La formation professionnelle constitue un élément clé pour promouvoir la migration circulaire en préparant les jeunes aux opportunités d’emploi à l’étranger. Entretien avec Abdelkhalek Hassini, enseignant-formateur en France, conférencier, spécialiste en migration et développement et président du Collectif «CADOriental Europe».
Propos recueillis par M. Boukhari
Finances News Hebdo : Selon vous, où réside exactement le rôle des établissements de formation professionnelle au Maroc dans la promotion de la migration circulaire ?
Abdelkhalek Hassini : La migration circulaire, en plein essor au Maroc, se profile comme une opportunité dynamique façonnée par les établissements de formation professionnelle. En se positionnant comme les moteurs de cette transformation, ces institutions redéfinissent la manière dont les travailleurs marocains appréhendent la mobilité internationale. Allant au-delà de leur rôle traditionnel de pourvoyeurs de compétences, les établissements de formation professionnelle (EFP) émergent comme les principaux acteurs dans la promotion d'une migration circulaire réussie, offrant ainsi une expérience riche en opportunités et en développement professionnel. En contribuant activement à cette dynamique, ils jouent un rôle essentiel dans le renforcement significatif de l'employabilité des travailleurs migrants et créent ainsi une synergie entre la formation professionnelle et les défis contemporains du marché du travail. Les établissements de formation professionnelle jouent un rôle majeur en dotant les futurs migrants de compétences pointues. De la santé à l'ingénierie, en passant par la biotechnologie et l'informatique, ces compétences spécifiques répondent à la demande internationale. Cette expertise renforce l'employabilité des travailleurs marocains, non seulement au Maroc mais aussi à l'étranger, créant ainsi une migration circulaire fructueuse. Les formations sont spécifiquement conçues pour répondre de manière ciblée aux exigences du marché international, en mettant l'accent sur les secteurs importants pour le développement économique. Les programmes sur-mesure et les accords bilatéraux favorisent une expérience professionnelle à l'étranger, enrichissant le bagage des étudiants et facilitant leur retour réussi. Au-delà des compétences techniques, les établissements mettent l'accent sur le développement de compétences transversales telles que la maîtrise des langues étrangères, la communication interculturelle et la résolution de problèmes.
Ces compétences essentielles acquises préparent les travailleurs à s'adapter de manière réussie à des environnements professionnels variés. Les établissements de formation professionnelle ne se limitent pas à former des travailleurs, mais ils sensibilisent également aux enjeux de la migration circulaire. En offrant des programmes spécifiques de sensibilisation, ils préparent les apprenants à relever les défis de la mobilité internationale tout en encourageant un engagement positif envers le développement économique et social du Maroc. Les partenariats avec des entreprises internationales garantissent une formation alignée sur les compétences recherchées. Les stages internationaux obligatoires constituent une avancée significative, offrant aux étudiants une immersion pratique dans des environnements de travail à l'étranger. Ces initiatives renforcent l'attractivité et l'adaptabilité des étudiants sur la scène internationale. Favorisant une «intégration verticale», les établissements de formation professionnelle forgent des professionnels polyvalents prêts à s'adapter aux divers marchés du travail internationaux. Cette stratégie confère un avantage concurrentiel indéniable aux travailleurs migrants formés au Maroc, consolidant ainsi la position du pays dans l'écosystème mondial de la migration circulaire. En résumé, les établissements de formation professionnelle au Maroc se positionnent comme des intervenants indispensables de la migration circulaire. Leur influence dépasse les frontières, jouant un rôle polyvalent dans la réussite de cette expérience dynamique. En anticipant les besoins du marché, en sensibilisant et préparant les travailleurs, et en développant des compétences reconnues à l'échelle internationale, ces institutions deviennent les piliers stratégiques d'une migration circulaire réussie. Elles ouvrent ainsi la voie à une transition professionnelle fructueuse pour les travailleurs marocains, ancrée dans une dynamique d'opportunités et de croissance professionnelle tant au Maroc qu'à l'étranger.
F.N.H. : Quelles sont aujourd’hui les opportunités liées à la migration circulaire et comment cette dernière permet-elle d’améliorer l’employabilité des travailleurs migrants ?
A. H. : La migration circulaire au Maroc offre actuellement des opportunités tangibles, jouant un rôle clé dans l'amélioration de l'employabilité des travailleurs migrants. Cette approche dynamique constitue une passerelle vers l'acquisition de compétences diversifiées et internationales, renforçant ainsi la valeur des professionnels sur le marché mondial du travail. Les établissements de formation professionnelle marocains sont des acteurs essentiels de cette transformation, axant leurs programmes sur le développement de compétences transférables. Cette dynamique évolutive, observée au cours des vingt dernières années, constitue un vecteur capital de mobilité et d'échange de compétences. En scrutant attentivement les opportunités générées par la migration circulaire, il est possible de discerner comment cette approche favorise un renforcement significatif des compétences et contribue au développement économique du pays. Pour faciliter cette transition, ces établissements mettent en œuvre des initiatives proactives, telles que des programmes de mentorat, en collaboration avec des experts de la migration circulaire.
Ces programmes guident les étudiants en leur fournissant des conseils concrets et les préparent aux défis pratiques qu'ils peuvent rencontrer à l'étranger, renforçant ainsi leur préparation aux environnements de travail internationaux pour une transition fluide et réussie. Les travailleurs marocains engagés dans la migration circulaire acquièrent une diversité d'expériences professionnelles à l'étranger, enrichissant ainsi leur bagage de compétences. Par exemple, un expert en énergies renouvelables basé en Europe peut appliquer ses compétences pointues au Maroc, accroissant ainsi son employabilité sur le marché local. Ce transfert de compétences, résultant de l'expérience internationale, s'avère être un catalyseur majeur pour l'amélioration de l'employabilité des travailleurs migrants marocains. Un aspect tout aussi essentiel réside dans le partage des connaissances. Les travailleurs migrants ramènent avec eux des pratiques et des connaissances acquises à l'étranger, enrichissant le pool de compétences au Maroc. Ces connaissances sont partagées avec les collègues locaux, contribuant ainsi à l'amélioration des pratiques professionnelles dans divers secteurs. Cette dimension du transfert de connaissances renforce l'adaptabilité des travailleurs migrants marocains et, par conséquent, leur employabilité sur le marché local. La migration circulaire favorise également la création de réseaux internationaux, ouvrant des portes pour des opportunités d'emploi et de collaboration. Un ingénieur marocain travaillant en France peut, par exemple, établir des liens précieux dans le domaine de l'énergie solaire. Ces réseaux internationaux jouent un rôle crucial dans le développement professionnel des travailleurs migrants, élargissant leurs perspectives et renforçant leur employabilité. Par ailleurs, une autre opportunité s'offre à un entrepreneur marocain ayant travaillé en Europe. Grâce à son vécu professionnel à l'échelle internationale, il peut établir des partenariats commerciaux solides, favorisant ainsi les investissements étrangers dans des projets locaux. Ce rôle d'intermédiaire entre les marchés internationaux et locaux renforce non seulement l'employabilité individuelle, mais contribue également au développement économique global du Maroc. La migration circulaire offre, en outre, une diversification des secteurs économiques, réduisant la dépendance du pays à des secteurs spécifiques tels que le tourisme, l'agriculture, l'industrie, les services, la technologie, et d'autres. Les travailleurs migrants, en se déplaçant d'un secteur à un autre, participent activement à la diversification de l'économie marocaine, renforçant ainsi sa résilience face aux fluctuations sectorielles. Le transfert technologique, induit par la migration circulaire, se positionne comme un élément clé stimulant la croissance de l'industrie locale et renforçant la compétitivité du Maroc à l'échelle mondiale.
Les travailleurs migrants introduisent des technologies, méthodologies et pratiques innovantes, propulsant ainsi le pays sur la scène internationale. Certains travailleurs migrants, portés par un esprit entrepreneurial, rentrent au Maroc avec la volonté de créer leur propre entreprise. Leur expérience internationale et leurs réseaux jouent un rôle crucial dans la facilitation de la création et de la croissance d'entreprises locales, générant ainsi des emplois et des revenus. Cette dynamique entrepreneuriale, résultant de la migration circulaire, contribue de manière significative au développement économique du Maroc. En conclusion, la migration circulaire, combinée aux progrès dans les secteurs de pointe, ouvre une multitude d'opportunités pour le Maroc. Elle renforce la position compétitive du pays à l'échelle mondiale, favorise la diversification économique, stimule l'innovation technologique et consolide la compétitivité nationale. Cette approche globale, intégrant les aspects du transfert de compétences, du réseautage international, de la diversification sectorielle et de l'entrepreneuriat, positionne le Maroc comme un acteur incontournable, prêt à affronter avec agilité et détermination les défis du XXIème siècle.