Industries métallurgiques: le secteur toujours plombé par un environnement défavorable

Industries métallurgiques: le secteur toujours plombé par un environnement défavorable

Le renchérissement de la matière première et du fret a impacté sérieusement l’activité.

Les produits marocains sont confrontés à la concurrence acharnée des produits étrangers et au dumping.

 

Par M. Diao

 

L’industrie nationale a pris un nouveau tournant dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI). Le secteur a bénéficié d’une stratégie de pointe, avec des mesures bien ficelées et un dispositif d’accompagnement adéquat. Les performances réalisées dans les secteurs de l’automobile, ou encore l’aéronautique sont là pour témoigner de la pertinence de la stratégie adoptée. La filière métallurgique a un rôle important à jouer dans ce cadre.

Mais cette activité a été fortement impactée par la crise sanitaire et économique. Elle fait face à différentes contraintes, à commencer par les perturbations du marché, et surtout le renchérissement des matières premières, du coût du fret et des autres charges.

La rupture de la chaîne de valeur a poussé plusieurs entreprises à revoir leur business plan et leur mode de fonctionnement. Principal composant de production pour la filière, l’acier a poursuivi sa flambée au cours de l’année 2021, atteignant des niveaux historiques (1.479 dollars/tonne en août), soit un bond de 184% comparativement à la même période de 2020. Certes, les cours ont enregistré un certain recul ces derniers mois, mais ils sont loin du niveau de l’année 2019. Pour sa part, le coût du transport et du fret a été multiplié par 4.

«Les opérateurs du secteur métallurgique n’ont pas encore de visibilité. Le carnet de commandes est très perturbé et il est très difficile de dresser un devis avec une estimation approximative. Du coup, les prix ont été sensiblement revus à la hausse, impactant la demande des clients. Rien ne laisse présager que la situation va s’améliorer dans les mois à venir. Les prévisions les plus optimistes tablent sur un retour à la normale qu’en 2023», souligne-t-on auprès de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME). Lors des assemblées générales et électives de cette fédération tenues dernièrement, ce sujet a été évoqué.

Tous les membres présents à cet événement ont partagé leurs préoccupations. Ces assemblées ont vu l’élection de Abdelhamid Souiri, qui a succédé à Tarik Aitri. Le nouveau président de la FIMME, qui connait parfaitement les contraintes et les problèmes que vit le secteur et sait également les atouts sur lesquels il faut capitaliser pour assurer une nouvelle impulsion à l’activité, a souligné que la Fédération va engager des discussions avec le gouvernement, notamment le département de l’Industrie et du Commerce, pour soutenir la filière. Rappelons que le secteur s’est engagé dans un vaste programme de développement.

Pour ne citer que l’activité métallurgie, il est prévu de développer 4 écosystèmes (industrie navale, valorisation des métaux, travail des métaux, nouveaux métiers) qui devraient assurer une bonne intégration dans les années à venir. L’Etat a mobilisé 57 hectares de foncier public. Il est prévu la réalisation d’un investissement global de 2 Mds de DH avec 13.340 emplois créés à terme. 

 

Quelles perspectives pour le label «Made in Morocco» ?
Dans sa dernière note d’information, le haut-commissariat au Plan (HCP) a établi une croissance prévisionnelle pour la filière de la métallurgie de 4,6% en 2022. A l’image d’autres secteurs industriels, la filière devrait tirer profit du raffermissement de la demande étrangère adressée aux secteurs exportateurs. Elle devrait également profiter de la stratégie nationale de l’encouragement du label «Made in Morocco» et des nouveaux investissements planifiés pour l’année 2022. Mais plusieurs professionnels du secteur restent sceptiques quant à ces prévisions, estimant que «la production nationale serait fortement secouée par la concurrence étrangère et les mesures de dumping initiées par certains pays». Dans ces conditions, les ambitions du secteur pourraient être compromises au moins pour 2022.

 

 

 

 

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