La première édition de la rencontre «Le Cercle» à Tanger s’est concentrée sur l’intégration des sociétés auxiliaires espagnoles à la chaîne de valeur marocaine.
Jose Ignacio Pino De La Chica, Country manager de la succursale marocaine de CaïxaBank, nous livre les principaux enjeux de la rencontre.
Finances News Hebdo : 35% des sociétés espagnoles opérant dans le nord du Maroc sont clientes de la succursale de CaixaBank à Tanger. Comment les accompagnez-vous dans cette région, et au niveau du Royaume plus globalement ? Et quelles sont leurs principales attentes ?
Jose Ignacio Pino De La Chica : CaixaBank a une vision claire au Maroc : être la banque de référence des entreprises espagnoles désireuses d’investir et de faire du commerce extérieur dans le pays. Pour ce faire, nous fournissons à nos entreprises clientes les meilleurs produits et services adaptés à leurs besoins, ainsi que des conseils sur la manière de développer ces entreprises dans le pays, en nous appuyant sur les connaissances acquises au cours de nos 10 années de présence.
Le nord du Maroc, en raison de sa proximité avec l'Espagne, de son tissu industriel et de son développement croissant, constitue un pôle d'attraction évident pour les entreprises espagnoles et donc un domaine de grand intérêt pour notre entité.
Nous voudrions également souligner l’intérêt de CaixaBank pour les entreprises marocaines exerçant des activités de commerce extérieur avec l’Espagne, mettant ainsi à disposition notre vaste réseau bancaire dans la péninsule ibérique.
CaixaBank a par exemple accompagné financièrement les sociétés espagnoles impliquées dans plusieurs grands projets au Maroc, dont celui de la centrale solaire Noor 1 à Ouarzazate.
F.N.H. : Quels sont aujourd’hui, selon-vous, les obstacles qui freinent l’investissement espagnol et étranger au Maroc ? Comment peut-on surmonter cela ?
J. I. P. : Les grands échanges de produits et services entre les deux pays sont frappants, malgré le faible investissement des entreprises espagnoles au Maroc. Il faut améliorer les relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc par la communication, en s’assurant que l’information sur les différents investissements, appels d’offres et projets qui se déroulent au pays, parvienne clairement et concrètement aux entreprises espagnoles intéressées.
Ceci devrait être mis en place avec plus de soutien des institutions et d'organismes publics, avec plus de participation de tous les acteurs impliqués et finalement, avec plus de coordination entre tous.
F.N.H. : Comment se portent les relations Maroc-Espagne d’un point de vue commercial et financier ?
J. I. P. : Les relations commerciales entre les deux pays sont excellentes. Au cours des six dernières années, les flux commerciaux bilatéraux ont doublé, tant en exportations qu'en importations, pour atteindre des flux conjoints de 14,308 milliards d’euros annuels (équivalent de 14% du PIB marocain), selon les données de l'Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX).
En outre, depuis 2012, l'Espagne est le premier fournisseur et le premier client du Maroc. Elle exporte actuellement 35,6% de toutes les exportations européennes vers le pays et importe 41,2% de toutes les importations européennes en provenance du Maroc, selon ICEX.
F.N.H. : Enfin, quel est l’objectif de cette journée consacrée à l’internalisation des sociétés auxiliaires espagnoles et à leur intégration dans la chaîne de valeur au Maroc ?
J. I. P. : CaixaBank a l'ambition, de promouvoir et d’impulser les relations économiques et commerciales entre les deux pays. À cette fin, Caixabank a décidé en mars 2017 de créer un espace de rencontres appelé «Le Cercle». Notre événement à Tanger est le douzième du genre au Maroc et le premier célébré dans la ville du détroit. Cette fois-ci «le Cercle» s’est focalisé sur la société auxiliaire espagnole et son intégration dans la chaîne de valeur marocaine. La croissance des flux commerciaux entre les deux pays a été étroitement liée à l'intégration d'entreprises espagnoles dans la même chaîne de valeur des deux côtés du Détroit, renforçant ainsi sa compétitivité.
Cette intégration est déjà visible dans les secteurs de l’automobile, du textile ou de l’énergie, qui occupent une place de premier rang dans les secteurs tant exportateur qu’importateur, illustrant ainsi un degré élevé de commerce intra-industrie. À titre d'exemple, l'Espagne exporte plus de 1.000 millions d’euros de pièces automobiles, qui sont ensuite incorporées aux véhicules que le Maroc exporte pour 6.000 millions d’euros/an.
La proximité entre les deux pays et les superbes infrastructures des deux côtés du détroit ont sans aucun doute contribué à l'intégration de la société auxiliaire espagnole dans la chaîne de valeur marocaine. Cette intégration continuera à se consolider dans les années à venir. ■
Propos recueillis par Y.S