Bien positionné au niveau mondial, le Maroc peut facilement améliorer son classement. Ne nécessitant pas de grandes parcelles et résistantes à la sécheresse, l’activité est préconisée pour lutter contre la précarité.
Par C. Jaidani
En dépit des énormes potentialités qu’elle présente, la filière «Plantes aromatiques et médicinales» (PAM) reste peu exploitée et peu investie par les porteurs de projets. Les efforts de l’Etat et des professionnels du secteur sont focalisés sur des niches bien particulières dont la demande est importante, comme le safran, la menthe, le romarin, la verveine, le jasmin ou les huiles essentielles, dont celles de l’argan ou de la figue de barbarie.
En raison de sa diversité géographique et naturelle, le Royaume regorge de plus d’une quarantaine d’écosystèmes et de 4.300 espèces, dont 630 seulement sont exploitées. Il n’y a que la Turquie dans le pourtour méditerranéen qui affiche une telle diversité. La filière enregistre une production moyenne annuelle de plus de 140.000 tonnes qui, sous l’effet de la sécheresse, a régressé à moins de 100.000 ces dernières années. Des produits qui présentent une activité importante pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique, à l’image de l’armoise dont les extraits sont utilisés pour le traitement des maladies respiratoires, ou le Pissenlit qui sert à fabriquer des diurétiques ou des médicaments contre l’hypertension.
«Le secteur des plantes aromatiques et médicinales est très porteur en matière de création d’emplois, de génération de devises et de valeur ajoutée. Il présente beaucoup d’opportunités pour lutter contre la pauvreté, car l’activité ne nécessite pas de grandes parcelles de terre, peut être déployée dans des terrains accidentés, et la plupart de ces plantes sont résistantes à la sécheresse et autres aléas climatiques. Les récoltes assurent des marges bénéficiaires intéressantes comparativement à d’autres activités agricoles. L’initiative de la culture du cannabis à usage médical a montré sa pertinence. C’est un choix judicieux qui commence à donner de bons résultats, et il présente des perspectives d’avenir très prometteuses», souligne Abdelmounaim Guennouni, ingénieur agronome.
«Il est important d’identifier les différentes espèces, les régions dans lesquelles leur culture est recommandée et aussi d’assurer le circuit de distribution et de vente des produits. De nombreux fellahs marocains travaillent avec des méthodes traditionnelles et, de ce fait, sont fidèles à la culture des céréales, des plantes fourragères et des légumineuses. Pour adopter d’autres cultures, il faut du temps et une formation spécifique. En vue d’atteindre les objectifs escomptés, il est donc souhaitable de les regrouper dans des coopératives ou des associations avec un modèle économique dédié pour leur transmettre les bonnes pratiques. Toujours est-il qu’on note un manque de profils compétents et spécialisés pour chaque type de plante», ajoute-t-il. L’Agence nationale des plantes médicinales et aromatiques (AMPMA) s’active pour élaborer un référentiel national de ces espèces ainsi que leur cartographie.
«Ce référentiel est très utile; il contiendra plusieurs informations pour les porteurs de projets, les scientifiques et les professionnels du secteur. Il permettra à la filière d’aller de l’avant et de prendre un nouvel élan aussi bien en matière de production que d’export», explique Guennouni. Le Maroc est bien positionné en matière d’export de PAM, occupant le 11ème rang mondial. Il dispose de tous les atouts nécessaires pour améliorer son classement, d’autant qu‘il présente un vaste réservoir de biodiversité. Pour accroître ses ambitions sur le marché international, le pays doit redoubler d’efforts en matière de promotion dans les salons et autres canaux de communication. Les opérateurs doivent mettre en valeur l’exclusivité de certains produits qui n’existent qu’au Maroc, et notamment les cultures bio.