A la veille du Brexit, le Royaume-Uni redéfinit les contours de sa politique étrangère et jette son dévolu sur le continent africain, où les opportunités de croissance et de business sont parmi les plus prometteuses au monde.
Dans cette configuration, le Maroc a une belle carte à jouer, et il la joue à fond.
A.E
Un vent d’enthousiasme souffle sur les relations maroco-britanniques. Le rapprochement stratégique entre les deux Royaumes prend, ces derniers mois, une ampleur inédite, en particulier dans les domaines économique, financier et éducatif.
Il y a des signaux qui ne trompent pas, comme les deux visites à Rabat, en moins de 6 mois, de Conor Burns, ministre d’État britannique au Commerce international. «Le Maroc est le seul pays où j’ai déjà fait deux visites depuis que je suis en fonction», a-t-il déclaré à Londres, lors du «UK-Morocco Business Dialogue», un évènement d’envergure qui a permis de présenter aux hommes d’affaires britanniques les opportunités de commerce et d'investissement au Maroc, et de tisser des liens entre les communautés d’affaires des deux pays.
Organisée par la CGEM et le ministère des Affaires étrangères, en marge du Sommet Royaume-Uni-Afrique, le «UK-Morocco Business Dialogue» a connu une forte mobilisation des acteurs économiques des deux Royaumes : au total, 116 entreprises marocaines et 225 britanniques y ont pris part. Parmi les poids lourds présents, on compte l’OCP, BMCE Bank of Africa, l’agence Tanger Med, Masen, ou encore Casablanca Finance City.
Il faut dire qu’à la veille du Brexit, le Royaume-Uni redéfinit les contours de sa politique étrangère, et jette son dévolu sur le continent africain où les opportunités de croissance et de business sont parmi les plus prometteuses au monde. Et pour capter ces opportunités de business en Afrique, Londres a besoin de partenaires fiables sur lesquels s’appuyer. C’est précisément sur ce point que le Maroc joue, à fond, sa carte.
«Le Maroc vise à être un partenaire commercial solide et fiable pour le Royaume-Uni. Il existe une relation de longue date et un avenir à construire ensemble.
Nous sommes ici aujourd'hui pour passer à un autre niveau de coopération», a affirmé Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération africaine, devant les officiels britanniques. Ce dernier a mis en exergue l’atout principal du Maroc, à savoir son empreinte économique sur le continent : «n'oublions pas la connaissance qu'a le Maroc du continent africain. Nous avons plus de 1.000 accords de coopération avec plus de 40 pays. Les entreprises marocaines sont implantées dans plus de 40 pays. Beaucoup de ces entreprises sont ici aujourd'hui», a souligné le ministre.
Ismail Douiri, Directeur général d’Attijariwafa bank, abonde dans le même sens. «Le dialogue commercial entre le Royaume-Uni et le Maroc ouvre le reste de l'Afrique aux investisseurs, car les entreprises marocaines ont investi très tôt et ont développé une expertise et des connaissances», a-t-il expliqué dans une interview accordée à la presse britannique.
«Il est très important pour nous d'avoir l'occasion de parler aux investisseurs, mais aussi au gouvernement du Royaume-Uni, de la façon dont le Maroc est très ouvert aux affaires», a-t-il ajouté.
Plusieurs secteurs d’activité ont d’ores et déjà été identifiés comme présentant des intérêts communs pour les deux pays. Il s’agit principalement de l’agribusiness, des énergies renouvelables, de l’industrie, des services financiers, de la logistique, mais aussi de la formation et de l’enseignement. Pour concrétiser ces velléités de coopération renforcée, Mohcine Jazouli et Conor Burns ont signé un mémorandum d’entente visant la création d’un groupe de travail conjoint, chargé d’étudier comment le Royaume-Uni et le Maroc pourraient augmenter leurs investissements dans leurs économies respectives.
La volonté affichée du Royaume-Uni d’approfondir ses relations avec le Maroc et d’en faire un allié et un partenaire se matérialise donc encore un peu plus. Et ce, d’autant que Londres et Rabat ont signé, en octobre dernier, un accord d’association global qui restitue, dans le contexte des relations bilatérales, l’ensemble des avantages qu’ils s’accordaient mutuellement dans le cadre de l’Accord d’association Maroc-Union européenne. Cet accord entrera en vigueur le jour officiel du Brexit, soit le 31 janvier.
De quoi booster davantage les échanges commerciaux annuels entre le Maroc et le Royaume-Uni, qui se chiffrent actuellement à plus de 18,3 milliards de dirhams, soit un peu moins de 4% de l’ensemble des échanges avec l’Union européenne en 2018. Le Maroc exporte environ 8 Mds de DH vers ce pays, faisant de ce dernier son 7ème client et 11ème fournisseur dans le cadre de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. ◆