Au-delà de la bonne tenue de la filière chaussure qui a enregistré une croissance de 2,5% au cours de l’année dernière, la conférence de presse tenue récemment à Casablanca en présence de Hamid Ben Rhrido, président de la Fédération marocaine des industries du cuir (Fedic) et ses collaborateurs, était l’occasion pour ces derniers d’exprimer leurs inquiétudes. Tout en se félicitant de la signature du contrat de performance avec l’Etat en février 2016, les membres de la Fédération ont alerté sur les risques de voir l’industrie du cuir au Maroc disparaître sous l’effet de la concurrence exacerbée et l’amont du secteur particulièrement vulnérable.
Faute de pouvoir transformer substantiellement la matière première, celle-ci est exportée avec une faible valeur ajoutée à l’étranger. Cela dit, il est utile de préciser que le contrat de performance signé avec l’Etat, qui a pour ambition de porter le chiffre d’affaires à 7,5 Mds de DH à l’horizon 2020, vise aussi à remédier à cet handicap. Les autres objectifs inhérents aux écosystèmes du cuir à l’horizon 2020 sont la création de plus 35.000 emplois stables, la structuration de la branche autour d’un secteur formel et l’amélioration de la compétitivité par le développement des très petites et moyennes entreprises (TPME).
Interpellés sur la concurrence déloyale qui pénalise le secteur du cuir et les moyens d’y faire face, les responsables de la Fedic ont affirmé leur intention de solliciter l’expérience de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith) afin de les épauler dans une série de dossiers concernant les mesures antidumping et la contrebande. D’ailleurs, la mise en place d’une cellule commune dans les semaines à venir a été annoncée ainsi que des rencontres avec les administrations concernées (Douane, DGI). Au registre des stratégies déployées pour doper les exportations, Hamid Ben Rhrido assure : «Des actions de promotion sont menées dans les marchés traditionnels (Espagne, USA, France, etc.), avec un grand intérêt accordé à l’Afrique comme en témoigne l’organisation avec Maroc Export de voyages d’affaires dans certains pays africains pour cette année».
La Fedic revendique un positionnement de moyen et haut de gamme davantage porteur de valeur ajoutée. Toutefois, elle devra trouver des moyens pour aligner le secteur du cuir national sur ceux des pays qui ne cessent de monter en gamme. Il s’agit de la Chine (leader mondial), le Vietnam, le Portugal et l’Ethiopie. Pour avoir un ordre de grandeur, l’Ethiopie brille de plus par son attractivité aux yeux des investisseurs étrangers dans le domaine du cuir. Huajian, chaîne de production chinoise de chaussures, prévoit d’investir près de 400 millions de dollars supplémentaires dans la construction d’un parc industriel avec l’objectif de créer 50.000 emplois supplémentaires, tout en générant 10 Mds de dollars sur sept années. Notons tout de même que le Maroc a des atouts considérables, comme en témoigne l’installation des grands donneurs d'ordre. Au-delà des écosystèmes qui comprennent des actions transverses (formation, normalisation, promotion), les différents projets en cours de réalisation, pour ne citer que les zones industrielles d’Aïn Chegag, de Sidi Hajjaj et de Fès city shoes, contribueront à l’atteinte des objectifs du secteur au cours des années à venir. Ces zones dont certaines d’entre elles seront équipées de station d’épuration, permettront ainsi de mieux tenir compte des enjeux du développement durable et de la protection de l’environnement. Faudrait-il rappeler que le secteur qui comprend trois écosystèmes (cuir; maroquinerie et vêtements; tannerie et mégisserie), utilise la ressource hydrique et des produits chimiques pour le traitement et la transformation des peaux. ■
Par M. Diao
Le secteur du cuir a enregistré une légère progression des exportations entre 2015 et 2016 (+1%). En effet, selon les données de l’Office des changes, les ventes à l’étranger se sont chiffrées à un peu plus de 3,9 Mds de DH en 2016. La chaussure représente la plus grande partie des exportations, avec un chiffre d’affaires de 3 Mds de DH. Notons tout de même que cette faible croissance du secteur du cuir est à relier à la situation économique peu favorable des marchés traditionnels des entreprises marocaines au cours de l’année dernière. D’où l’intérêt de diversifier les débouchés pour les exportations. A noter que l’écosystème maroquinerie et vêtements, dont les principaux marchés ciblés cette année sont les Etats-Unis et l’Allemagne, a vu ses exportations progresser de 5% en 2016.