L’ouverture accrue vers les pays arabes, émergents et africains, confère au Royaume une stature autrement plus importante aux yeux de la cinquième puissance économique, qui n’est autre que l’Inde.
Au regard de la nouvelle politique diplomatique du Maroc résolument tournée vers les pays du Sud, comme en témoigne la densification de la coopération Sud-Sud, il est clair que l’Inde, deuxième pays le plus peuplé à l’échelle mondiale après la Chine, constitue un partenaire de choix pour le Royaume. Le rapprochement entre les Etats est quelque part corroboré par le déplacement royal en 2015, lors du troisième sommet Inde-Afrique. Mohammed Hamid Ansari, vice-président indien, avait aussi effectué une visite officielle au Maroc en mai 2016.
La volonté de renforcer le partenariat et d’augmenter le volume des échanges entre le pays des Maharajas et le Maroc a été encore une fois mise en exergue, à Casablanca, lors de la cérémonie de présentation de la première exposition du catalogue du Sommet mondial des affaires du Bengale, qui se tiendra du 20 au 21 janvier 2017 à Kolkata. Les intervenants indiens n’ont pas manqué de dévoiler les multiples opportunités d’investissement dans leur pays et le grand savoirfaire engrangé au cours des dernières années, notamment dans les domaines du développement durable, de l’agriculture, des technologies de l’information (IT) et de l’industrie. Par ailleurs, tout l’enjeu de la coopération économique entre le septième pays le plus grand du monde en termes de superficie et le Royaume est de bâtir un partenariat profitable réciproquement.
320 millions de dollars investis au Maroc
Du côté de l’Ambassade de l’Inde au Maroc, on affirme que les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Afrique sont en deçà des potentialités des deux partenaires, même s’il existe un engouement ascensionnel des investisseurs indiens pour le Royaume. Faudrait-il rappeler qu’Indo-Maroc phosphore SA, premier joint-venture indien au Maroc, qui a nécessité un effort d’investissement de 227 millions de dollars, a été créé en 1999 avec le concours de l'Office chérifien des phosphates (OCP). Le constructeur indien Tata Motors produit des carrosseries d’autobus à Casablanca. On dénombre plusieurs joint-ventures au Maroc impliquant des sociétés marocaines et indiennes évoluant dans l’industrie pharmaceutique. Aujourd’hui, le pays des Maharajas est le temple mondial de la production des médicaments génériques. «Le Maroc est devenu une destination privilégiée pour les opérateurs indiens qui y ont investi cumulativement près de 320 millions de dollars», confie Colin Nebhwani, président de la Chambre de commerce et de l’industrie indo-marocaine. A l’inverse, soulignons que l’OCP, en s’associant avec l’opérateur indien des fertilisants Kribhco dans le cadre d’un joint-venture, investira pour la création d’une usine d’engrais dans le Sud de l’Inde. Ce projet nécessitera une enveloppe globale de 230 millions de dollars. Cela dit, il est utile de préciser que l'Inde est l'un des rares pays avec lesquels le Maroc profite d'une balance commerciale excédentaire, notamment grâce aux exportations des produits de phosphates.
L’impressionnante percée économique
«Depuis 2016, l’Inde est devenue la cinquième puissance économique mondiale, dépassant ainsi la Grande-Bretagne. C’est dire l’intérêt pour le Maroc d’œuvrer à la consolidation des relations économiques et commerciales avec ce grand pays», martèle Jawad Kerdoudi, président-fondateur de l’Institut indo-marocain des relations internationales. Et d’ajouter : «Il est crucial que le Royaume, qui s’évertue à diversifier ses partenaires économiques, accorde une place plus importante à l’apprentissage de l’anglais qui est la langue internationale des affaires». Outre cette recommandation, il y a lieu de préciser que les gouvernements indien et marocain ont l’intention de créer des lignes aériennes et maritimes afin d’amplifier le volume des échanges entre les deux Etats. Ce qui est d’autant plus opportun si l’on sait que l’absence de lignes directes et les coûts prohibitifs de logistique et de transport constituent des freins pour les échanges internationaux.
M. Diao
Bilan de la Chambre de commerce et de l’industrie indo-marocaine
En moins d’une année d’existence, la Chambre de commerce et de l’industrie indo-marocaine a, à son actif, plusieurs réalisations, à en croire son président. En effet, l’entité en charge de la dynamisation du partenariat économique entre les deux pays a aidé plusieurs entreprises indiennes à investir au Maroc. Ces sociétés évoluent, entre autres, dans les domaines du câblage, du recyclage de plastique et du traitement de fibres textiles. Par ailleurs, au-delà du business, la communauté indienne qui réside au Maroc depuis un demi-siècle, se réjouit des liens d’amitié et de fraternité qui unissent les deux peuples. Notons tout de même que la Chambre de commerce et de l’industrie indo-marocaine entend mieux servir ses adhérents puisqu’elle vient de lancer son nouveau site web.