Inflation et pouvoir d’achat: les ménages entre le marteau et l’enclume

Inflation et pouvoir d’achat: les ménages entre le marteau et l’enclume

Les données officielles dévoilées récemment par le HCP montrent qu’au Maroc l’inflation est au plus haut niveau depuis 2008. 

Au premier trimestre de 2022, 75,6% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois.

 

Par M. Diao

 

Le sujet économique majeur qui défraye la chronique et qui a fini par s’inviter au Parlement, a trait aux contraintes qui s’exercent sur le pouvoir d’achat des Marocains. Et ce, dans un contexte marqué par des poussées inflationnistes particulièrement importantes au cours du premier trimestre 2022. Les données officielles sont en mesure de conforter cette donne pénalisante pour la croissance économique, dont le taux ne devrait pas dépasser 1,7% du PIB en 2022.

Les données dévoilées récemment par le haut-commissariat au Plan (HCP)  montrent qu’au Maroc l’inflation est au plus haut niveau depuis 2008. Concrètement, en variation annuelle, les prix à la consommation auraient évolué à un rythme jamais atteint depuis l’année précitée. Ceux-ci ont ainsi affiché une hausse de 3,6% au premier trimestre 2022, au lieu de 0,1% au cours de la même période de 2021.

Cette tendance haussière des prix, préjudiciable aux bourses marocaines et donc au pouvoir d’achat des consommateurs, serait la résultante, entre autres, de l’envolée des prix des produits alimentaires de +5,3%. Toujours, selon le HCP, les prix des produits frais se seraient également renforcés, notamment ceux de la viande de la volaille qui auraient contribué pour 1,9 point de pourcentage à l’augmentation des prix.

Les prix hors produits alimentaires se seraient accrus de 2,5% sous l’effet de l’accroissement des prix des produits énergétiques, du transport et de l’accélération de ceux des produits manufacturés. Et ce, sur fond des tensions liées aux difficultés d’approvisionnement et des augmentations des coûts de production industrielle.

L’inflation, entretenue par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, donne des sueurs froides aux ménages marocains, qui expriment le ressenti d’une forte détérioration de leur niveau de vie. D’ailleurs, les résultats de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, menée par le HCP, montrent qu’au premier trimestre de 2022, le moral des ménages s’est fortement dégradé. Chiffres à l’appui, 75,6% des ménages déclarent une dégradation de leur niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Quant à l’évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 56,9% des ménages considèrent qu’elle a pris un sacré coup.

Gouvernement : Il faudra faire plus

aute de percevoir un revenu suffisant, 47,4% des ménages marocains déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne afin de couvrir les dépenses. Ces quelques données mettent à nu les limites des mécanismes publics mis en place depuis des années afin de préserver le pouvoir d’achat, et surtout améliorer le niveau de vie des Marocains. Sur ce sujet, force est d’admettre que le gouvernement devra faire plus, et surtout faire preuve d’ingéniosité. Ce qui est d’autant plus urgent si l’on se fie à la mesure de la pauvreté «sentie», dite subjective, sur une échelle du bien-être classant les ménages selon leurs déclarations (enquête sur le niveau de vie des ménages). En 2019, près de 45% de Marocains se considéraient subjectivement pauvres (38,6% dans le milieu urbain et 58,4% dans le milieu rural).

Au regard de la situation actuelle qui prévaut et des conséquences économiques de la crise liée à la Covid-19, il serait hasardeux de tabler sur une éventuelle baisse du taux de Marocains qui se considèrent être pauvres. Au-delà des mesures conjoncturelles susceptibles d’être prises par le gouvernement pour permettre au tissu économique et aux ménages de faire face à la flambée des prix (néfaste pour la demande intérieure), l’économiste Tarik El Malki prône la mise en place d’une politique active des revenus. L’objectif étant d’augmenter le pouvoir d’achat des actifs. Une baisse de la pression fiscale (jugée élevée) sur le travail permettant l’accroissement du revenu disponible reviendrait également à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, chahuté par la hausse généralisée qui risque de perdurer.

 

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