Maroc-Espagne : Etre partenaires plutôt que concurrents [Entretien]

Économie Maroc - Maroc-Espagne: Partenaires plutôt que concurrents

Hakim Marrakchi, vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) et du Cemeas


 

 

Le Forum d'investissement et d'affaires Espagne-Maroc, organisé par le Secrétariat d’Etat du commerce d’Espagne, se tient en ce moment à Casablanca.

L’événement, qui connaît la participation de près de 300 représentants de l’administration publique et du secteur privé des deux pays, a pour but de promouvoir la rencontre entre les entreprises marocaines et la délégation de plus de 50 entreprises espagnoles. Cette dernière va explorer les opportunités d'investissement et de commercialisation au Maroc dans de nombreux secteurs identifiés comme présentant un intérêt spécial, tels que l'industrie automobile, les infrastructures de transport, les énergies renouvelables, l'eau, les technologies agricoles, l'industrie agroalimentaire, les services éducatifs ou le secteur touristique.

Hakim Marrakchi, vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) et VP du Conseil économique Maroc-Espagne (Cemeas), nous éclaire sur les enjeux de cette importante manifestation.

 

Propos recueillis par B. Chaou

 

Économie - Maroc-Espagne : Pourquoi le forum de l’investissement a été organisé à la demande de l’Espagne ?

Au fil des années, le Maroc est devenu un partenaire important pour l’Espagne, il est donc normal que ce forum soit organisé à la demande de la partie espagnole. Une relation qui se traduit aujourd’hui par la forte croissance du commerce entre les deux pays, qui est d’ailleurs beaucoup plus importante que celle que nous avons avec d’autres économies.

Par ailleurs, le Maroc est devenu un acteur important aux yeux de l’Europe. C’est donc dans cette perspective que l’Espagne cherche à améliorer la nature de ses relations avec le Royaume. Cela ne peut être que bénéfique pour la compétitivité de nos deux pays, et permettra de mieux équilibrer nos échanges. Car, en effet, l’Espagne est aujourd’hui notre premier partenaire commercial mais la balance est en défaveur du Maroc, alors qu’à titre d’exemple, elle est excédentaire en faveur du Royaume vis-à-vis de la France. Il faut donc créer un partenariat à travers lequel les deux parties sortent gagnantes.

 

Économie - Maroc-Espagne : Dans quels secteurs les deux pays pourront devenir complémentaires ?

La complémentarité entre les deux pays doit être construite dans de multiples domaines et secteurs. Nous avons des économies voisines avec un fort potentiel de développement, même si nous avons une différence de pouvoir d’achat extrêmement importante.

Toutefois, le Royaume tout comme son voisin ibérique bénéficie de plusieurs atouts. A titre d’exemple, il est à la fois un pays agricole et touristique. Nous avons une industrie aéronautique et automobile, ainsi qu’agroalimentaire qui se développent à un bon rythme. Dans tous ces domaines, l’Espagne est aussi omniprésente, mais il n’empêche qu’elle doit commencer à nous percevoir comme un nouveau partenaire régional afin qu’elle puisse améliorer davantage sa compétitivité dans ces domaines-là.

Les deux parties ont beaucoup plus à gagner à être partenaires que de simples concurrents. Nous allons certes rester compétiteurs sur certains domaines mais il va falloir développer des partenariats qui vont booster nos économies à aller de l’avant.

 

Économie - Maroc-Espagne : Comment ce partenariat se traduira-t-il, alors que nous sommes, à l’évidence, en compétition sur plusieurs secteurs ?

Le positionnement du Maroc est différent de celui de l’Espagne. Nous nous caractérisons par des éléments différents. La complémentarité se fait sur la base de la compétitivité de chacun des deux pays, tout en veillant à éviter la création de domaines à faible valeur ajoutée, afin de faire en sorte de fluidifier notre relation.

 

Économie - Maroc-Espagne : L’Espagne est très présente dans les énergies renouvelables au Maroc, notamment à travers le projet Noor 1. Peut-on supposer qu’elle renforcera son positionnement dans ce secteur ?

L’Espagne n’est pas un grand pays industriel, ni le Maroc d’ailleurs, mais tous les deux ont un potentiel énorme en ce qui concerne les énergies renouvelables et surtout le solaire. Nous avons aujourd’hui la bonne idée d’utiliser ce levier de croissance, ce qui doit nous inciter à améliorer notre complémentarité dans ce secteur en se basant, chacun, sur nos expériences respectives dans l’ingénierie par exemple, et notamment dans le stockage de l’énergie.

Le Maroc est en train de construire une expertise dans ce sens et l’Espagne aussi, ce qui induit à collaborer activement dans ce domaine.

Notons également que nos deux pays sont les traits d’union entre deux continents différents, ce qui est un atout économique majeur. Force est de reconnaître que le projet «Noor 1» a des pendants espagnols, mais cette expérience n’est pas la seule dans le domaine de la photovoltaïque au Maroc. Nonobstant le fait que des entreprises espagnoles ont fortement travaillé sur ce projet d’envergure, le Maroc doit rester ouvert aux expériences des autres pays, car c’est une industrie en plein essor, et il n’y a pas qu’une seule expérience qui vaille.

 

Économie - Maroc-Espagne : Quelles sont vos perspectives sur les relations économiques Maroc-Espagne ?

Au regard de la proximité géographique des deux pays, et notre différence tant culturelle qu’économique, nous avons d’énormes opportunités à développer de nouveaux produits conjoints dans le tourisme notamment, et créer un nouveau marché. Par ailleurs, nous devons également faire en sorte de pallier certains problèmes.

A titre d’exemple, nous avons soulevé, lors du premier panel de ce forum, les difficultés de visa et du transport, qui est un sous-problème du visa d’ailleurs…Ce genre de choses doit être encore mieux compris afin de les dépasser.

 

 

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