Depuis quelques années, le Maroc voit son ICOR stagner à 7.
Des pays émergents ont su assurer un bon rendement de leurs investissements en réduisant à 3 leur ICOR.
Le niveau de qualification des ressources humaines est l’une des principales pierres d’achoppement.
Par M.D
Concernant l’investissement public et sa propension à augmenter le taux de croissance, le budget économique prévisionnel 2020 du haut-commissariat au Plan (HCP), publié récemment, apporte des éléments édifiants qui interpellent à plusieurs égards.
Les experts de l’entité publique de prévisions économiques soulignent la nécessité de l’amélioration de la gestion des programmes d’investissement et d’une plus grande mobilisation des ressources au profit des secteurs productifs.
«Une augmentation de 4 points de pourcentage du PIB de l’investissement public dans les secteurs productifs permettrait de porter la croissance économique à 5%», prédisent les prévisionnistes. Le HCP renseigne également sur le fait que la croissance s’accroîtrait du même taux avec une amélioration du rendement de l’investissement, en faisant baisser l’ICOR de 7 à 3, comme c’est le cas dans plusieurs pays émergents.
Il y a lieu de préciser que l’ICOR équivaut au nombre de points d’investissement nécessaires à la réalisation d’un point de croissance économique.
Depuis quelques années, le Maroc voit son ICOR stagner à 7. D’où la question fondamentale de savoir pourquoi le pays peine à améliorer sa performance en matière de rendement d’investissement. Il est également opportun de mettre en relief les forces des pays émergents, notamment asiatiques, en matière d’ICOR.
A l’origine de la contreperformance
«Le retard du Maroc en matière de rendement de l’investissement par rapport aux pays émergents est dû à trois principaux facteurs. Il s’agit de la faible productivité du travail, liée au niveau de qualification des ressources humaines. L’insuffisance des infrastructures et le manque de capacité du Maroc à gérer celles-ci dans les conditions d’efficience et de sécurité optimale. Enfin, le dernier élément explicatif a trait au mode de gestion inadapté des entreprises publiques et privées», explique Mehdi Lahlou, économiste et professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Insea).
D’ailleurs, le HCP insiste sur l’impératif de développement du capital humain. Faudrait-il rappeler que le Royaume, en quête d’un nouveau modèle de développement, est en partie pénalisé par une main-d’œuvre active composée à plus de 60% de personnes disposant d’un niveau d’instruction primaire. Dans le même ordre d’idées, l’amélioration du rendement du capital physique qui n’est autre que l’investissement, notamment dans le domaine agricole (composante-clef de la croissance économique), bute sur des processus de production inadaptés. «Le faible niveau d’instruction de la population active agricole est un obstacle à l’adoption de pratiques agricoles modernes et plus productives», explique notre interlocuteur.
Comment inverser la tendance ?
Au chapitre des solutions, l’économiste ne manque pas de mentionner la nécessité pour le Royaume de multiplier le nombre de profils hautement formés ainsi que celui des personnes qualifiées aux échelons intermédiaires de production.
La mobilisation de l’épargne ainsi que l’implication du secteur privé doivent être de mise afin de pallier le manque d’infrastructures de qualité.
Par ailleurs, notons que 2020 ne marquera pas de rupture par rapport aux années précédentes, puisque l’investissement national devrait rester dans sa tendance lourde de la faible croissance, enregistrée depuis la crise économique internationale.
D’après le HCP, l’épargne nationale, paramètre-clef de l’investissement, devrait également continuer de perdre des points par rapport au PIB. Ce qui, à l’évidence, accroîtrait les besoins de financement de l’économie qui expriment le gap entre l’investissement et l’épargne nationale, dont les taux respectifs ont été de 32,2% du PIB et 27,3% du PIB en 2019. ◆