Le Royaume est un pont entre l’Europe et l’Afrique, il lui faut soutenir son essor. S’il faut reconsidérer l’accord agricole, il faudrait aussi réexaminer tous les autres secteurs. Éclairage d’Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture (Comader).
Finances News Hebdo : Quel est votre avis sur la crise entre le Maroc et l’UE ?
Ahmed Ouayach : Nous regrettons ce qui s’est passé. Tous les professionnels ont été surpris par la décision de la Cour européenne de justice. Nous ne comprenons pas la machine administrative européenne, qui va parfois à contresens des intérêts de l’UE. Nous allons nous mobiliser pour sauvegarder les liens d’excellence qui lient Rabat et Bruxelles depuis l’indépendance. Malgré ce climat de tensions, le Royaume entretient des relations exemplaires sur le plan bilatéral, notamment avec la France, l’Espagne, l’Allemagne qui sont disposées à soutenir le Maroc dans sa marche vers le développement. Notre pays est un modèle de réussite dans la région sur le plan économique, et au niveau de la stabilité politique et sociale. Il faut lui donner tous les moyens pour assurer cet essor, car il demeure un pont entre l’Europe et l’Afrique. Je souhaite que l’appel demandé par Bruxelles donne raison au Maroc, et ce pour l’intérêt de toutes les parties et que le dernier jugement rendu soit un cas isolé qu’il y a lieu d’oublier le plus tôt possible. S’il faut reconsidérer l’accord agricole, il faudrait aussi réexaminer tous les autres secteurs.
F.N.H. : Comment jugez-vous la décision de l’Etat marocain, qui a gelé ses relations avec l’UE ?
A. O. : Nous saluons cette décision à laquelle nous adhérons pleinement.
C’est une question de principe et de souveraineté. Le Maroc est indissociable et unique. Les provinces du Sud font partie intégrante du pays. Elles ont bénéficié dernièrement d’une attention particulière des plus hautes autorités, avec un programme d’investissement colossal. Sur le plan agricole, il y a beaucoup de projets qui seront mis en place, notamment dans le cadre du Plan Maroc Vert.
Les décisions de certains organes européens n’auront aucun effet sur la détermination du Maroc pour défendre son intégrité.
F.N.H. : Est-il est opportun de diversifier les débouchés pour ne pas être dépendant du marché européen ?
A. O. : L’Europe est un marché important. C’est un partenaire historique de premier plan et nous voulons consolider nos relations en intensifiant nos échanges.
Cela ne nous empêche pas de remodeler notre politique d’exportation pour diversifier nos débouchés. Le marché européen représente 65% de nos exportations. Il est nécessaire de consolider notre positionnement dans certains marchés et, en même temps, investir de nouveaux plus porteurs comme l’Afrique.
Outre la diversification des débouchés, il est nécessaire d’avoir une variété de produits.
Nous ne devrions pas nous limiter aux primeurs et aux agrumes. Les produits de terroir présentent de très bonnes opportunités à l’export.