L’Égypte, le Maroc et la Tunisie seraient en mesure de créer plus de 8 millions d’emplois d’ici 2030.
L’entrepreneuriat et les TPME ont un rôle capital à jouer pour la réduction du taux de chômage des jeunes et des femmes dans les trois pays partenaires.
Par M. Diao
La question de l’emploi est un sujet de premier plan en Afrique du Nord. La zone affiche un taux de chômage élevé, notamment au niveau des jeunes et des femmes. La crise liée à la Covid-19, hélas toujours d’actualité, a corsé la problématique de l’emploi dans cette partie de l’Afrique qui fait face aux défis liés à la transformation économique. D’ailleurs, le Maroc est en quête d’un nouveau modèle de développement à même de générer une croissance davantage inclusive.
C’est en cela que la conférence régionale sur le thème : «Le futur de l’emploi et le rôle de l’entrepreneuriat et des TPME en Afrique du Nord», organisée mardi à Rabat par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et le ministère marocain de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, revêt un sens particulier. Cet événement, organisé à travers la nouvelle plateforme régionale «eina4jobs» (Entrepreneurship, innovations and Advice for Jobs) et rehaussé par la participation de plusieurs experts et ministres de l’Égypte, du Maroc et de la Tunisie, s’est assigné un rôle déterminant. Celui d’analyser les changements structurels du marché du travail en Afrique du Nord, tout en servant de plateforme de dialogue de haut niveau, sous forme d’innovations opérationnelles, susceptibles de soutenir la création d’emplois via l’entrepreneuriat et les très petites et moyennes entreprises.
Un changement d’approche s’impose
«Les générations X et Y sont à la recherche d’autonomie. Il faut leur donner de l’espace afin que celles-ci testent leurs capacités à façonner l’économie via l’entrepreneuriat», soutient Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Et de faire remarquer : «Il est temps de challenger les programmes et mécanismes d’accompagnement des entrepreneurs mis en place par les pouvoirs publics. La nécessité de dépasser la logique de l’entrepreneuriat de subsistance ne fait aucun doute aujourd’hui».
Le ministre marocain, qui prône un changement d’approche, plaide aussi, entre autres, pour la mise en place de lois et de politiques publiques favorables à l’entrepreneuriat, l’accompagnement territorial et la promotion de l’entrepreneuriat féminin. Rappelons que selon la plateforme eina4jobs, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie seraient en mesure de créer plus de 8 millions d’emplois d’ici à 2030. Et ce, afin d’absorber la jeunesse qui arrive sur le marché du travail et réduire ainsi le taux de chômage. Ceci dit, c’est un truisme de préciser que la création du nombre de postes de travail précité suppose un meilleur accompagnement des porteurs de projets issus des trois pays, qui déploient tout de même des efforts afin de promouvoir l’innovation et la création d’entreprises, génératrices d’emplois. «La jeunesse est notre dividende social», rappelle Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Economie et des Finances, qui a souligné l’impératif de mettre le paquet sur l’accompagnement et, surtout, le développement des softs skills des jeunes porteurs de projets et entrepreneurs.
«L’envie d’entreprendre est bien réelle dans notre pays; l’engouement pour les différents programmes dédiés le prouve. Toujours est-il que le taux de rejet élevé des dossiers de demande de crédit du programme Intelaka montre qu’il y a lieu de mieux encadrer les jeunes pour la structuration de leurs projets», soutient la ministre. L’annonce majeure de Nadia Fettah Alaoui a été la présentation prochaine du Small Business Act par Younes Sekkouri. Par ailleurs, il existe en Tunisie, pays qui affiche un taux de chômage élevé (16,10% à juin 2022), plusieurs initiatives édifiantes allant dans le sens de la promotion de l’entrepreneuriat. A ce titre, citons le mécanisme de réduction de la bureaucratie pour les entrepreneurs et porteurs de projets et l’élaboration d’un décret présidentiel pour l’allongement de la disponibilité des fonctionnaires qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
A cela, s’ajoutent l’augmentation du financement dédié ainsi que la mobilisation du privé par l’Etat pour la mise en place d’un fonds pour le financement des start-up. De plus, grâce à l’action de l’Etat, la Banque tunisienne de solidarité instruit et finance davantage de dossiers de jeunes entrepreneurs. Au final, la conférence de Rabat a abouti à la signature d’un manifeste politique afin de définir les contours des politiques publiques qui permettront aux trois pays partenaires de créer un nombre suffisant d'emplois décents dans les années à venir.