Dans le budget exploratoire 2024 qu’il vient d’élaborer, le HCP table sur une inflation à 2,8% en 2023 et à 1,8% en 2024.
Mais comme l’accord céréalier de la mer Noire n’a pas été reconduit, ne faut-il pas s’attendre à une nouvelle flambée des prix des denrées alimentaires ?
Par A. Diouf
La nouvelle est tombée : la Russie n’a pas souhaité renouveler l’accord céréalier de la mer Noire. La raison est que pour le président russe, Vladimir Poutine, les objectifs de cet accord ne sont pas atteints et Moscou avait déjà menacé de ne pas le reconduire. Le chef de l'Etat russe a dénoncé à plusieurs reprises les entraves à l'exportation des produits alimentaires et engrais russes, qui devait accompagner celle des produits ukrainiens. Par ailleurs, il a jugé que «le principal objectif de l'accord, à savoir la livraison de céréales aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain, n'est pas réalisé».
En effet, selon les informations officielles du Centre de coordination conjointe (JCC), la Chine et la Turquie sont les premières bénéficiaires des cargaisons, ainsi que les économies développées. Bref, les deux greniers du monde, l’un sous embargo et l’autre coincé, vont avoir du mal à exporter leurs récoltes. Et face à la rareté des céréales et légumineuses dont ils sont de grands producteurs/exportateurs, les prix risquent de repartir à la hausse; et ce sont les pays en voie de développement qui vont encore trinquer. Comme quoi, la visite effectuée dernièrement par quatre dirigeants de pays africains à Moscou, où ils ont rencontré et longuement discuté avec Vladimir Poutine, n’a rien donné !
La production céréalière de l’Ukraine essentielle pour empêcher l’envolée des prix
«La production céréalière de l'Ukraine est jugée essentielle pour empêcher une envolée des prix des denrées sur le marché mondial. Sans elle, une crise alimentaire dans les pays les plus vulnérables risque de se déclencher», est-il souligné. Dans ce contexte, le Maroc n’est pas également tout à fait à l’abri (www.FNH. ma). En effet, même si le Royaume est parvenu à diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment en s’adressant à la France, l’Allemagne, l’Argentine et les Etats-Unis – pour ne citer que ces exemples de pays fournisseurs - , et a mis en place une subvention d’encouragement à l’importation, il n’est pas très sûr que tout se déroulera comme prévu.
Ces mêmes fournisseurs, hors Russie et Ukraine, vont être à coup sûr assaillis par les acheteurs de tous bords. Et des problèmes de logistique risquent à nouveau de survenir, notamment lorsqu’il leur faudra satisfaire tout le monde en même temps. Malgré tout, le HCP est très optimiste par rapport à l’inflation, aussi bien pour cette année que pour l’année prochaine d’ailleurs, où la décompensation du gaz et du sucre devrait entrer en vigueur (Voir encadré). Dans le budget exploratoire 2024 qu’elle vient d’élaborer, l’équipe d’Ahmed Lahlimi table sur une inflation à 2,8% en 2023 et à 1,8% en 2024. Mais l’évolution de la géopolitique internationale peut totalement chambouler ces prévisions. Rappelons que l’année dernière, le HCP avait tablé sur un taux d’inflation à 3,1%, alors qu’on a terminé 2022 à plus du double, c’est-à-dire exactement à 6,6%.
Ce qui a obligé Bank Al-Maghrib à réviser son taux directeur à la hausse à 3 reprises pour juguler l’inflation. Par ailleurs, en plus du blé qui risque de coûter plus cher sur les marchés internationaux, une autre matière première qu’importe le Maroc risque également de voir son prix repartir à la hausse. Il s’agit notamment du pétrole russe acheminé par voie maritime de façon massive dernièrement vers le Royaume, et jusque-là plafonné à 60 dollars le baril. La Russie a décidé de le vendre beaucoup plus cher que le prix fixé par l’UE et le G7.