L’économie nationale poursuivrait sa reprise l’année prochaine, avec un PIB en progression de 0,3 point à 3,6%, contre 3,3% en 2023.
Par A. Diouf
Alors que l’on ne sait pas encore à quel degré vont se situer les tensions géopolitiques, qui ont un impact avéré sur l’économie marocaine, le HCP est plutôt optimiste pour 2024. L’équipe d’Ahmed Lahlimi pense, en effet, que l’économie nationale poursuivrait sa reprise l’année prochaine, avec un PIB en progression de 0,3 point à 3,6%, contre 3,3% en 2023. L’économie marocaine serait notamment portée par un redressement de l’économie mondiale, induisant un regain de croissance de la demande étrangère adressée au Maroc et une atténuation des niveaux élevés des prix des matières premières, est-il expliqué. En suivant ces hypothèses, le HCP prévoit toutefois que l’inflation, qui se situe à plus de 5% actuellement, continuerait à monter de 1,8% en 2024, contre 1,1% cette année.
Hausse de 8,2% de la valeur ajoutée agricole
S’agissant des dynamiques internes qui seraient à l’origine de toutes ces bonnes nouvelles, il y aurait en premier lieu la bonne tenue du secteur primaire. Sa valeur ajoutée enregistrerait une hausse de 8,2%, contre 6,6% une année auparavant; pendant ce temps, la valeur ajoutée non agricole connaitrait le même niveau de progression que l’année en cours, soit 2,9%. Selon le HCP, la hausse de la valeur ajoutée agricole serait confortée par la consolidation de la production végétale et le redressement attendu de l’activité de l’élevage. Et s’agissant du maintien du taux de croissance des activités non agricoles, il serait induit par un regain de dynamisme du secteur minier et énergétique, mais également des industries de transformation et du BTP.
Selon le HCP, la valeur ajoutée du secteur du BTP devrait également s’accroitre à un rythme plus soutenu que celui enregistré en 2023, profitant de l’apaisement attendu des prix des matériaux de construction, de la consolidation de l’investissement public et des mesures relatives au soutien à l’acquisition des logements. Les services marchands seraient, eux aussi, tirés par la reprise de la demande intérieure. Ils devraient ainsi enregistrer une croissance de 3,1% en 2024, notamment sous l’effet du raffermissement de la performance de l’activité touristique, du commerce et du transport ainsi que de l’amélioration des activités financières.
Bonne tenue de la demande intérieure
En ce qui concerne la demande intérieure, elle devrait afficher une contribution positive à la croissance du PIB en 2024 s’élevant à 3,1 points au lieu d’un point estimé en 2023. Cette performance est attribuable à l’accroissement de la consommation des ménages, qui devrait enregistrer une hausse de 1,6% contribuant ainsi de 1 point à la croissance économique, sur fond d’amélioration du revenu agricole et du maintien du rythme d’évolution tendanciel des transferts extérieurs, dans un contexte marqué par l’atténuation des effets d’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages.
De son côté, la consommation des administrations publiques devrait enregistrer une hausse de 3,8%, donnant lieu à une contribution positive de 0,7 point au PIB. Ainsi, la consommation nationale devrait évoluer de 2,2%, soit un rythme de croissance plus important comparativement à l’année 2023, contribuant pour 1,7 point à la croissance économique en 2024. Tirant profit de l’amélioration des perspectives économiques, de la réduction des pressions inflationnistes, de la consolidation de l’orientation de la politique budgétaire en matière d’investissement, la formation brute de capital fixe (FBCF) devrait s’inscrire en hausse de 2,9% contribuant de 0,8 point à la croissance du PIB.
Accélération des exportations de biens et services
En rapport avec l’extérieur, l’amélioration prévue des perspectives économiques chez les principaux partenaires commerciaux du Royaume devrait contribuer à l’accroissement de la demande adressée au Maroc et, par conséquent, à l’affermissement de l’offre exportable de l’économie nationale. Ainsi, les exportations de biens et services devraient afficher une accélération attribuable à la poursuite de la performance des exportations des métiers mondiaux, à l’amélioration des exportations agricoles et agroalimentaires, à la bonne tenue des exportations du secteur textile ainsi qu’au redressement prévu des exportations nationales en phosphate et ses produits dérivés.
Selon le HCP, les exportations de biens et services devraient enregistrer, en terme nominal, une évolution de 7,9%, tandis que les importations devraient afficher une progression de 7,2%. Le déficit en ressources devrait se maintenir à 10,1% du PIB en 2024. Bref, l’amélioration du rythme de croissance de l’économie nationale en 2024 et la baisse prévue des cours des matières premières devraient contribuer à limiter l’accentuation du déficit budgétaire, qui devrait passer de 4,8% en 2023 à 5% du PIB, après 5,2% en 2022.