Plaidoyer pour des tarifs ciblés

Plaidoyer pour des tarifs ciblés

Pedro MoraledaLe point avec Pedro Moraleda, Directeur général de l’Observatoire méditerranéen de l’énergie sur la nécessité de mettre en place une politique d’efficience énergétique dans le contexte actuel.

- Finances News Hebdo : Les différents intervenants ont insisté sur l’importance de l’efficience énergétique dans le contexte actuel. D’après vous, quel est l’impact de cette efficience et le rôle de l’adoption  d’une réelle politique de l’efficience énergétique par les gouvernements des pays de la zone Mena ?

- Pedro Moraleda : Je dirais que la première chose à faire est la sensibilisation à travers des campagnes de communication afin de sensibiliser le grand public, de sensibiliser les gens sur l’impact du gaspillage énergétique. Heureusement que ce n’est pas le cas pour le Maroc puisqu’il n’y a pas des ressources naturelles, à savoir le pétrole, le gaz… Les Marocains sont conscients que l’énergie coûte cher.

Deuxièmement, il faudra s’inspirer des expériences qui ont bien marché dans les pays du Nord ou du Sud. Cependant, pour l’adoption d’une stratégie de l’efficience énergétique, il faut avoir une autorité unique, avec beaucoup de pouvoir, au sein du gouvernement et dédiée à l’efficacité énergétique qui assure une activité transversale entre tous les ministères ainsi que les autres organismes.

Le troisième et dernier point, c’est le changement des tarifs de l’énergie qui sont bas. Il est vrai que du point de vue social, ça peut créer des conflits, mais ce qui est évident, c’est que certaines catégories de la population profitent des tarifs bas alors qu’elles sont aisées.

A mon avis, il faudra imaginer des solutions pour faire profiter les plus nécessiteux en octroyant des chèques à cette catégorie afin de pouvoir payer la facture énergétique.

- F. N. H. : Aujourd’hui, avec la crise économique européenne, de plus en plus d’investisseurs s’orientent vers les pays nord-africains pour investir; quelles sont les potentialités qui existent ?

- P. M. : Il y a une grande potentialité du point de vue des économies d’échelle. Le Nord et le Sud de la Méditerranée ne peuvent pas vivre isolés ou séparés. L’unique possibilité d’achever les économies d’échelle nécessaires pour succéder à économie globale, c’est de travailler ensemble pour atteindre les résultats escomptés.

Pourquoi ne pas créer des liaisons entre une compagnie du Nord et une du Sud, notamment la compagnie marocaine ONE et des compagnies espagnoles comme FENOSA ou IBERDROLA, ou des compagnies italiennes. Pourquoi ne pas imaginer une seule compagnie ?

- F. N. H. : En quoi consiste le rôle d’un signataire de la Charte de l’énergie ?

- P. M. : Il faut que nous partagions les règles pour que nous puissions travailler ensemble. Et la signature de cette déclaration permet d’établir les périmètres de ces règles.

- F. N. H. : Le Maroc vient d’annoncer la signature de cette Charte ; comment percevez-vous cette initiative ?

- P. M. : A tous les points de vue, le Maroc a montré qu’il a une sensibilité et une vraie vocation pour changer la situation. Ce qu'il faut savoir, c’est que malgré l’absence de ressources naturelles, le Maroc a été le seul pays du Nord de l’Afrique qui n’a pas eu pendant tout l’été une coupure d’électricité. Ce qui montre que le Maroc a déployé une vision de coopération et d’intégration en matière énergétique.

- F. N. H. : Le cadre réglementaire marocain est-il en adéquation avec le cadre juridique dicté par ladite Charte ?

- P. M. : Je ne me sens pas suffisamment autorisé de parler de cet aspect, cependant je pense qu’il y a des axes  d’amélioration. Dans la Charte de l’énergie, il y a des indications pour se mettre à niveau.

 

- F. N. H. : On parle aujourd’hui de la création d’un marché régional de l’énergie intégré ; quelle est  votre vision ?

 

- P. M. : Je pense que c’est absolument nécessaire. Je dirais qu’il faudra plus créer une communauté méditerranéenne plutôt qu’un marché.

 

Dossier réalisé par L. Boumahrou


 


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