Paiement mobile: la machine toujours grippée

Paiement mobile: la machine toujours grippée

Le secteur du paiement mobile révèle un potentiel considérable, mais peine à concrétiser ses promesses. Le Maroc affiche un retard significatif dans l'adoption de cette technologie financière.

 

Par D. William

Les données à fin 2022 indiquent 22 offres M-Wallets disponibles, dont 14 émises par des établissements de paiement. Sur la base des déclarations mensuelles reçues de la part des établissements bancaires et des établissements de paiement, le nombre de transactions réalisées par M-Wallets courant 2022 s’est établi à 7,9 millions contre 4,9 millions d’opérations enregistrées en 2021 (soit +62%) pour un montant total de 1,7 milliard de DH, contre 1,1 Md de dirhams en 2021 (soit +54%). En cela, le nombre de comptes de paiement ouverts s'est élevé à 6,9 millions, enregistrant une augmentation de 26% par rapport à l'année précédente. Cependant, seulement 696.000 de ces comptes sont considérés comme actifs.

Le Maroc reste cependant très en retard par rapport à d'autres pays en termes d'adoption du paiement mobile. En effet, alors qu’il était présenté comme un pilier majeur de la Stratégie nationale de l'inclusion financière, les résultats ne sont pas à la hauteur et sont très loin des anticipations. Et ce, malgré un environnement propice caractérisé par un taux de pénétration mobile et d'accès à Internet élevés.

Deux principaux facteurs expliquent cette adhésion timide  : un réseau d’acceptation pas suffisamment développé et l’enrôlement relativement faible des commerçants. Bien que le nombre de comptes ouverts par les commerçants acceptants ait augmenté de 21%, avec plus de 49.000 enregistrés à fin 2022, cette part reste stable à 1%, ce qui souligne les défis persistants dans l'enrôlement des commerçants. Pourtant, plusieurs mesures ont été prises pour promouvoir l’expansion du paiement mobile. Outre l’éducation financière et la sensibilisation, il a été notamment procédé à la baisse de la commission, comme exigé par les commerçants.

De même, ont été développés «beaucoup de programmes et des guides pour que nous puissions expliquer en détail le fonctionnement de ce modèle sur terrain», nous confiait récemment Hakima El Alami, directeur adjoint en charge de la Surveillance des systèmes et moyens de paiement et inclusion financière de Bank Al-Maghrib. Selon elle, «la mobilisation doit se poursuivre» et «il faut s’attaquer aux commerçants dans le périurbain et dans le rural pour les inciter à s’équiper, en leur expliquant les avantages des paiements électroniques». Même son de cloche chez Hazim Sebbata, président de l’Association professionnelle des sociétés de paiement (APEP), pour qui «la difficulté est de faire accepter ces moyens de paiement aux commerçants». Et d’ajouter que «pour y remédier, il faut faire de l’éducation financière à grande échelle. L’État, les professionnels et la DGI en l’occurrence font des efforts dans ce sens. Nous devons tous augmenter le rythme pour y arriver».

Clairement, l'adoption limitée du paiement mobile compromet la stratégie d'inclusion financière du Maroc. En effet, une utilisation généralisée de cette technologie pourrait étendre l'accès aux services financiers à une plus grande partie de la population, en particulier aux nonbancarisés. Le levier prioritaire à activer est donc une adhésion massive des commerçants, lesquels restent la clé du succès de cette technologie novatrice.

 

 

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