une forte impulsion à l’agriculture et d’autres activités comme le tourisme et l’industrie. Les producteurs pourront améliorer la qualité des récoltes et augmenter leurs récoltes à travers la productivité et l’élargissement des périmètres irrigués. Pour les exportateurs, ils seront plus compétitifs par rapport à leurs concurrents étrangers. L’apport en eau permettra également d’améliorer l’autosuffisance du Maroc dans certains produits stratégiques comme le blé, les oléagineux, les légumineuses ou le lait. Il faut rappeler que le Nord du Maroc est doté d’un immense potentiel hydrique, aidé par la présence de deux chaînes montagneuses (Rif et Moyen-Atlas) ainsi que la position géographique de cette zone qui favorise la pluviométrie. Force est de constater que le Maroc est un pays semi-aride exposé aux aléas climatiques, particulièrement la sécheresse. Plusieurs régions du pays sont sous le coup de la pénurie en eau et du stress hydrique. Les besoins en eau pour les usages domestiques et l’agriculture sont en perpétuelle croissance.
Le Plan national de l’eau ambitionne d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. Cet équilibre se fera non seulement à travers une mobilisation accrue des ressources en eau, mais aussi à travers leur gestion rationnelle. En effet, la stratégie veut mettre l’accent sur une gestion efficace de l’eau à travers l’augmentation de la rentabilité des réseaux de distribution, pour atteindre un taux de 80% à l’horizon 2025. Plus de 120 millions de m3 d’eau par an seront économisés d’ici cette date. Les fuites d’eau et l’évaporation sont les principales causes de gaspillage de cette denrée naturelle. Le taux de rentabilité devrait passer à 90% à l’horizon 2030. «Il est prévu de moderniser les réseaux de distribution et de maintenance. La réhabilitation des réseaux d’assainissement sera l’une des grandes priorités pour le PNE. En matière de mobilisation et de stockage des eaux, des investissements importants seront mobilisés pour la construction de nouveaux barrages», précise Baraka