«Le Maroc attirera encore plus les investisseurs étrangers»

Le Maroc séduit les investisseurs étrangers - Info Économique Maroc

Xavier Reille, directeur Maghreb de la Société financière internationale, groupe de la Banque mondiale


 

Le Maroc bénéficie de plusieurs atouts dont sa géolocalisation, son environnement stable, et ses infrastructures.

 L’environnement des affaires au Maroc s’est nettement amélioré. Des lacunes restent cependant à combler.

Les retombées de la politique industrielle marocaine vont commencer à se sentir durant les 5 prochaines années.

 

Propos recueillis par B. Chaou

 

Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous rappeler la mission de la Société financière internationale (SFI) au Maroc ?

Xavier Reille : C’est la filiale secteur privé de la Banque mondiale, qui est active au Maroc depuis 1962 pour promouvoir des solutions et des opportunités d’investissements adaptées aux structures privées, et leur permettre de trouver de bonnes opportunités d’investissement dans le Royaume. Mais elle a aussi comme vocation de permettre à ce dernier de développer son tissu économique.

 

F.N.H. : Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur l’attractivité économique du Maroc aujourd’hui ?

X. R. : D’après les récents chiffres, le Maroc est l’un des pays qui attire le plus d’investissements étrangers dans la région. Il est le quatrième pays au niveau de l’Afrique à capter les flux financiers internationaux pour plusieurs raisons, dont son cadre politique et économique stable et un environnement des affaires qui s’est nettement amélioré avec un classement en «Doing business» qui est passé de la 120ème place à la 60ème. Le pays a également amélioré ses infrastructures qui sont aujourd’hui de première qualité, puis il a surtout accès au marché européen et africain en même temps. Il n’y a pas beaucoup de pays qui rassemblent toutes ces qualités, et donc je pense que le Maroc attirera encore plus les investisseurs étrangers durant les années à venir. Chose qu’on commence d’ailleurs à constater dans des secteurs tels que l’aéronautique, l’automobile, et nous pouvons imaginer par la suite selon la stratégie du gouvernement des «métiers mondiaux du Maroc»,  que d’autres secteurs connaîtront également les mêmes retombées.

 

F.N.H. : Pouvons-nous supposer que la décélération de la croissance au niveau international aura un impact sur les investissements étrangers au Maroc ?

X. R. : Effectivement, il y a toujours un lien direct entre investissement et croissance. Je pense toutefois qu’il faut toujours raisonner en termes d’avantages comparatifs. Le Maroc bénéficie de plusieurs atouts dont sa géolocalisation, son environnement stable, du fait de ses accords de coopération économiques et de commerce international avec une multitude de pays. Cet ensemble de facteurs permet au Royaume de maintenir sa compétitivité régionale. C’est un peu le cas du Mexique avec les Etats-Unis et le Canada, où il y a beaucoup d’industries qui se construisent pour exporter vers ces pays par la suite. Le Maroc peut trouver son compte dans ce même type d’arrangement et je pense que les entreprises européennes voient aujourd’hui un grand potentiel d’investir ici comme une base pour exporter en Europe ou vers l’Afrique. C’est là un des éléments du nouveau modèle de développement qui va permettre aussi d’avoir une croissance plus forte et de créer encore plus d’emplois.

Les retombées de cette politique industrielle qu’a entreprise le Royaume, vont commencer à se sentir sur son économie durant les 5 prochaines années. C’est pour cela qu’au sein de la SFI, nous sommes optimistes sur la santé de l’économie marocaine pour les années à venir.

 

F.N.H. : Quelles sont aujourd’hui les difficultés que peuvent rencontrer les entreprises étrangères quand elles viennent s’installer au Maroc ?

X. R. : Il faut éplucher les rapports de Doing Business pour avoir une réponse claire sur le sujet. Je pense que la difficulté que nous avons aujourd’hui et que nous constatons dans les enquêtes de l’entreprise, c’est la qualité de la main-d’œuvre qui n’est pas encore au niveau souhaité. C’est un des points les plus compliqués pour une entreprise étrangère qui souhaite mettre pied au Maroc. Il y a aussi des problèmes de délais de paiement, de contrôle de change, mais ça demeure des difficultés que je qualifierai de normales et qui existent dans d’autres pays.

Le plus important est que le Maroc poursuive son effort de modernisation de sa réglementation en matière de droit des affaires. Il faut aussi que les entreprises étrangères dépassent leurs difficultés à cerner le marché et arrivent à trouver où sont les secteurs porteurs.

 

F.N.H. : Quelles sont vos perspectives pour l’économie marocaine ?

X. R. : Je pense qu’on est dans une perspective où le marché est en train de rebondir, pour toucher les 3,5% cette année, et au-dessus de 4% en 2020. Les investissements seront amenés à s’améliorer, pas que les investissements étrangers mais aussi nationaux qu’il ne faut pas négliger. Cela, aux côtés des nouvelles réformes, va donner une bonne dynamique à l’investissement notamment avec les projets publics privés. Nous nous attendons donc à de bons résultats. Si l’on regarde les classements internationaux, le Maroc est bien situé. Nous avons d’ailleurs remarqué au sein de SFI qu’il y a de plus en plus de demandes d’informations sur le Maroc de la part des sociétés étrangères qui cherchent des opportunités d’investissement. Le Maroc est sur une bonne voie. ◆

 

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