Les événements MICE couplés aux grandes compétitions sportives offrent des opportunités sans précédent pour le Maroc, que ce soit en termes de visibilité, d’investissements ou de dynamisation de l’économie locale. Grâce à ces événements, le Royaume a l'occasion de renforcer son image de destination touristique de premier plan et de structurer son industrie pour les années à venir.
Par M. Ait Ouaanna
Le secteur du tourisme au Maroc est à l'aube d'une transformation majeure, portée par les évènements sportifs internationaux à venir et le développement du MICE (Meetings, incentives, conferences, exhibitions). Avec la Coupe d'Afrique des Nations 2025 et le Mondial 2030 co-organisé par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, le Royaume se prépare à accueillir le monde entier, renforçant ainsi son positionnement en tant que destination incontournable pour les grandes manifestations sportives et les événements professionnels.
La première édition du MCI Meeting, tenue le 4 octobre 2024 à Casablanca, a mis en lumière ces perspectives et a confirmé que le tourisme d'affaires et les événements sportifs constituent des piliers essentiels du développement touristique à long terme. Dans son allocution d’ouverture, Othmane Chérif Alami, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Casablanca-Settat, a affirmé que la feuille de route 2026- 2030 du tourisme marocain devrait permettre à la région d’atteindre plus de 3 millions de visiteurs, avec une moyenne de 2,5 à 3 nuits par visiteur dans les hôtels et autres unités d’hébergement. «Le développement du meeting, de l’incentive, des congrès et des expositions est renforcé par les événements sportifs nationaux et internationaux, comme ceux prévus entre 2025 et 2030 grâce à la Fédération royale marocaine de football (FRMF)», a-t-il souligné.
Pour lui, ces événements constituent une visibilité mondiale et continentale extraordinaire, profitable au tourisme marocain. Et de préciser que la région Casablanca-Settat, riche en patrimoine et en nature, offre une authenticité exclusive, capable de répondre aux attentes des touristes nationaux et internationaux. Dans la même veine, Mohamed Jouahri, Directeur général de Casablanca Events et Animation, a souligné que la ville se prépare activement à accueillir ces grandes compétitions. Il a expliqué que la CAN 2025 et le Mondial 2030 placeront Casablanca sous les projecteurs internationaux, en offrant une vitrine des capacités organisationnelles du Maroc et de ses infrastructures sportives. «Le sport est un levier puissant pour dynamiser le tourisme d’affaires. Le tandem sport et MICE offre des opportunités réelles pour renforcer la visibilité internationale de Casablanca», a-t-il affirmé.
Une ville, une spécialité
Cette dynamique est également vue comme un catalyseur pour l'ensemble du secteur touristique marocain. Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, a insisté sur le fait que les échéances sportives futures fixeront un cap structurant pour l’industrie. «Si on avait un vrai centre de conférences à Casablanca, on drainerait une économie du tourisme qui viendrait développer cette industrie», a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de spécialiser certaines villes pour maximiser leurs atouts. «Le contexte actuel nous permet d'imaginer une spécialisation croissante des villes, chacune capitalisant sur ses forces. On peut tout à fait envisager que Benslimane devienne un pôle sportif, bénéficiant de l'industrie du sport avec l'arrivée du nouveau stade. Casablanca pourrait également évoluer pour devenir un centre de conférences, au-delà de son rôle dans l'accueil des événements sportifs. Il est nécessaire de repenser la vocation de chaque ville afin de maximiser son potentiel respectif. De plus, le fait que nous soyons à un stade de développement précoce nous ouvre un large éventail d'opportunités», insiste-t-il.
Dans le même ordre d’idées, Mehdi Tazi a souligné l’importance de moderniser l’ensemble de l’écosystème autour du tourisme, notamment les aéroports, la restauration et les services connexes. Le Maroc, avec une infrastructure touristique en pleine croissance, est en position idéale pour tirer profit de ces événements mondiaux. Selon Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), le pays affiche une croissance à deux chiffres depuis la mise en place de la nouvelle feuille de route du tourisme. «On peut aller beaucoup plus loin», a-t-il affirmé, tout en mettant en avant le potentiel du MICE pour l'avenir du tourisme.
Les retombées seront visibles après le Mondial
Aziz Daouda, directeur technique et du développement au sein de la Confédération africaine d’athlétisme, a quant à lui souligné l’importance d’adapter les services touristiques aux divers profils de visiteurs que le Mondial 2030 attirera : «La majorité de ceux qui visiteront le Maroc lors du Mondial 2030 viendront supporter leurs équipes. Ces visiteurs seront de civilisations diverses, de cultures diverses, et donc le type de service à offrir variera d’une personne à une autre. Il va falloir entreprendre des études anthropologiques pour déterminer les véritables besoins de ces visiteurs». Il a ajouté que les retombées de la Coupe du monde ne se feraient pas sentir immédiatement, mais sur le long terme, en impactant positivement l’image du Maroc pendant au moins 10 à 15 ans.
Pour maximiser cet effet, l’expert recommande d’exploiter les infrastructures sportives toute l’année, afin d’attirer des touristes au-delà des grandes compétitions. Fatima Bouabd, directrice régionale du tourisme de Casablanca-Settat, a pour sa part affirmé que l’annonce de la co-organisation du Mondial a généré un engouement sans précédent, notamment de la part des investisseurs qui voient en ces événements des opportunités uniques.
«Actuellement, nous vibrons sous l’organisation de la CAN et du Mondial. Il s’agit d’opportunités magnifiques pour le secteur du tourisme et nous sommes là pour en tirer profit», insiste-t-elle. La région Casablanca-Settat, qui représente environ 10% de la capacité hôtelière nationale, soit près de 30.000 lits, a déjà accéléré plusieurs projets pour être prête à accueillir les visiteurs de ces événements sportifs. Dans ce sens, Bouabd précise que de nombreux investisseurs envisagent désormais d'annexer à leurs hôtels des infrastructures sportives répondant aux standards internationaux. Cela témoigne d’une prise de conscience croissante des synergies possibles entre le tourisme d’affaires, traditionnellement fort à Casablanca, et le tourisme sportif. En outre, les préparatifs pour la CAN 2025 ont provoqué une restructuration de l'offre hôtelière existante et une adaptation aux nouvelles exigences du marché. Bouabd a mentionné, dans ce cadre, la création de nouvelles capacités d’hébergement, notamment des résidences associées à des hôtels de luxe, et la révision des réglementations pour intégrer l'hébergement alternatif. «Énormément de chantiers d'hôtels ont accéléré leurs travaux pour pouvoir ouvrir et être opérationnels lors de la CAN 2025», souligne-t-elle.
Lors de cette rencontre qui a réuni plusieurs acteurs des écosystèmes touristique et sportif, le CRT Casablanca-Settat a présenté l'état d'avancement de son projet de digitalisation des entreprises touristiques rurales, mené en partenariat avec l'Office national marocain du tourisme (ONMT). Ce projet, qui concerne 9 provinces, dont Benslimane, El Jadida, Sidi Bennour et Mohammedia, vise deux objectifs principaux : doter les entreprises touristiques rurales d'une présence digitale et promouvoir leurs offres en ligne. À ce jour, 203 entreprises touristiques ont été accompagnées dans ce cadre, avec la création de 131 sites web déjà opérationnels et 72 autres en cours de finalisation. Ce projet contribue à offrir plus de visibilité aux entreprises rurales, leur permettant d’attirer une clientèle nationale et internationale, à travers une empreinte numérique renforcée. Afin d'amplifier l'impact de ce programme, le CRT Casablanca-Settat a signé, lors du MCI Meeting, une convention avec l’Office de développement de la coopération (ODCO). Ce partenariat permettra d’étendre la digitalisation à l’ensemble de l'écosystème touristique rural de la région.