La compensation industrielle, un mécanisme profitable au tissu industriel marocain (MHE)

La compensation industrielle, un mécanisme profitable au tissu industriel marocain (MHE)

 

Le Maroc compte davantage mettre à profit la compensation industrielle afin d’amplifier les transferts de technologie, la création d’emplois et la montée en régime des branches industrielles. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, revient sur les avancées réalisées en la matière.

 

 

Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur la pratique de la compensation industrielle, adoptée par de nombreux pays émergents et en voie de développement ?

Moulay Hafid Elalamy: La compensation industrielle, véritable gisement de développement économique et social, constitue une réelle opportunité pour les pays émergents et en voie de développement.

Ses retombées sont indéniables : attractivité des investissements, transferts de technologie, création d’emplois, amélioration des compétences et savoir-faire national, et montée en valeur dans les filières industrielles.

Cette démarche permet également d’introduire au niveau des entreprises locales une culture de l’innovation, de créativité et d’amélioration de la qualité, en leur offrant un accès aux investisseurs, au financement et aux grands marchés.

De très nombreux pays optent pour ce mécanisme afin de dynamiser leur économie nationale et les impacts économiques ont été non négligeables et parfois même spectaculaires.

 

F.N.H: Quel est l'état des lieux de cette pratique au Maroc, sachant qu'elle est censée favoriser le développement économique d'un pays ?

M.H.E: Au Maroc, nous avons intégré cette pratique dans le cadre du Plan d’accélération industrielle. Cette approche permet de démultiplier l'investissement, monter en valeur dans les filières, et améliorer la balance des paiements, en favorisant les achats de produits ou services auprès du tissu local.

Nous avons, en effet, initié une approche collaborative avec les grands acheteurs publics pour ancrer la pratique de l’offset industriel comme réflexe spontané dans les businessmodels des projets d’envergure nationaux.

Il s’agit donc pour nous de mettre en œuvre diverses formes de compensation, directes et indirectes, modulables selon le secteur d’activité pour booster l’investissement dans l’industrie locale, favoriser le transfert de technologie et former les compétences nationales.

 

F.N.H: Selon vous, le Maroc tire-t-il suffisamment profit des marchés publics de grande envergure, remportés par des sociétés étrangères, et ce en termes de créations d'emplois, de transfert technologique et de développement du tissu entrepreneurial ?

M.H.E: Depuis longtemps, nous nous sommes contentés d’importer ce que le tissu national ne pouvait pas produire. Un réel changement de paradigme s’opère aujourd’hui à travers la compensation industrielle. Cette vision découle de la nécessité d’utiliser la commande publique en tant qu’instrument incontournable pour appuyer le tissu industriel. Plusieurs investissements industriels ont été réalisés en recourant à la compensation industrielle dans des marchés publics, notamment dans les secteurs du transport ferroviaire, des énergies renouvelables et de la défense.

Le recours à ce mécanisme a été profitable et a contribué à la densification du tissu industriel, à une montée en gamme dans les filières, une intégration en profondeur à travers le développement de nouvelles spécialisations et un positionnement sur des métiers de pointe, avec à la clé des créations d’emplois et de la valeur ajoutée.

Les pas franchis à ce jour renforcent la confiance des donneurs d’ordres publics dans la destination Maroc pour recourir davantage à la compensation industrielle et incitent les candidats également à s’inscrire dans cette démarche qui est profitable, à mon sens, à l’ensemble des acteurs.

 

Propos recueillis par M.D

 



Les revendications du patronat

Déjà en 2014, le patronat marocain par le truchement de la CGEM avait publié un guide afférent à la compensation industrielle. L’objectif était double puisqu’il fallait faire des propositions concrètes destinées aux pouvoirs publics, tout en sensibilisant les entreprises nationales aux enjeux de cette pratique, qui fait l’objet d’une législation et réglementation officielle dans plus de 80 pays à travers le monde.

Parmi les recommandations de la CGEM, il y a lieu de citer la mise en place d’un dispositif légal, qui rendrait obligatoire cette pratique plébiscitée par les pays émergents et en voie de développement. Toutefois, il est judicieux de préciser que l’article 13 du décret des marchés publics adopté en mars 2013, mentionne en substance la possibilité pour les cahiers des prescriptions spéciales de comporter une clause de compensation industrielle. La création d’une agence dédiée à l’Offset, à l’instar des Emirats Arabes Unis, fait aussi partie des suggestions patronales.

Cela dit, le contrat de compensation industrielle signé entre Alstom et le gouvernement marocain en 2011 est édifiant. En effet, la convention relative aux projets structurants réalisés par le groupe français (LGV, Tramways Rabat et Casablanca), avec à la clef la création de 700 emplois, prévoit entre autres un volume d’achats directs jusqu’en 2018 pour les besoins des usines européennes d’Alstom Transport. Le soutien à l’enseignement supérieur ainsi que la création à Fès d’une usine en joint-venture avec Nexans, dédiée aux métiers ferroviaires sont également prévus.

 

 

 

 

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