Mobilité électrique: comment vont être utilisés les 22,5 milliards de DH de l’Etat

Mobilité électrique: comment vont être utilisés les 22,5 milliards de DH de l’Etat

Cette enveloppe permettra de redimensionner l’infrastructure électrique du Royaume à travers la mise en œuvre du Plan national de la mobilité électrique en cours d’élaboration par l’ONEE.

Elle financera aussi la mise en œuvre d’un programme de transport peu polluant dans les villes de Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech et Agadir.

 

Par A. Diouf

Le gouvernement va débloquer un budget de 22,5 milliards de DH sur cinq ans pour développer la mobilité électrique. L’annonce a été faite à l’issue de la deuxième réunion de la Commission des investissements, tenue début juillet dernier à Rabat sous la présidence du chef du gouvernement. Selon le communiqué diffusé à l’issue de la réunion, les autorités veulent accélérer le développement des énergies renouvelables, implanter des usines de fabrication locale de batteries et de véhicules électriques et mettre en place un système de transport peu polluant dans certains centres urbains. Pour ce faire, il faut que le réseau électrique national soit capable de satisfaire toute la demande qu’un tel développement requiert. C’est pourquoi l’enveloppe financière, qui sera directement tirée du budget de l’Etat, servira principalement à financer le redimensionnement du réseau électrique national.

Redimensionnement du secteur électrique….

La mission est notamment confiée à l’ONEE qui, pour mettre en œuvre et réussir un tel projet d’envergure, avait lancé un appel d’offres (AO) pour mener une étude devant déboucher sur un Plan national de la mobilité électrique (PNME). Pour rappel, cet AO a été remporté par le groupement BIP/EMC, qui est en train de finaliser cette feuille de route dont la réalisation devrait commencer, en principe, en 2024. En attendant, si l’on se réfère aux clauses du cahier des prescriptions spéciales (CPS), l’étude menée par ce groupement devait être axée principalement sur le dimensionnement idoine à opérer sur «le système productif de l’énergie électrique, le réseau électrique, le cadre règlementaire (tarification, commercialisation, etc.) et les infrastructures de recharge nécessaires pour promouvoir et développer la mobilité électrique, en vue d’assurer un maximum d’accessibilité et d’interopérabilité».

L’étude devait aussi aller au-delà du domaine de prédilection de l’ONEE, à savoir la production et la distribution d’électricité. En effet, le groupement BIP/EMC devait également livrer un état des lieux détaillé du secteur de la mobilité électrique dans le Royaume, à travers plusieurs diagnostics. Un premier diagnostic du parc des véhicules thermiques en circulation par catégories et usages ainsi que leurs parts respectives dans la consommation de produits pétroliers, d’émission de GES et de pollution de l’air. Un second diagnostic du parc des véhicules électriques en circulation ainsi que des infrastructures de recharge en service, qui devait être complété par une enquête de perception auprès des usagers existants et potentiels. Un troisième diagnostic du parc des véhicules hybrides ainsi que des technologies disponibles et potentiellement accessibles.

A signaler que sur ce point, l’ONEE avait émis l’espoir que l’étude révèle que des véhicules à hydrogène existent au Maroc. L’étude devait aussi livrer un quatrième diagnostic sur l’offre du marché de la mobilité électrique, à travers une analyse des attentes des acteurs de l’écosystème, notamment les constructeurs, les concessionnaires, les fabricants de bornes de recharge, les exploitants de stations-service, etc. Sans oublier le détail des diverses initiatives prises par les pouvoirs publics pour développer la mobilité électrique au Maroc, notamment les politiques et stratégies en préparation, les mesures incitatives, les programmes d’aides et de subventions, les fonds et financements dédiés … et un benchmark pour s’enquérir des best practices en vigueur dans d’autres pays.

…Et mise en place d’un système de transport peu polluant

Une partie des 22,5 milliards de DH sera également mobilisée pour financer la mise en place d’un système de transport peu polluant dans les centres urbains. Sont notamment ciblées la capitale Rabat et les grandes villes comme Casablanca, Tanger, Agadir et Marrakech, où la mise en œuvre de ce programme permettra de créer 4.548 emplois directs et verts. Le suivi de ce projet a été confié à trois ministres, à savoir Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique; Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Et le trio devra s’employer à ce que le secteur du transport apporte toute sa contribution à la réalisation de la contribution nationale déterminée (CDN) du Maroc, où le pays s’engage à faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 45,5% à l’horizon 2030.

En effet, le transport est l’un des secteurs les plus énergivores et les plus polluants au Maroc. Il représente 38% de la consommation énergétique nationale et 20% des émissions de GES du Royaume. C’est un secteur hautement stratégique où le Maroc a une vraie carte à jouer au niveau industriel. Au cours de ces dix dernières années, l'industrie automobile marocaine s’est hissée à des niveaux de croissance soutenus, perceptibles à l’export et en termes de création d’emplois. Les performances y sont à deux chiffres et le basculement vers le tout électrique, annoncé en 2035 en Europe, ne devrait pas compromettre cet acquis. Au contraire, le Royaume devrait saisir cette transition comme une opportunité d’acquisition de nouvelles compétences et de développement de son industrie automobile, où il compte aujourd’hui parmi les meilleures plateformes mondiales de production et d’exportation. 

 

 

 

 

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